SHU : c'est quoi le syndrome hémolytique et urémique ?

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une grave complication d'une infection par la bactérie Escherichia coli (E. coli). Le risque de séquelles à long terme est important, notamment pour les reins. Le décès est possible.

SHU : c'est quoi le syndrome hémolytique et urémique ?
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Le SHU est une maladie infectieuse rare en France mais grave qui survient après une infection par une bactérie Escherichia Coli (E.coli), dans 5 à 8% des cas. Ces bactéries produisent alors des toxines, appelées les Shiga-toxines, qui affectent le rein. Le SHU impose une consultation immédiate d'un médecin en cas de symptômes évocateurs. Chaque année, environ 160 enfants sont atteints de SHU en France. Définition et conseils.

C'est quoi le syndrome hémolytique et urémique ?

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une complication infectieuse le plus souvent d'origine alimentaire, rare en France, mais grave. On parle de syndrome "Hémolytique" car cela signifie qu'il y a "une destruction des globules rouges du sang" (responsable d'une anémie et d'une baisse des plaquettes) et "Urémique" car il y a de l'urée dans le sang. L'urée est un déchet du corps éliminé par les reins dans les urines. L'augmentation de l'urée dans le sang et d'autres déchets comme la créatinine traduit une insuffisance rénale. Ce syndrome est le plus souvent causé par des bactéries Escherichia coli productrices de Shiga-toxines. Ces bactéries sont éliminées par les selles et peuvent contaminer l'environnement (eau, fumier, sol) et les aliments. Elles supportent bien le froid (survie de plusieurs jours dans un réfrigérateur) mais pas la cuisson. 

Quels sont les symptômes d'alerte d'un SHU ?

Une infection par la bactérie E. coli se manifeste par de la diarrhée souvent accompagnée de sang, des douleurs abdominales et parfois de vomissements qui peuvent évoluer, après une semaine environ vers une forme sévère de l'infection. Les principales caractéristiques du SHU sont une anémie hémolytique (grande fatigue, pâleur), une thrombopénie (baisse des plaquettes) et une insuffisance rénale aiguë (diminution du volume des urines, urines plus foncées parfois), parfois des convulsions.

Quels sont les symptômes du SHU pédiatrique ?

Chaque année, environ 160 enfants atteints de SHU sont notifiés à Santé publique France qui a mis en place un dispositif de surveillance de cette maladie depuis 1996. D'après l'avis de l'Anses (2015) :

  • Les enfants de 0 à 5 ans auraient une sensibilité entre 10 et 110 fois plus élevée que la population générale pour le SHU.
  • Les enfants de 6 à 10 ans auraient une sensibilité entre 6 et 16 fois plus élevée que la population générale pour le SHU.
  • Les enfants de 11 à 14 ans auraient une sensibilité 3 fois plus élevée que la population générale pour le SHU.

Chez l'enfant, ce syndrome est le plus souvent causé par une infection avec une bactérie appartenant à la famille des E. coli. Cette dernière se manifeste dans les 3-4 jours après la contamination (10 jours maximum) par de la diarrhée souvent accompagnée de sang, des douleurs abdominales et parfois de vomissements qui peuvent évoluer, après une semaine environ vers une forme sévère de l'infection (le SHU) chez environ 10 % des enfants. Le jeune enfant présente alors des signes de grande fatigue, de pâleur, une diminution du volume des urines, qui deviennent plus foncées, et parfois des convulsions.  Il faut consulter immédiatement un médecin en cas de symptômes évocateurs. La prise en charge à l'hôpital peut comporter, entre autres, des transfusions sanguines et/ou des dialysesLa plupart des enfants se rétablissent du SHU post diarrhéique. . La létalité du SHU chez l'enfant âgé de moins de 15 ans est de 1 % en France.

Comment faire le diagnostic du SHU ?

Le diagnostic est confirmé par une prise de sang et une analyse d'urines. Les bactéries en cause sont recherchées par une analyse des selles dans un laboratoire spécialisé.

Quels sont les traitements du SHU ?

Le SHU secondaire à une infection à Escherichia coli producteurs de Shiga-toxines impose une prise en charge hospitalière, qui repose principalement sur le traitement des symptômes. Les formes sévères peuvent nécessiter un traitement par dialyse et/ou transfusion sanguine au sein d'un service de réanimation.

A RETENIR

  • Ne pas donner de lait cru et de fromages à base de lait cru aux enfants, surtout avant 5 ans.
  • Consommer la viande hachée par le boucher à la demande dans la journée.
  • Cuire la viande, surtout la viande hachée de bœuf, à cœur (elle ne doit plus être rosée). 
  • Laver les fruits et légumes surtout s'ils sont consommés crus.

Comment éviter le syndrome hémolytique et urémique ?

Les Escherichia coli responsables du SHU sont présentes dans les intestins de nombreux animaux ruminants (vaches, veaux, chèvres, moutons, daims, etc.) et sont éliminées par les excréments qui peuvent alors contaminer l'environnement (eaux, fumiers, sols) et les aliments. Ces bactéries supportent bien le froid (survie dans un réfrigérateur ou congélateur), mais sont détruites par la cuisson. Pour éviter la transmission de ces bactéries et l'aggravation vers un SHU, il faut appliquer les gestes suivants (surtout chez les moins de 16 ans et les personnes âgées) :

  • Le lavage des mains doit être systématique avant la préparation des repas ;
  • les viandes, et surtout la viande hachée de bœuf, mais aussi les préparations à base de viande hachée, doivent être bien cuites à cœur (et non pas rosées à cœur) ;
  • le lait cru, les fromages à base de lait cru et les produits laitiers fabriqués à partir de lait cru ne doivent pas être consommés par les enfants de moins de 5 ans ; préférer les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté, gruyère, Beaufort), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé ;
  • les préparations à base de farine (pizza/pâte à cookies/gâteau/à tarte…) ne doivent pas être consommées crues ou peu cuites ;
  • les légumes, la salade, les fruits et les herbes aromatiques, en particulier ceux qui vont être consommés crus doivent être soigneusement lavés avant consommation, après épluchage le cas échéant ;
  •  les aliments crus doivent être conservés séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés ;
  • les plats cuisinés et les restes alimentaires doivent être rapidement mis au réfrigérateur et suffisamment réchauffés et consommés rapidement ;
  • les ustensiles de cuisine (surtout lorsqu'ils ont été en contact préalablement avec des aliments crus), ainsi que les plans de travail, doivent être soigneusement lavés ;
  • les enfants ne doivent pas boire d'eau non traitée (eau de puits, torrent, etc.) et éviter d'en avaler lors de baignades (lac, étang, etc.) ;
  • enfin, il faut éviter le contact des très jeunes enfants (moins de 5 ans) avec les vaches, veaux, moutons, chèvres, daims, etc., et leur environnement ; en cas de contact avec ces animaux le lavage des mains doit être systématique.

"Le risque de séquelles à long terme est important"

Quel risque de complications ?

Le SHU secondaire à une infection à Escherichia coli producteurs de Shiga-toxines endommage les reins, c'est la principale cause d'insuffisance rénale aigue chez l'enfant de moins de 3 ans en France. D'autres organes peuvent également être atteints, notamment le cerveau et le cœur, et "le risque de séquelles à long terme est important" indique Santé Publique France. Cependant, avec des soins adaptés, l'évolution clinique est favorable chez une majorité de patients. Le taux de mortalité décrit est inférieur à 5 % dans la littérature scientifique, en France il est inférieur à 1% d'après les données de surveillance. 

Sources :

- Ministère de la Santé

- Santé Publique France