Qu'est-ce qui donne du cholestérol ?
L'alimentation n'est pas la seule responsable d'un taux de cholestérol élevé. Le point avec un médecin vasculaire.
Le cholestérol est un lipide indispensable à l'organisme. Il entre dans la composition des membranes cellulaires et dans la fabrication de certaines hormones à l'instar du cortisol, ou encore dans la synthèse de la vitamine D. Le corps répond à ses besoins en cholestérol en puisant ce lipide dans l'alimentation et en le faisant fabriquer par le foie. Si cette graisse est utile, sa présence en excès peut devenir problématique. C'est le cas précisément lorsque le sang présente trop de "mauvais cholestérol".
Trop de mauvais cholestérol accroît les risques cardiovasculaires
Pour mieux comprendre, il faut savoir que le cholestérol est transporté dans le sang par deux protéines appelées lipoprotéines : la lipoprotéine de haute densité ou HDL-cholestérol (High Density Lipoprotein) et la lipoprotéine de faible densité ou LDL-cholesterol (Low density Lipoprotein). Le premier type, le HDL-cholesterol est considéré comme le "bon cholestérol". Il joue un rôle protecteur contre les maladies cardiovasculaires. Tel un "éboueur", il collecte le cholestérol en excès dans les vaisseaux sanguins et le transporte jusqu'au foie qui l'élimine. Le second, le LDL-cholesterol est taxé de "mauvais cholestérol". Lorsqu'il est en excès, il s'infiltre dans la paroi des artères et contribue à la formation de plaques d'athérome (dépôt de gras sur la paroi des artères) et donne de l'athérosclérose, une maladie des artères à risque de complications cardiovasculaires (infarctus, AVC ischémique). En résumé, les personnes qui ont trop de cholestérol (hypercholestérolémie) présentent le plus souvent une concentration excessive de mauvais cholestérol (LDL-cholesterol) dans leur sang.
Les principales causes d'un excès de cholestérol
Dans la plupart des cas l'hypercholestérolémie, cet excès de cholestérol dans le sang, résulte de mauvaises habitudes alimentaires. "L'hypercholestérolémie banale est liée à une alimentation trop riche en cholestérol et en acides gras saturés chez un organisme qui a du mal à assimiler ces excès", nous explique le Dr Jean-François Renucci, médecin vasculaire à l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (APHM La Timone) et ambassadeur d'Agir pour le Cœur des Femmes. Au fil du temps, les lipides stockés en abondance peuvent finir par encombrer le foie et le rendre malade : c'est la stéatose hépatique "ou maladie du foie gras". La surconsommation de certains aliments est particulièrement incriminée dans cette élévation du cholestérol, à savoir : "le jaune d'œuf, les charcuteries (pâté de foie, rillettes, etc), la viande rouge, les fromages, le beurre, la crème, le lait entier, etc".
L'hypercholestérolémie peut aussi avoir une cause génétique : c'est l'hypercholestérolémie familiale (HF). "La forme génétique de l'hypercholestérolémie reste rare, elle représente un cas sur 250", pointe le médecin vasculaire. Cette prédisposition génétique se traduit par une élévation du taux de cholestérol parfois dès la naissance et expose à un risque cardiovasculaire accru. Dans le cas d'une HF, un cholestérol élevé est lié à un excès majeur de fabrication de celui-ci par le foie en raison d'un gène défectueux. "Normalement un tiers du cholestérol présent dans l'organisme est apporté par l'alimentation et les deux tiers restants sont apportés par le foie. Mais chez les personnes atteintes d'hypercholestérolémie, non, le ratio n'est plus du tout le même : l'alimentation apporte 20% du cholestérol tandis que le foie en produit 80%", détaille le Dr Jean-François Renucci. En présence d'une hypercholestérolémie familiale, certains récepteurs présents sur le foie chargés d'attraper le cholestérol se mettent à dysfonctionner et ne parviennent plus à éliminer le cholestérol qui s'accumule.
"L'hypercholestérolémie induite par les traitements médicamenteux reste rare"
L'excès de cholestérol peut aussi être dû à la prise de certains médicaments comme les antirétroviraux (dans le traitement du VIH), certains bêtabloquants (dans le traitement de hypertension artérielle) ou encore certains diurétiques. "L'hypercholestérolémie induite par les traitements médicamenteux reste rare", précise le Dr Renucci. Un manque d'hormones thyroïdiennes (hypothyroïdie) peut aussi provoquer une élévation du cholestérol dans le sang. Chez les personnes atteintes d'hypothyroïdie, la glande thyroïde est incapable de produire suffisamment d'hormones thyroïdiennes. Ce dérèglement occasionne des désordres métaboliques et augmente le taux de mauvais cholestérol sanguin, et par ricochets, accroît le risque cardiovasculaire (risque d'athérome). "C'est en traitant cette hypothyroïdie que l'on va réussir à normaliser le taux de cholestérol dans l'organisme", souligne l'expert.
Le surpoids, un faux coupable
Contrairement à une idée communément admise, le poids n'est pas corrélé à l'élévation du cholestérol, rectifie notre spécialiste. "L'hypercholestérolémie est indépendante du poids, rectifie notre expert. Certains patients obèses peuvent ne pas avoir de cholestérol tandis que des personnes squelettiques en avoir." Si une surcharge pondérale n'a pas forcément d'influence sur le cholestérol, en revanche, elle peut faire grimper le taux de triglycérides, une autre forme de lipide moins délétère pour la santé cardiovasculaire.
Que faire en cas d'hypercholestérolémie ?
En cas de cholestérol élevé, il est possible d'agir sur deux leviers que sont l'alimentation et les traitements médicamenteux. "Si on a une petite hypercholestérolémie, c'est-à-dire que l'excès de cholestérol n'est pas important, les mesures diététiques qui consistent à réduire ses apports en cholestérol (en limitant les aliments riches en cholestérol) dans son alimentation seront privilégiées. Si au bout de trois à six mois, les chiffres du cholestérol restent trop élevés, des traitements médicamenteux pourront être proposés." Les plus classiques ? "Les statines, qui constituent le traitement de première intention sur les formes d'hypercholestérolémie courantes." Si celles-ci ne marchent pas bien, notamment en cas d'hypercholestérolémie familiale ou si on présente une complication cardiovasculaire, d'autres solutions seront envisagées comme les traitements inhibiteurs de PCSK9, des injections sous-cutanées qui réduisent le mauvais cholestérol.
Merci au Dr Jean-François Renucci, médecin vasculaire à l'APHM (La Timone) et ambassadeur d'Agir pour le Cœur des Femmes.