Douleurs de croissance : comment les soulager ?
Les douleurs de croissance apparaissent de façon irrégulière la nuit chez les enfants âgés de 3 à 5 ans. Mais sont-elles vraiment dues au fait de grandir ? Et comment les soulager ? Le point avec le Dr Sylvie Hubinois, pédiatre.
Votre enfant se réveille de temps en temps la nuit et pleure car "il a mal aux jambes" ? Il souffre probablement de ce qu'on appelle des "douleurs de croissance". Elles correspondent à des douleurs des membres inférieurs – souvent au niveau des genoux, des mollets ou devant les tibias, plus que dans les cuisses – qui surviennent pendant quelques semaine, de façon intermittente et "par crise". Comme pour les courbatures, elles se font ressentir la nuit, lorsque le corps de l'enfant se relâche. A partir de quel âge peuvent-elles apparaître ? A quoi sont-ce dues ? Comment les soulager et quand faut-il s'inquiéter ? Le Dr Sylvie Hubinois, pédiatre et présidente de l'AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire).
A quoi est-ce dû ?
"Les douleurs de croissance concernent surtout certains enfants de 3 à 8 ans, qui bougent beaucoup", pose d'emblée Sylvie Hubinois. "Après avoir joué, couru ou fait de l'exercice physique toute la journée, l'enfant peut ressentir des douleurs, plus ou moins intenses, pendant la nuit et pleurer". Mais alors, est-ce vraiment car l'enfant grandit ? "Grandir ne peut pas faire mal", rassure la pédiatre. S'il n'y a à ce jour aucune donnée scientifique aux sujets des "douleurs de croissance", une hypothèse pourrait expliquer l'apparition de ces douleurs. "Chez certains enfants qui bougent beaucoup, l'os grandirait un petit peu plus vite que les muscles et les tendons qui sont alors sous tension", explique l'experte. Les "douleurs de croissance" seraient donc dus à "un différentiel de croissance entre l'os, les muscles et les tendons", mais ne seraient donc pas directement liées à la croissance. Sinon, elles surviendraient pendant la croissance rapide, à savoir avant l'âge de 3 ans et à l'adolescence. Et alors qu'elles s'observent souvent la nuit après une journée active ou chez des enfants dynamiques, "les douleurs de croissance sont probablement en rapport avec une fatigue musculaire", précise le Dr. Hubinois.
Homéopathie, massage... Comment les soulager ?
Le fait de masser les genoux ou les mollets de l'enfant à l'aide d'une crème antalgique ou chauffante par exemple peut suffire à calmer la douleur et à ce que l'enfant puisse se rendormir. "Si les douleurs ne passent pas, vous pouvez lui donner un antalgique de type paracétamol", conseille la pédiatre. L'homéopathie peut également atténuer les douleurs : dans ce cas, demandez toujours l'avis d'un médecin ou d'un homéopathe qui pourra vous renseigner sur la formule et le dosage à prendre.
Quand s'inquiéter ?
"Surveillez les symptômes de votre enfant. Parfois, des examens complémentaires sont nécessaires"
Il faut savoir que les "douleurs de croissance" ne sont pas des douleurs chroniques : elles surviennent quelques temps par "crise" et disparaissent. Ainsi, "si les douleurs ne sont pas isolées, ne surviennent pas uniquement la nuit, sont répétées ou accompagnées d'autres symptômes comme le fait de boiter, d'être fatigué ou d'avoir de la fièvre, il faut absolument consulter", recommande le Dr Hubinois. "Le médecin ou le pédiatre va alors procéder à un examen clinique complet pour éliminer d'autres diagnostics nécesssitant un traitement et une prise en charge médicale spécifique. C'est-à-dire qu'il va vérifier tous les muscles et toutes les articulations afin d'écarter ou non la piste d'une pathologie organique sous-jacente". En effet, certaines maladies peuvent provoquer des douleurs aux jambes de manière répétée. Une douleur à la hanche peut par exemple se répercuter sur les genoux : l'enfant exprime alors une douleur au niveau des genoux, alors que l'examen clinique lui révèle une douleur à la hanche.
Par exemple, des douleurs au niveau des membres inférieurs pourraient être les signes d'une maladie plus sérieuse : dans ce cas, ces douleurs sont en règle différentes et continues (y compris la journée). Par ailleurs, si l'enfant éprouve une douleur qui l'empêche de marcher ou qui le fait boiter, il peut s'agir par exemple, d'un rhumatisme inflammatoire ou encore, d'une infection ostéo-articulaire, voire d'une pathologie plus sévère (il y aura alors d'autres signes de type fatigue, pâleur...). Et dans ces cas, des examens approfondis radiologiques, biologiques voire IRM ou scintigraphie, peuvent être nécessaires. Enfin, cela peut être la manifestation d'un traumatisme (responsable d'un fracture ou d'une entorse...) qui est jusque là passé inaperçu : "dans ce cas, les douleurs sont plus continues et surviennent en marchant par exemple, pendant la journée", précise l'experte. En somme, les "douleurs de croissance" ne sont pas inquiétantes, mais il faut se méfier si elles persistent et surviennent de manière répétée, en journée aussi et pas seulement la nuit et si elles deviennent chroniques. Il est donc important d'en parler à son médecin. De même, "si des douleurs au niveau des membres inférieurs apparaissent avant l'âge de 3 ans et après 8 ans, mieux vaut consulter", conclut la spécialiste.