Syndrome de Cotard : définition, symptômes, traitements
Décrit en 1880 par le neurologue français Jules Cotard, le syndrome de Cotard est une forme de dépression spécifique qui se manifeste par des idées délirantes en rapport avec la négation d'organe. Des traitements existent, de la prise de neuroleptiques et d'antidépresseurs à l'électro-convulsivothérapie.
Définition : qu'est-ce que le syndrome de Cotard ?
"Le syndrome de Cotard est une forme de dépression spécifique. Il s'agit d'un épisode dépressif majeur d'intensité sévère associé à des symptômes psychotiques, à savoir des idées délirantes dont la thématique est généralement la négation d'organes", explique le Dr Clara Brichant-Petitjean, psychiatre libérale à Paris. Celui qu'on appelle aussi le "délire des négations" est un syndrome neuropsychiatrique rare. "Il a été décrit pour la première fois par un neurologue français, Jules Cotard (1840-1889), dans un rapport de cas d'une femme de 43 ans, publié en 1880 dans les Annales Médico-Psychologique", écrit Marine Bodin dans "Le syndrome de Cotard, Revue de littérature et étude clinique."
Quels sont les symptômes ?
Le syndrome de Cotard est généralement caractérisé par trois symptômes principaux :
- La négation d'organe ;
- Les idées de damnation et de possession ;
- Les délires d'immortalité et d'énormité.
"Les patients sont sévèrement déprimés, à tel point qu'ils vont perdre contact avec la réalité et avoir des idées délirantes", explique le Dr Clara Brichant-Petitjean. "Ils vont s'imaginer que leurs organes ont pourri, ou qu'ils n'ont plus d'organes (les plaintes se situent souvent au niveau de la sphère digestive). Aux stades encore plus sévères, les patients peuvent même penser qu'ils sont déjà morts." Selon la gravité des cas et selon le profil du patient, d'autres symptômes peuvent apparaître, tels que les hallucinations par exemple. "Je me souviens d'une de mes patientes, atteinte de schizophrénie avec une note dépressive dans sa présentation. Lorsque son état s'est aggravé, elle a développé un syndrome de Cotard associé à des hallucinations : elle avait l'impression de sentir des choses bouger dans son corps, ses organes se décomposer ou disparaître, voir sa peau se putréfier. Elle m'avait dit être à plusieurs reprise être déjà décédée, comme une morte vivante", évoque Camille Pellerin, psychiatre.
Quelles sont les causes ?
"Un syndrome de Cotard peut apparaître dans le cadre de plusieurs pathologies : la schizophrénie, la démence, une dépression, des troubles anxieux…", explique Camille Pellerin. Elle rappelle à cette occasion que le syndrome de Cotard est "un syndrome et non une maladie." Il correspond davantage à une "présentation psychiatrique" avec des associations de signe qui ne sont pas forcément liés à une seule cause. Plus d'un siècle après sa découverte, il n'y a toujours pas d'origine connue avec certitude.
Comment faire le diagnostic ?
Le syndrome de Cotard survient sur contexte d'une autre pathologie psychiatrique. De nos jours, le diagnostic repose sur l'observation chez le patient de la présence d'idées délirantes de négation d'organes, du monde et/ou de se propre existence par le patient.
Est-il reconnu dans le DSM5 ?
Ce syndrome ne figure pas sous cette appellation comme un trouble particulier dans le DSM-5. Il reste cependant inventorié dans la Classification Internationale des Maladies dans son chapitre consacré aux "Troubles délirants."
Quel est le traitement ?
La prise en charge du syndrome de Cotard s'effectue sur trois tableaux :
- La prise de neuroleptiques et d'antidépresseurs ;
- L'électro-convulsivothérapie ;
- La prise en charge symptomatique, dont la prévention des risques suicidaires.
"Les traitements de choix sont les antidépresseurs", note le Dr Clara Brichant-Petitjean. "On prescrira soit des antidépresseurs de type inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline soit des tricycliques, mais qui ne sont pas dénués d'effets secondaires fréquents", poursuit-elle. Lorsque les antidépresseurs ne suffisent pas, il est possible d'ajouter un antipsychotique pour cibler le délire, voire d'avoir recours à l'électro-convulsivothérapie (ou sismothérapie). "On utilise aussi parfois, quand cela est possible, l'électro-convulsivothérapie (ou sismothérapie,) notamment lorsque le pronostic vital est engagé", indique le Dr Brichant-Petitjean. En effet, si la dépression évolue depuis longtemps, les patients peuvent arrêter de s'hydrater et de s'alimenter, ils restent allongés dans leur lit, sont peu mobiles, ce qui peut entraîner de nombreuses complications liées à l'alitement, comme des phlébites, des escarres... "Dans ces cas-là, on essaye de ne pas perdre de temps et de recourir à la sismothérapie en première intention, qui est souvent très efficace dans ce type d'indication", conclue-t-elle.
Merci au Dr Clara Brichant-Petitjean, psychiatre libérale à Paris et à Camille Pellerin, psychiatre.
Source : Marine Bodin. Le syndrome de Cotard. Revue de littérature et étude clinique. Médecine humaine et pathologie. 2018. ffdumas-01915526f