Colite pseudomembraneuse : symptômes, cause, diagnostic
Inflammation sévère de la paroi du colon, la colite pseudomembraneuse est une complication de l'infection à Clostridium difficile. Quels sont les symptômes ? Les causes ? Le traitement ? Le point avec le Pr Maximilien Barret, gastro-entérologue à l'hôpital Cochin
Définition : qu'est-ce qu'une colite pseudomembraneuse ?
Une colite pseudomembraneuse est une inflammation sévère du côlon qui se caractérise par la présence de fausses membranes sur la paroi du colon, visibles lors de la coloscopie. Elle est due à une infection bactérienne à Clostridium difficile. Le plus souvent, elle survient à la suite d'un traitement antibiotique, et chez les sujets ayant été hospitalisés récemment.
Quels sont les symptômes ?
La colite pseudomembraneuse se caractérise, outre la présence de "Clostridium difficile" dans les selles, par :
- une diarrhée d'apparition rapide, parfois verdâtre, glaireuse, parfois associée à une déshydratation,
- des douleurs abdominales,
- des nausées et des vomissements,
- une baisse de l'état général,
- Une fatigue intense.
Quelles causes ?
"La colite pseudomembraneuse est le plus souvent liée à une antibiothérapie dans le mois précédent. Les personnes fragilisées par une hospitalisation récente, une maladie inflammatoire du tube digestif telle que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique sont également plus à risque de développer une colite pseudomembraneuse", indique le Pr Maximilien Barret. Néanmoins, dans 20 à 30% des cas, aucune cause n'est retrouvée. Il semblerait que la dysbiose (déséquilibre du microbiote intestinal) constitue un terrain favorable.
Comment est posé le diagnostic ?
On suspecte une colite pseudomembraneuse lorsqu'un patient présente des douleurs abdominales, de la fièvre, de la diarrhée et une fatigue importante. Le diagnostic de colite pseudomembraneuse ne sera confirmé qu'à la coloscopie, qui n'est réalisée que dans les formes les plus sévères de colite à clostridium difficile. Dans les autres cas, la colite à clostridium difficile est diagnostiquée devant un syndrome inflammatoire biologique (élévation du taux de globules blancs sur la prise de sang, une élévation de la CRP (protéine C réactive) et sur le plan bactériologique, par la présence dans les selles étudiées en coproculture d'une bactérie appelée "Clostridium difficile", et des toxines associées à cette bactérie. Toutefois, la présence de Clostridium difficile dans les selles ne pose pas forcément problème. "C'est l'existence de Clostridium difficile et des toxines qui vont permettre de confirmer le diagnostic. En présence de cette symptomatologie et d'éléments de gravité (intensité des douleurs abdominales, intensité de la fièvre ou diarrhée importante pouvant exposer à des risques de déshydratation), une coloscopie est indiquée. C'est seulement à ce moment-là que le diagnostic peut être réellement confirmé, et la colite pseudomembraneuse ne se retrouve que chez une petite partie des patients faisant une colite à Clostridium difficile. Les patients présentent des pseudomembranes lors de la coloscopie : la muqueuse du colon est globalement inflammatoire, plus rouge, et des dépôts blanchâtres ou jaunâtres adhérent à la muqueuse du colon. Elles ne peuvent pas se décoller, c'est pour cette raison que l'on parle de " pseudo membrane", précise le gastro-entérologue digestif.
Quel est le traitement ?
Le traitement commence par l'arrêt de la prise de l'antibiotique à l'origine de la colite pseudomembraneuse (ce simple arrêt suffit à guérir 25% des patients dans les 3 jours qui suivent). Si cette mesure ne suffit pas, un traitement médicamenteux peut être prescrit avec de la vancomycine ou de la fidaxomicine pendant 10 jours, sous surveillance médicale. "La colite pseudomembraneuse récidive dans 20% des cas. Lorsque ces deux antibiotiques ont déjà été utilisés, la transplantation de microbiote fécal peut être proposée. Elle consiste à déposer, via une coloscopie, un extrait de selles d'un autre patient afin de réintroduire dans le colon une nouvelle flore intestinale", ajoute le spécialiste.
Quelle prévention ?
La prévention repose, avant toute chose, sur une prise d'antibiotiques raisonnée. Les mesures d'hygiène classiques telles que lavage des mains, hygiène fécale, port de gants, désinfection de l'environnement sont préventives. "L'efficacité des probiotiques pour réensemencer le microbiote intestinal avec de bonnes bactéries reste discutée. Leur bénéfice est trop modeste pour que leur administration avec tout traitement antibiotique soit actuellement recommandée pour prévenir une infection à Clostridium difficile", observe le Pr Maximilien Barret.
Merci au Pr Maximilien Barret, gastro-entérologue à l'hôpital Cochin.