Méningite à méningocoque B : cas en France, quel danger ?

La France est frappée par une recrudescence des infections à méningocoque, notamment en Alsace et en Auvergne-Rhône-Alpes. Souvent bénignes, ces infections peuvent entraîner des méningites ou des septicémies, potentiellement mortelles. Il existe un vaccin pour s'en protéger...

Méningite à méningocoque B : cas en France, quel danger ?
© rabusta - 123RF

Après plus de 2 années de faible incidence, une recrudescence des infections invasives à méningocoque (des cas liés à un nouveau variant de méningocoque B) a été observée au cours de la saison 2022-2023, rapporte Santé publique France dans un communiqué du 20 avril 2023 : des cas au printemps 2023 dans l'Est lyonnais (chez des jeunes adultes âgés de 16 à 21 ans), 6 cas en Alsace en janvier 2023, selon l'ARS Grand Est et d'autres cas survenus à Chambéry en avril 2022. Le méningocoque B est une bactérie que l'on peut trouver dans la gorge, et parfois dans le nez, de nombreuses personnes dites "porteuses du méningocoque", particulièrement les nourrissons et les jeunes enfants. La plupart du temps, cette bactérie n'entraîne pas de symptômes ou est responsable de symptômes bénins. Mais parfois, elle peut provoquer des maladies graves comme une méningite ou une septicémie, potentiellement mortelles. Par ailleurs, en Comment s'attrape cette bactérie ? Quels sont les symptômes ? Existe-t-il un vaccin pour s'en protéger ? Est-il obligatoire chez le bébé ?

Définition : c'est quoi le méningocoque B ?

Le méningocoque B est une bactérie que l'on trouve fréquemment dans la gorge et parfois dans le nez de plusieurs personnes. "Une bactérie qui est retrouvée chez 5 à 50% de la population selon l'âge au niveau du rhinopharynx", précise le Dr Belenotti, médecin interniste contacté par le Journal des Femmes en février 2021. Dans la plupart des cas, le méningocoque B est asymptomatique et n'entraîne pas de maladies particulières. Mais parfois, il peut déclencher une maladie grave appelée infection invasive à méningocoque avec pour complications une méningite ou une septicémie, qui sont potentiellement mortelles ou qui peuvent laisser d'importantes séquelles. La méningite survient lorsque le méningocoque infecte le liquide et les membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière. La septicémie à méningocoque (dont la forme la plus grave est le purpura fulminans) est une infection généralisée du sang et de différents organes, qui survient lorsque le méningocoque se dissémine dans l'ensemble de l'organisme. La vaccination est le seul moyen efficace pour prévenir le méningocoque B et ses complications. 

Quel est le nombre de cas d'infections à méningocoque en France ?

En France, les infections graves à méningocoques touchent environ 600 personnes par an (deux tiers de méningites, un tiers de septicémies). Mais lors de la saison 2022-2023, une recrudescence de cas a été observée : 

► En Alsace, entre novembre 2022 et janvier 2023 : 6 cas d'infection invasive à méningocoque du groupe B liés à la même souche bactérienne sont survenus en Alsace, a annoncé l'ARS Grand Est dans un communiquéCinq résident dans l'agglomération de Strasbourg et 1 cas dans la ville de Colmar.

En Auvergne-Rhône-Alpes depuis septembre 2021 : 17 cas d'IIM liés à ce nouveau variant de méningocoque B dont des cas en avril 2022 autour de Chambéry et des cas récents dans l'Est Lyonnais en 2023. Les 10 communes les plus touchées sont : en Isère : Villette-d'Anthon, Janneyrias, Anthon, Chavanoz, Charvieu-Chavagneux, Pont-de-Chéruy, Tignieu-Jameyzieu, Saint-Romain-de-Jalionas, Leyrieu et dans le Rhône : Pusignan. La vaccination fortement recommandée pour les enfants âgés de 0-2 ans et les jeunes de 16-24 ans de 90 communes de l'Est lyonnais (liste sur le site de l'ARS). Dans le cadre de cette campagne, le vaccin fait l'objet d'un remboursement à 100 % (65 % Assurance maladie et 35 % mutuelle) lors de l'achat en pharmacie. 

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Nombre de cas d’infections invasives à méningocoque par mois et par saison © Santé publique France

Le rebond des IIM n'est pas un phénomène inattendu après deux années de faible circulation des méningocoques. Deux hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cette recrudescence marquée des IIM, rapporte Santé publique France dans son communiqué du 20 avril 2023 :

  • Un risque d'infection plus élevé qui résulte d'une immunité diminuée dans la population ayant été moins exposée aux méningocoques entre 2020 et 2022 (gestes barrières, distanciation) 
  • Une saison plus marquée en lien avec l'ampleur des épidémies d'infections virales saisonnières en 2022/23, en particulier les infections par le virus de la grippe, qui peuvent entrainer un risque d'infection invasive bactérienne (méningocoques, streptocoques).

L'infection invasive à méningocoque est une maladie à déclaration obligatoire en France. Les professionnels de santé doivent informer les Agences régionales de Santé, chargées de mettre en place les mesures de gestion nécessaires.

Transmission : comment s'attrape le méningocoque B ?

La transmission est interhumaine c'est-à-dire d'humain à humain, rapporte le ministère de la Santé. La contamination au méningocoque B peut se produire par des contacts proches (moins de 1 mètre) et prolongés avec une personne qui est porteuse de la bactérie (que ce soit un porteur sain ou une personne malade), par voie aérienne ou par la salive, par exemple par la toux ou les postillons (gouttelettes de salive). Cette bactérie ne survit pas dans le milieu extérieur, ni sur les objets, ni sur les surfaces.

Schéma d'une méningite à méningocoque
Schéma d'une méningite à méningocoque © ellepigrafica - stock.adobe.com / Journal des Femmes

A quel âge s'attrape-t-elle ?

Les personnes les plus touchées par le méningocoque B sont les enfants de moins d'un an, les enfants entre 1 et 4 ans et les jeunes adultes non protégés de 15 à 24 ans.

Quels sont les symptômes du méningocoque B ?

Le plus souvent, les méningocoques n'entraînent pas de maladies particulières. Mais dans certains cas, ils peuvent entraîner une infection invasive à méningocoque B qui se manifeste le plus souvent par :

  • Une fièvre
  • Des maux de tête importants
  • Des vomissements
  • Un purpura : tâches rouges et violacées pouvant apparaître et grossir très rapidement (leur caractéristique : elles ne s'effacent ou ne disparaissent pas lorsqu'on appuie dessus)
  • Parfois, des troubles de la conscience
  • Un visage pâle voire gris
  • Une diarrhée
  • Une intolérance au bruit ou à la lumière
  • Une raideur de la nuque
  • Des fortes courbatures
  • Une grande fatigue
  • Une importante somnolence
  • Des paralysies oculaires
  • Des convulsions

Quand faut-il consulter ?

La conduite à tenir est de contacter son médecin traitant en cas d'apparition de signes cités ci-dessus. Il est urgent de contacter les Urgences (15) en cas de fièvre très élevée mal tolérée ou de l'apparition rapide d'un purpura, signe que l'infection s'est disséminée dans le corps. 

Qui sont les personnes les plus à risque ?

  • Les personnes immunodéprimées.
  • Les personnes ayant été en contact étroit avec une personne présentant une infection invasive à méningocoque.
  • Les personnels de laboratoire de recherche travaillant sur le méningocoque.
  • Les voyageurs, dans certaines conditions (voir avec son médecin).
  • L'entourage de ces personnes à risque.

Quel est le traitement de l'infection invasive à méningocoque B ?

Selon l'Institut Pasteur, la gravité et le risque d'évolution rapide des infections invasives à méningocoques nécessite la mise en place très rapide d'un traitement antibiotique. Il s'effectue par voie intraveineuse et doit être habituellement pris pendant 4 à 7 jours. En France, on utilise en première intention les céphalosporines de 3e génération (cefotaxime, ceftriaxone)

Quel est le vaccin contre le méningocoque B ?

Le vaccin principalement utilisé pour la vaccination en France est Bexsero® du laboratoire GSK Vaccines, le premier vaccin anti-méningococcique ciblant des souches pathogènes du sérogroupe B à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, en janvier 2013, indique la Haute Autorité de Santé (HAS). Il est indiqué chez les personnes âgées de 2 mois et plus et il est remboursé à hauteur de 65% par l'Assurance Maladie dans le cadre des recommandations, puis par les mutuelles. Il s'agit d'un vaccin composé de plusieurs antigènes se trouvant à la surface de la bactérie, ce qui va entraîner la production d'anticorps protecteurs contre les infections invasives à méningocoque B.

En France, la vaccination contre les infections à méningocoque de type B n'est pas obligatoire, mais recommandée (contrairement au vaccin contre le méningocoque C qui lui est obligatoire). En juin 2021,  la HAS recommande de vacciner tous les nourrissons, qui constituent la classe d'âge la plus vulnérable à ces infections invasives à méningocoques B, en utilisant BEXSERO® selon le schéma de l'AMM (première dose à l'âge de 3 mois, deuxième dose à l'âge de 5 mois et une dose de rappel à l'âge de 12 mois). A savoir qu'un deuxième vaccin - TRUMENBA® - dispose d'une autorisation de mise sur le marché, mais celui-ci n'est indiqué que pour les enfants à partir de l'âge de 10 ans et dans la prévention contre les maladies invasives méningococciques causées par Neisseria meningitidis de sérogroupe B. 

► Le 1er février 2023, l'ARS a mis fin à la campagne de vaccination dans le secteur de Chambéry, aucun cas lié à ce variant n'ayant été détecté dans cette zone depuis avril 2022. En revanche, la campagne est toujours en cours dans l'Est lyonnais : la survenue de cas récents laisse penser que la souche est toujours active dans ce secteur. La vaccination reste fortement recommandée pour les enfants âgés de 0-2 ans et les jeunes de 16-24 ans de 90 communes de l'Est lyonnais . Dans ces communes, deux populations à risque accru d'IIM B ont été identifiées :

  • Les jeunes de 16-24 ans qui résident ou fréquentent occasionnellement ces communes (domicile, emploi, études, sorties) ;
  • Les enfants de 0-2 ans : le nouveau variant pouvant également être transmis à cette tranche d'âge et cette vaccination étant intégrée au calendrier vaccinal depuis 2022.

Sources :

- Nouveau variant de méningocoque B dans l'Est lyonnais: La vaccination toujours vivement recommandée auprès des 0-2 ans et des 16-24 ans, Agence régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes

- Situation épidémiologique des infections invasives à méningocoque en France. Point au 31 mars 2023, Santé publique France

- Site de l'Institut Pasteur

- Ministère de la Santé

- ARS Grand Est.