"Trop de fer tue" : les 7 signes d'alerte de l'hémochromatose

"L'hémochromatose tue sans prévenir car la plupart des personnes frappées ignoraient qu'elles étaient atteintes."

"Trop de fer tue" : les 7 signes d'alerte de l'hémochromatose
© Graphicroyalty - stock.adobe.com

On parle souvent des carences en fer, beaucoup moins du phénomène inverse : la surcharge en fer, appelée médicalement l'hémochromatose. Cet excès de fer qui s'accumule petit à petit dans l'organisme sans pouvoir être évacué, se dépose au niveau de différents organes pouvant entraîner des problèmes de santé. Cette maladie est mortelle : plus de 200 000 personnes sont touchées en France et plus de 2 000 hommes et femmes en meurent chaque année (3 fois plus d'hommes que de femmes (les pertes sanguines régulières dues aux règles protègeraient les femmes en faisant baisser le stock de fer)). Bien que cette maladie génétique soit la plus fréquente en France, ce tueur silencieux reste mal connu, notamment à cause de symptômes peu spécifiques et très variables, souvent responsables d'un diagnostic tardif. "L'hémochromatose tue sans prévenir, car la plupart des personnes frappées ignoraient qu'elles étaient atteintes, alors que cette maladie génétique est très facile à dépister" écrit le Dr Michel Lenois, médecin généraliste dans son livre Hémochromatose : quand trop de fer tue (éd. Mosaïque Santé). Sans que l'on puisse l'expliquer, certaines personnes ne présentent aucun trouble, tandis que d'autres ont des symptômes plus ou moins sévères.

Une hausse des transaminases

Quand il est en excès, le fer est stocké en grandes quantités dans le foie, que l'on peut d'ailleurs quantifier au moyen d'une IRM. "La conséquence la plus fréquente d'un excès de fer dans le foie est une hépatomégalie, c'est-à-dire une augmentation de volume du foie. Généralement modérée, elle peut être isolée ou s'accompagner d'anomalies sanguines, en particulier une augmentation d'une enzyme présente dans les cellules du foie qu'on appelle la transaminase ALAT", explique le Dr Lenois. La principale complication est la cirrhose (possible même sans abus d'alcool) qui peut, à terme, évoluer en cancer du foie.

schema-douleur-main-hemochromatose
Douleurs typiques au niveau de la main © Livre Hémochromatose - Dr Lenois

Une "poignée de main" douloureuse

L'atteinte articulaire est fréquente en cas d'hémochromatose. Elle se traduit souvent par des douleurs aux articulations (arthralgies) qui s'accompagnent parfois d'une inflammation : dans ce cas, l'articulation est gonflée, chaude et beaucoup plus douloureuse. "Toutes les articulations peuvent être touchées, mais les atteintes les plus fréquentes sont celles des hanches et des mains [....] avec des douleurs généralement ressenties au niveau des articulations de la base des premières phalanges de l'index et du majeur (articulations métacarpo-phalangiennes). Pour ces mêmes doigts, il y a également une douleur au niveau des articulations entre les deux premières phalanges", décrit le médecin. Cette douleur est surtout réveillée par la pression, par exemple au moment du serrage de main.

Un teint grisâtre

Le symptôme de l'hémochromatose le plus remarquable est l'apparition d'une coloration de la peau dans les tons gris, ou plus rarement brunâtres. On parle de mélanodermie, qui est surtout marquée sur les zones découvertes (visage, cou, avant-bras), ainsi que sur les organes génitaux et au niveau des cicatrices. Elle peut aussi provoquer un amincissement de la peau, ainsi que la perte des poils pubiens et des cheveux.

Un essoufflement au moindre effort

Le fer qui s'accumule dans le muscle cardiaque peut provoquer une insuffisance cardiaque, traduite par une fatigue permanente (asthénie) et un essoufflement à l'effort. Cela peut également "provoquer des troubles de la conduction électrique dans le cœur, qui se traduisent par des battements cardiaques très rapides et souvent anarchiques (fibrillation auriculaire ou atriale). Non traitée, cette fibrillation entraîne un risque important d'AVC", alerte l'expert.

Une soif importante

"L'accumulation de fer au niveau du pancréas entraîne la destruction des cellules produisant l'insuline, ce qui va se traduire par un diabète de type 1, par opposition au diabète de type 2, dû à un autre mécanisme (une mauvaise utilisation de l'insuline par les cellules de l'organisme)", explique le Dr Lenois. Le diabète dû à l'hémochromatose se traduit par une soif importante, l'émission d'urines abondantes et souvent une perte de poids. Le traitement du diabète de type 1 nécessite l'administration d'insuline afin de remplacer celle qui n'est plus produite.

La disparition des règles chez la femme

Du fer en excès peut aussi se déposer au niveau de l'hypophyse, dont les sécrétions contrôlent la quasi-totalité des autres glandes de l'organisme. Cela peut ainsi perturber leur fonctionnement et avoir des répercussions sur les ovaires et, plus rarement, sur la thyroïde. "Chez la femme, on peut observer une disparition des règles, voire une ménopause précoce (avant l'âge de 40 ans), entraînant une fragilité osseuse (ostéoporose) avec un risque de fracture, en particulier au niveau des vertèbres, du poignet et de la hanche", liste le médecin généraliste. 

Une baisse du désir chez l'homme

L'accumulation de fer peut provoquer une baisse significative de la sécrétion de testostérone, la principale hormone mâle. Cela se traduira par une baisse du désir sexuel, une atrophie des testicules et des difficultés à avoir une érection.

La règle des 3 A doit alerter : selon le médecin, il faut consulter lorsqu'une personne présente simultanément les trois problèmes suivants : Asthénie + Athralgies (douleurs articulaires) + ALAT augmentée, une triade très évocatrice d'une hémochromatose et qui doit faire pratiquer des examens.