Androcur : c'est quoi, scandale, quel risque de méningiome ?

L'Androcur est un médicament hormonal qui augmente le risque de méningiome, une tumeur des méninges.

Androcur : c'est quoi, scandale, quel risque de méningiome ?
© SIPA (publiée le 12/11/2024)

Le médicament Androcur® fait scandale depuis quelques années car il peut augmenter le risque de méningiome, une tumeur se développant dans les méninges, au niveau du cerveau. Ce risque a été identifié par le laboratoire fabricant Bayer en 2004 et reconnu par l'Agence du médicament en France (ANSM) en 2009. "Aucune information n'a été communiquée aux professionnels de santé prescripteurs ni aux patientes à cette époque, exposant des milliers de femmes à de graves dangers" regrette l'association de victimes Amavea le 5 novembre 2024 dans un communiqué où elle annonce déposer plainte contre X et demander l'ouverture d'une information judiciaire sur la gestion des risques et des effets secondaires du médicament.

C'est quoi Androcur ?

Androcur® est un médicament hormonal commercialisé par le laboratoire Bayer depuis les années 1980. Il contient de l'acétate de cyprotérone, un dérivé de la progestérone. Il a une action antihormonale, en s'opposant à l'action des hormones androgènes, essentiellement la testostérone. Il a aussi un effet contraceptif. L'Androcur est uniquement autorisé : 

  • en cas de pilosité excessive (hirsutisme)
  • en cas de cancer de la prostate
  • en cas de paraphilie (les paraphilies consistent dans l'excitation sexuelle par des objets, des situations, et/ou des objectifs atypiques)

Il est aussi parfois prescrit en dehors de son autorisation de mise sur le marché (AMM) comme contraceptif, traitement contre l'acné ou dans les processus de transition de genre.

Quels dangers, risques de méningiome ?

L'acétate de cyprotérone, substance active d'Androcur® est surveillé depuis 2009 au niveau européen (Agence européenne des médicaments suite à un signalement émis par la France) à cause du risque d'apparition de méningiome lors de son utilisation. Il s'agit d'une tumeur, le plus souvent non cancéreuse, se développant à partir des membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière (les méninges). Il peut se traduire par différents symptômes tels que maux de tête fréquents, troubles de la vision, du langage, de la mémoire et de l'audition, nausées, vertiges, convulsions, perte de l'odorat, faiblesse, paralysie. Ce risque figure dans la notice du médicament depuis 2011. Une étude de l'Assurance maladie a montré que :

► Le risque de méningiome est multiplié par 7 quand le traitement dépasse 6 mois

►Le risque de méningiome est multiplié par 20 après 5 années de traitement.

Ces risques concernent l'Androcur et ses génériques.

Que faire si on prend Androcur ?

► Votre traitement doit être réévalué au minimum une fois par an, que vous le preniez depuis peu ou depuis plusieurs années.

► En complément, un suivi périodique par imagerie cérébrale (IRM) est à réaliser selon le schéma suivant : une IRM en début de traitement, à renouveler dans les 5 ans, puis tous les 2 ans tant que l'IRM est normale et que le traitement est poursuivi. Si votre médecin ne vous a pas encore prescrit d'examen par imagerie cérébrale (IRM), demandez-lui de vous en prescrire.

► Si l'IRM révèle la présence d'un méningiome, le médecin vous demandera d'arrêter définitivement votre traitement car il est contre-indiqué en cas de méningiome (et en cas d'antécédent de méningiome). Votre médecin vous orientera vers un neurochirurgien qui évaluera la prise en charge à adopter selon votre situation individuelle.

► Au-delà d'un an de traitement, votre médecin doit vous remettre chaque année une attestation d'information que vous devez compléter et signer ensemble. Pour obtenir votre médicament, cette attestation annuelle (ou une copie) est à présenter systématiquement à la pharmacie en plus de votre ordonnance.

► N'arrêtez pas votre traitement sans en parler à votre médecin. Celui-ci est en effet le mieux à même de juger de votre prise en charge et de la pertinence d'un arrêt de traitement en tenant compte de votre situation médicale personnelle dans son ensemble (bénéfice / risque individuel).

Si vous pensez avoir développé un effet indésirable en lien avec votre traitement, nous vous invitons à le déclarer directement sur le portail de signalement des évènements indésirables :  https://signalement.social-sante.gouv.fr

Quels sont les effets secondaires d'Androcur ?

► Chez la femme :

  • tension des seins
  • modification de la libido
  • troubles des règles (léger saignement entre les règles, arrêt des règles...).

► Chez l'homme : 

  • baisse de la production des spematozoïdes habituellement réversible à l'arrêt du traitement, pouvant entraîner une stérilité temporaire 
  • gynécomastie
  • impuissance
  • baisse de la libido
  • sueurs
  • bouffées de chaleur
  • anémie
  • perte osseuse en cas de traitement prolongé.

► Chez la femme comme chez l'homme :

  • variation de poids
  • essoufflement
  • jambes lourdes
  • migraine
  • maux de tête
  • éruption cutanée
  • fatigue
  • agitation
  • état dépressif.

► Rarement :

  • hépatite
  • accident thromboembolique
  • méningiome

Quelles sont les contre-indications d'Androcur ?

Androcur® ne doit pas être utilisé dans les cas suivants :

  • maladie grave du foie, certaines maladies rares responsables d'un excès de bilirubine dans le sang 
  • tuberculose ou détérioration de l'état général en lien avec une maladie grave 
  • accident thromboembolique (phlébite, embolie pulmonaire, infarctus du myocarde...) ancien ou survenant pendant le traitement 
  • dépression grave 
  • anémie falciforme 
  • en cas d'antécédent ou d'existence d'un méningiome,
  • antécédent d'herpès gestationis, de jaunisse ou de démangeaisons prolongées au cours de la grossesse (comprimé à 50 mg).
  • pour le traitement de l'acné, de l'hirsutisme modéré ou en cas de ménopause,
  • chez l'enfant et la femme ménopausée. 

Androcur est-il disponible avec ou sans ordonnance ? Quel prix ?

Androcur® n'est disponible que sur ordonnance médicale de liste I, qui ne peut ainsi être obtenu que sur présentation d'une ordonnance rédigée par un médecin, un chirurgien-dentiste ou une sage-femme. Les médicaments sur liste I (cadre rouge sur la boîte) ne peuvent être délivrés que pour la durée de traitement mentionnée sur l'ordonnance. Le médicament est vendu au prix de 9,50 euros la boîte (comprimés 50 mg) et remboursé à 30% par l'Assurance maladie.