Antithyroïdien : action, indications, effets secondaires
Les antithyroïdiens permettent de réduire la production des hormones thyroïdiennes T3 et T4 en cas d'hyperthyroïdie. Mais quels sont ces médicaments et quand sont-ils prescrits ? Comment agissent-ils et quels sont leurs dangers ? Explications.
Définition : c'est quoi un antithyroïdien ?
Un antithyroïdien est une substance qui vise à réduire la production d'hormones sécrétées par la thyroïde (T3 et T4). Ces hormones régulent le métabolisme et sont indispensables à de nombreuses fonctions de l'organisme. Les antithyroïdiens permettent de stabiliser la production d'hormones thyroïdiennes en quelques semaines (1 à 4 mois en général). Ils peuvent être complétés par un traitement d'entretien. Ils peuvent également précéder un traitement par iode radioactif ou une chirurgie de la thyroïde (ou ablation).
Indications : quand prendre un antithyroïdien ?
Les antithyroïdiens sont indiqués dans le traitement de l'hyperthyroïdie, en complément d'un traitement visant à soulager les symptômes de l'hyperthyroïdie, d'iode radioactif ou d'une ablation de la thyroïde. Ils sont pour certains les médicaments de première intention dans la maladie de Basedow, maladie auto-immune de la thyroïde. Les antithyroïdiens sont également indiqués lors d'une hyperactivité de la thyroïde liée à des nodules, à un goitre ou à une surcharge d'iode.
Quel est le mode d'action d'un antithyroïdien ?
Les antithyroïdiens bloquent la synthèse des hormones thyroïdiennes en empêchant l'action d'une enzyme, la thyroperoxydase.
Les thiouraciles tels que le PTU (propylthiouracile) et le BTU à forte dose inhibent également l'enzyme désiodase de type 1 située au niveau du foie, des reins et de la thyroïde, ce qui diminue la transformation de T3 en T4 dans les tissus. Ils empêchent la pénétration de l'iode dans les cellules thyroïdiennes (thyrocytes) et entraînent une hypersécrétion de la TSH, hormone sécrétée par l'hypophyse et qui stimule la thyroide pour qu'elle sécrète les hormones thyroïdiennes. La dose prescrite des antithyroïdiens est dépendante des résultats des dosages sanguins de T3 et de T4, elle est donc strictement individuelle.
Nom commercial : quels sont les principaux médicaments antithyroïdiens ?
En France, 2 classes de médicaments antithyroïdiens sont disponibles : les dérivés imidazolés soufrés tels que le thiamazole (Thyrozol®) et le carbimazole (Néomercazole®) et les thiouraciles tels que le propylthiouracile (Propylex®) et le benzylthiouracile (Basdène®).
Quels sont les effets secondaires des antithyroïdiens ?
Les antithyroïdiens peuvent présenter les effets indésirables suivants :
- des démangeaisons,
- des éruptions cutanées,
- des douleurs articulaires et musculaires,
- des douleurs abdominales,
- des nausées,
- des vomissements,
- des altérations du goût,
- de la fièvre,
- des affections du foie,
- des atteintes rénales et pulmonaires,
- une baisse des globules blancs (neutropénie ou agranulocytose). Cet effet est rare et réversible à l'arrêt du traitement, mais peut être dangereux car le risque d'attraper des maladies infectieuses est important.
Quelles sont les contre-indications des antithyroïdiens ?
Les antithyroïdiens sont contre-indiqués en cas d'allergie à l'un des composants du médicament. Il existe des allergies croisées ente deux antithyroïdiens. Ils sont également contre-indiqués en cas de cancer de la thyroïde TSH dépendant, de maladies graves du sang ou de maladies du foie. Ils ne doivent pas être pris non plus en cas d'intolérance au galactose, en cas de déficit en lactase de Lapp ou de syndrome de malabsorption du glucose ou du galactose. Le PTU est aussi contre-indiqué en cas de vascularite et d'intolérance au fructose ou de déficit en sucrase/isomaltase. Le carbimazole et la thiamazole sont de plus contre-indiqués pendant l'allaitement, en cas de goitre, de cholestase (arrêt de l'écoulement de la bile) préexistante et d'antécédent de lésions de la moelle osseuse ou de pancréatite aiguë provoquées par ce médicament.
Quelles précautions d'emploi avec les antithyroïdiens ?
Pour surveiller la tolérance au traitement et éviter la survenue d'une agranulocytose (baisse importante des globules blancs) ou d'affections du foie, des analyses de sang (NFS, enzymes hépatique ou hémostase selon l'antithyroïdien concerné) sont à réaliser avant de débuter le traitement puis toutes les semaines (ou tous les 10 jours selon le médicament) pendant les 6 à 8 premières semaines de traitement. Cette surveillance peut ensuite être moins fréquente mais doit rester régulière. Afin d'évaluer l'efficacité du traitement, un dosage de la T4 libre est également à réaliser à 4 semaines ainsi qu'un dosage régulier (tous les 3-4 mois) de la T4 libre et de la TSH. De plus en cas de fièvre, d'angine ou de tout autre signe d'infection, de bleus, de saignements, d'ulcères buccaux, de malaises ainsi qu'en cas d'affection du foie, il faut immédiatement stopper le traitement, faire réaliser une prise de sang et avertir son médecin. Un surdosage en antithyroïdien peut entraîner une hypothyroïdie avec augmentation du volume (ou apparition) d'un goitre. Les femmes en âge de procréer et non enceintes doivent avoir une contraception efficace. Lors du premier trimestre de grossesse, il est fortement recommandé de privilégier le PTU au carbimazole ou au thiamazole en raison des risques malformatifs que ces-derniers sont susceptibles d'entraîner chez le bébé. Le PTU ne provoque pas de malformation. L'utilisation d'un antithyroïdien pendant la grossesse peut dans certains cas entraîner la formation d'un goitre ou une hypothyroïdie chez le bébé. Une surveillance du fœtus doit alors être mise en place. Il est recommandé de ne pas allaiter pendant le traitement. Si l'allaitement ne peut être évité, le PTU est à privilégier car il passe très peu dans le lait maternel (< 1%), contrairement aux autres médicaments. Les antithyroïdiens peuvent interagir avec certains médicaments. En cas de prise d'un anti vitamine K, l'INR doit être attentivement contrôlé du fait de la modification des taux d'hormones thyroïdiennes. Aussi, une augmentation de l'effet des antithyroïdiens peut survenir en cas d'association avec un sulfamide hypoglycémiant (antidiabétique), l'hydantoïne, l'iode ou l'iodure. Une surveillance accrue est de rigueur en cas de prise concomitante avec des médicaments susceptibles de faire baisser les globules blancs.