Médicaments qui augmentent les CDT : liste, symptômes
La CDT (transferrine carboxy déficiente) est un marqueur fiable d'alcoolisme chronique. Certains médicaments peuvent-ils augmenter le taux de CDT dans le sang ? Si oui lesquels ? Quels symptômes d'alerte et que faire ?
Certains médicaments peuvent-ils augmenter les CDT ?
La transferrine est une glycoprotéine produite par le foie et retrouvée dans le sang. C'est la protéine responsable du transport du fer. Elle se présente sous 8 formes différentes selon le nombre d'acides sialiques qu'elle contient (de 0 à 7). En cas de consommation régulière et excessive d'alcool, la forme hyposialylée ou désialylée de la transferrine, appelée CDT (pour l'abréviation anglo-saxonne de Carbohydrate Deficient Transferrin), augmente. La CDT est un marqueur fiable d'alcoolisme chronique. En effet, une consommation répétée de 50 à 80 g d'alcool pur par jour, soit 75 cl de vin, 1,5 L de bière ou 20 cl de liqueur, augmente le taux de CDT dans le sang. Toutefois, à l'inverse des gammaglutamyl-transférases (gamma GT), la CDT augmente seulement avec une consommation chronique d'alcool et avec un effet cumulatif, c'est-à-dire que sa concentration sanguine n'est pas proportionnelle à la quantité d'alcool ingérée dans la journée mais résulte des quantités consommées sur le long terme. Ce marqueur est particulièrement intéressant pour détecter des rechutes lors d'un sevrage et pour le suivi des patients en cours de désintoxication, car son taux diminue rapidement lors de l'arrêt des consommations. Si la CDT peut augmenter lors de certaines maladies comme une insuffisance hépatique sévère (cirrhose, hépatite) ou des anomalies génétiques, aucun médicament n'a en revanche d'influence sur son taux, contrairement aux gamma GT.
Quels médicaments éviter si on a un taux élevé de CDT ?
Les médicaments ne modifient pas le taux de la CDT. En cas de taux élevé de CDT et en dehors des faux positifs constatés lors de pathologie génétique ou de cirrhose, cela témoigne d'une consommation régulière et excessive d'alcool. En conséquence, la consommation de médicaments n'est pas conseillée voire interdite, car l'alcool modifie l'efficacité et le métabolisme des médicaments dans l'organisme, pouvant ainsi aggraver une pathologie, provoquer un surdosage ou augmenter les effets indésirables du traitement. De manière générale, la consommation d'alcool est à proscrire en cas d'utilisation de médicaments ayant des effets sédatifs, tels que :
- les somnifères
- les psychotropes
- les antidépresseurs
- les anxiolytiques
- les neuroleptiques
- les antiépileptiques
- les relaxants musculaires
- la morphine et ses dérivés
- le tramadol
- la codéine
- les antihistaminiques de première génération
Plus spécifiquement, les médicaments du diabète ne devraient pas être consommés avec de l'alcool au risque de provoquer des hypoglycémies pouvant mener à un coma.
La consommation d'alcool est à proscrire en cas d'utilisation de médicaments
De même les médicaments entraînant de l'hypotension ne sont pas compatibles avec l'alcool, tels que les traitements de l'hypertension, du Parkinson, des troubles érectiles, la trinitrine, etc. Les conséquences peuvent être des chutes. D'autres médicaments ne sont pas compatibles avec l'alcool car peuvent entraîner une toxicité hépatique. C'est le cas par exemple du paracétamol, du méthotrexate et de la duloxétine. Les anti-inflammatoires tels que l'ibuprofène, le kétoprofène ou encore l'aspirine peuvent donner des ulcères au niveau de l'estomac s'ils sont pris avec de l'alcool. D'autres médicaments peuvent se retrouver en surdosage avec des conséquences potentiellement graves en cas de consommation d'alcool, comme le lithium ou la digoxine. Une consommation excessive d'alcool sur le long terme (alcoolodépendance) peut entraîner des thromboses ou des AVC par diminution des effets anticoagulants des anti-vitamine K (AVK). Certaines plantes comme le kudzu ou des médicaments comme le disulfirame ou le métronidazole sont également incompatibles car peuvent donner des effets indésirables importants (effet antabuse). Enfin, la consommation de certains médicaments peut diminuer la dégradation de l'alcool par l'estomac et accélérer son passage dans le sang. C'est le cas de la dompéridone, du métoclopramide ou de l'érythromycine.
Toute exacerbation des effets indésirables d'un médicament doit constituer un signe de vigilance
Quels sont les symptômes d'alerte ?
En cas de CDT élevée et en dehors d'une maladie génétique ou d'une insuffisance hépatique sévère, cela signifie qu'il existe une consommation régulière et excessive d'alcool. Lors de la consommation de certains médicaments particulièrement incompatibles avec l'alcool, il est nécessaire d'être vigilent à tout signe de toxicité. Les symptômes d'intoxication, de surdosage ou d'interaction entre l'alcool et des médicaments peuvent être
- une somnolence
- une baisse de vigilance
- une hypoglycémie (voire un coma) chez les diabétiques
- une hypotension ou des chutes
- des ulcères d'estomac
- des signes d'atteintes hépatiques (selles pâles, troubles digestifs, jaunisse, faiblesse, fatigue, malaises)
- des signes d'ivresse inhabituel
- des symptômes vasculaires (phlébites, thromboses, AVC)
- des symptômes évoquant un effet antabuse (rougissements, bouffée vasomotrice, maux de tête, nausées, vomissements, tachycardie, difficultés respiratoires, sudation excessive, vertiges, étourdissements, vision floue, malaise, douleur thoracique, confusion mentale et troubles de la coordination).
Aussi, toute exacerbation des effets indésirables (parfois toxiques) des médicaments consommés doit constituer un signe de vigilance accrue en cas de consommation d'alcool.
Que faire en cas d'augmentation des CDT ?
Aucun médicament n'influe sur le taux de CDT et ne le fait augmenter. Une augmentation des CDT (hors cas de faux positifs liés à une insuffisance hépatique sévère ou une maladie génétique) témoigne d'une consommation chronique et excessive d'alcool. Il existe un médicament sur ordonnance indiqué dans le sevrage alcoolique, le Selincro®. Sur avis médical, ce traitement peut constituer chez certaines personnes une aide intéressante. Si la consommation d'alcool n'est pas stoppée (désintoxication, sevrage), il sera alors nécessaire d'adapter le choix et les posologies des médicaments ou de ne pas les prendre afin d'éviter une toxicité ou une interaction. C'est le médecin qui indiquera la conduite à tenir en fonction de la situation médicale. Il est donc très important d'informer le médecin de toute consommation régulière d'alcool lors de la prise de médicaments, quels qu'ils soient. La CDT diminue rapidement lors de l'arrêt des consommations d'alcool.