Peur des araignées : origine, que faire ?
Nous serions près de 40 % à avoir peur des araignées. Pourquoi ? D'où vient cette peur ? Comment se manifeste-t-elle ? Comment la gérer au quotidien ? Réponses avec Evelyne Josse, psychologue clinicienne.
Quel est le nom de la peur des araignées ?
Il y a la petite peur, l'inconfort, le malaise. Et il y a aussi la phobie paralysante, j'ai nommé l'arachnophobie, soit la peur terrible des araignées. Peur de leur forme particulière, peur de la morsure, de leur venin.
D'où vient la peur des araignées ?
La peur des araignées serait innée, si l'on en croit les conclusions d'une étude publiée par des chercheurs allemands, autrichiens et suédois, dans la revue scientifique Frontiers in Psychology qui date de 2017. Ces chercheurs ont fait défiler des séries d'images devant des bébés de 6 mois pour étudier leur réaction. Des images de fleurs, de poissons, de serpents et d'araignées. Ils ont observé que les pupilles des bébés se dilataient davantage, en signe de stress, lorsque les photos présentaient des serpents et des araignées et en ont conclu que cette peur était innée. La psychologue explique : "quand nous sommes face à un danger, notre système sympathique s'active pour nous permettre de fuir ou de combattre. La dilatation de la pupille est un signe de cette réponse physiologique de stress. Nous avons donc, de façon innée, une sorte de détecteur qui nous permet de repérer certains dangers sans jamais y avoir été confrontés auparavant, et sans que personne ne nous ait appris à nous en méfier." Mais si nous naissons avec la peur innée des araignées, nous n'en sommes pas tous phobiques.
► Qu'est-ce qui explique l'arachnophobie ? Cela peut être dû à "la méconnaissance que l'on a du monde des araignées", poursuit la professionnelle. C'est vrai aussi plus généralement pour tout type d'insectes.
► L'origine de cette phobie peut aussi découler d'une expérience vécue comme très stressante ou comme dangereuse en rapport avec les araignées. Une piqûre par exemple ou alors "je me souviens d'une patiente qui avait été traumatisée par la vue d'une mygale dans une boîte d'entomologie vitrée ramenée par un de ses camarades de classe quand elle était enfant. Ça a été le déclencheur de sa phobie", décrit Evelyne Josse. "L'environnement familial et l'apprentissage jouent également un rôle important dans la transmission des phobies", continue la spécialiste. Les parents qui ont une phobie peuvent facilement la transmettre à leurs enfants.
► Le manque de contrôle est un dénominateur commun à de nombreuses phobies. Soit exactement le comportement des araignées, qui apparaissent sans qu'on s'y attende, circulent la nuit, se camouflent, sont imprévisibles…
► Enfin, la représentation que l'on a des araignées dans les films, les livres, explique ces phobies. "Elles sont souvent géantes, présentées comme méchantes ou dangereuses, dévorant les êtres humains, les observant d'un œil fourbe…", décrit la spécialiste.
L'hypnose, l'EMDR, les thérapies comportementales et cognitives fonctionnent bien contre l'arachnophobie
Comment se manifeste la peur des araignées ?
Quelqu'un qui a peur des araignées ressent généralement du dégoût et de l'appréhension. En revanche, quelqu'un qui a la phobie des araignées, a une réponse émotionnelle disproportionnée par rapport à la réalité. "Elle peut souffrir d'anxiété, de vertiges, de maux de tête, de nausées, de bouffées de chaleur, même s'évanouir", indique Evelyne Josse. Dans les cas les plus extrêmes, cette phobie peut même s'avérer très handicapante voire dangereuse: "certaines personnes refusent de pénétrer dans une pièce s'il y a une araignée, d'autres vont être complètement tétanisées", décrit la spécialiste. "Si l'araignée apparaît et que la personne phobique est au volant, ça peut être très dangereux", poursuit-elle.
Comment ne plus avoir peur des araignées ?
Il existe heureusement des solutions. "L'hypnose, l'EMDR, les thérapies comportementales et cognitives fonctionnent bien contre l'arachnophobie", précise Evelyne Josse qui va détricoter cette peur avec ces patients, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus paralysante. "C'est un cercle vicieux. Je vois une araignée, je panique, quelqu'un l'enlève, je suis apaisée. Mais du coup pour mon cerveau, si je ressens cet apaisement, c'est que j'avais de bonnes raisons d'avoir peur et donc je vais avoir de plus en plus peur à chaque confrontation", décrit-elle. "C'est pour cette raison que je ne conseille pas la thérapie basée sur la parole pour lutter contre une phobie", conclut-elle.
Merci à Evelyne Josse, psychologue clinicienne chargée de cours à l'Université de Lorraine (Metz).