Comment débute une sclérose en plaques ?
Les symptômes d'alerte sont plutôt parlants.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune qui affecte le cerveau et la moelle épinière. Elle touche quasiment 120 000 personnes en France, avec une prépondérance féminine (2/3 des patients sont des femmes). Elle est souvent diagnostiquée entre 25 et 35 ans "mais peut également être diagnostiquée un peu plus tard, après 50 ans, et dans ce cas, il y a autant d'hommes que de femmes touchés", nous précise le Pr Céline Louapre (Sorbonne Université, AP-HP), neurologue à l'hôpital Pitié-Salpêtrière et responsable du centre d'investigation clinique à l'Institut du Cerveau. Si on connaît cette maladie de nom, on ignore souvent comment elle se manifeste au quotidien et encore moins comment elle commence.
"Généralement, les symptômes d'alerte sont plutôt parlants et nets. Dans 85% des cas, la sclérose en plaques apparaît dans sa forme "classique" (forme "récurrente-rémittente") et entraîne des symptômes neurologiques qui surviennent par poussées de quelques semaines, entrecoupées par des épisodes de rémission plus ou moins longs. Lors des poussées, on peut avoir, en fonction de la localisation des lésions, un déficit moteur (faiblesse musculaire au niveau d'une jambe ou d'un bras...), un déficit sensitif (perte de sensation, fourmillements, picotements...), des troubles de l'équilibre, des difficultés à marcher, une vision double ou encore une baisse de vision d'un œil", décrit la neurologue. Une grande fatigue peut persister en dehors des poussées. A la différence d'un accident vasculaire cérébral (AVC) qui survient généralement très brutalement - quasiment "d'une seconde à l'autre" - les symptômes de la sclérose en plaques s'installent un peu plus lentement, en quelques jours.
Dans 15% des cas, la sclérose en plaques est dite de forme "progressive" : les symptômes apparaissent beaucoup plus lentement et plus insidieusement et vont plutôt s'aggraver petit à petit sur des mois voire des années. "Par exemple, on peut avoir un patient qui va constater une perte de force musculaire pendant son footing, puis au fil des mois, la faiblesse musculaire va s'intensifier de plus en plus, pendant la marche par exemple...", explique notre interlocutrice. La forme progressive est principalement observée chez des patients plus âgés (> 50 ans).
"Le diagnostic est facile et rapide"
Face à l'apparition de symptômes évocateurs d'une sclérose en plaques, le mieux est d'en parler à son médecin traitant qui sera dans un premier temps l'interlocuteur le plus approprié. L'examen clinique permettra d'en savoir un peu plus et d'orienter vers d'autres pistes (sciatique, problèmes moteurs...). Si une sclérose en plaques est suspectée, le patient devra passer une IRM voire une ponction lombaire pour analyser la constitution du liquide céphalo-rachidien. "On prescrit par ailleurs un bilan sanguin afin d'éliminer d'autres maladies et préparer la mise en place du traitement". Une fois le diagnostic posé, le patient est suivi par un neurologue. D'autres professionnels peuvent intervenir dans la prise en charge comme un psychologue, un médecin rééducateur, un kinésithérapeute, un ergothérapeute... La France dispose également de centres experts pour la SEP installés au sein des centres hospitaliers universitaires ainsi que des Centres de Référence des Maladies Inflammatoires Rares du Cerveau et de la Moelle (MIRCEM).
C'est une maladie "dont le diagnostic est habituellement facile et rapide" et que les médecins connaissent très bien. Une étude à paraître a montré une grande stabilité dans l'épidémiologie de la maladie (l'incidence n'a quasiment pas bougé en 10 ans) et dans l'évolution de la maladie. Des progrès thérapeutiques importants ont eu lieu ces 20 dernières années, ce qui est plutôt rassurant.