Lèpre : contagion, symptômes, vaccin, traitement, photo
La lèpre est une maladie infectieuse. 100 à 200 cas importés de lèpre sont diagnostiqués chaque année en France. Quels sont les symptômes ? Les différentes formes de lèpre ? Est-ce contagieux ? Quels sont les traitements ? Y a-t-il un vaccin ? Expertise de Pr Guillaume Desoubeaux, chef de service de Parasitologie/Mycologie.
Définition : qu'est-ce que la lèpre ?
La lèpre est une maladie infectieuse, transmissible, due à Mycobacterium leprae (M. leprae) ou bacille de Hansen. Elle touche principalement la peau, les nerfs périphériques, la muqueuse des voies respiratoires supérieures ainsi que les yeux. Sans traitement, la lèpre peut entraîner des lésions progressives et permanentes de la peau, des nerfs, des membres et des yeux. C'est la maladie infectieuse qui est à l'origine du plus grand nombre de difformités physiques. Cette maladie ancestrale est décrite dans les textes anciens depuis environ 600 ans avant Jésus-Christ.
Combien de cas et de décès en France ?
Il n'y a pas de cas autochtone en France (contagion en France).
"Il n'y a pas de cas autochtone en France (contagion en France). 100 à 200 cas de lèpre sont diagnostiqués chaque année en France mais ce sont des cas importés, et cela concerne surtout des migrants" informe le Pr Guillaume Desoubeaux, Chef de service de Parasitologie - Mycologie - Médecine tropicale du CHU de Tours. D'après les chiffres officiels de 145 pays des 6 Régions de l'OMS, 216 108 cas de lèpre ont été enregistrés à l'échelle mondiale. Cette maladie est encore présente dans plus de 120 pays. "La maladie est endémique en Asie du Sud-Est, en Inde, au Pakistan, en Afrique notamment à Madagascar et en République démocratique du Congo, en Amérique du Sud, surtout au Brésil et au Pérou. Ce sont des pays qui n'ont pas les outils pour lutter contre la lèpre, avec des régions avec un accès limité au diagnostic et à la prise en charge" explique le Pr Desoubeaux.
Quelles sont les différentes formes de lèpre ?
"On distingue principalement deux formes de lèpre : une forme plutôt précoce, la lèpre tuberculoïde, et une lèpre léprométeuse, stade beaucoup plus avancé, plus grave, et plus contagieux" décrit l'infectiologue.
Quels sont les symptômes ?
Cette maladie évolue sur un mode chronique. La lèpre se signale en premier par :
- des atteintes cutanées,
- des taches hyper ou hypo-pigmentées (le plus souvent),
- puis apparaissent des plaques, des nodules sur la peau et les muqueuses.
"C'est assez spectaculaire à un stade avancé avec des ulcérations et suppurations qui sont conséquentes à des blessures qui passent inaperçues à cause des troubles de conduction nerveuse, et des extrémités qui peuvent tomber" souligne le médecin. Ces déformations cutanées bien visibles ont donné lieu à l'isolement des lépreux dans des maladreries en Europe. Lorsqu'ils se déplaçaient en ville, ils devaient agiter une crécelle pour prévenir de leur passage, afin que les gens s'écartent. Même dans la mort, ils étaient isolés dans des "cimetières de lépreux". "Plus la maladie avance et plus les signes neurologiques apparaissent : troubles de la sensibilité puis troubles de la préhension, de la posture, puis difficultés à parler. " Lorsque les nerfs périphériques sont abimés, les personnes touchées ne sentent plus le froid et le chaud et elles se blessent avec des plaies qui peuvent s'infecter" décrit le médecin. Des problèmes ORL et ophtalmologiques peuvent survenir. L'atteinte oculaire conduit à la cécité.
Quelle est la cause de la lèpre ?
"La lèpre est due à une mycobactérie (Mycobacterium leprae), un agent microbien un peu particulier qui a des exigences en termes de croissance. Cet agent infectieux est semblable à celui de la tuberculose" informe le Pr Guillaume Desoubeaux. D'après les recherches de l'Institut Pasteur, Il semblerait que la lèpre soit originaire de l'Afrique de l'Est ou du Proche-Orient, et qu'elle se soit propagée au gré des migrations humaines successives qui sont intervenues au cours de l'histoire.
Contagion : comment se transmet la lèpre ?
La lèpre n'est pas une maladie très contagieuse.
La lèpre se transmet principalement par les voies respiratoires, via les sécrétions nasales. "La lèpre n'est pas une maladie très contagieuse. Pour être contaminé, il faut vivre dans l'entourage des malades et avoir des contacts fréquents et rapprochés" indique le médecin. Le problème, c'est que la durée d'incubation est très longue, 5 ans en moyenne, parfois même 20 ans, avec une contamination dans l'enfance et les premiers signes cliniques 20 ans après. Or, le malade est contagieux pendant cette période où il ne se sait pas malade et ne prend donc pas de précaution particulière.
Quel est le diagnostic ?
Le diagnostic de la lèpre est fait de façon biologique ou moléculaire. "On recherche directement la bactérie par culture ou son ADN via une technique de PCR avec un grattage ou écouvillonnage nasal, plus rarement une biopsie du nez". Parfois, le diagnostic est fait à partir de prélèvement au niveau des lobes d'oreille ou des plaies cutanées.
Quels sont les traitements ?
La lèpre se soigne très bien sauf à un stade sévère si on a accès au bon diagnostic et aux bons traitements
La lèpre est guérissable depuis 1940, date à laquelle un antibiotique a été découvert. "On traite la lèpre avec de la Rifampicine comme pour la tuberculose, et si cela ne fonctionne pas, avec des quinolones ou des cyclines" enseigne le Pr Desoubeaux. Dans moins de 20% des cas, il y a des cas de résistances aux antibiotiques. Dans ce cas, la personne malade est traitée avec une bithérapie (disulone + clofazimine). "La lèpre se soigne très bien sauf à un stade sévère si on a accès au bon diagnostic et aux bons traitements" précise le médecin.
Existe-t-il un vaccin ?
Il n'existe pas de vaccin contre la lèpre et aucun vaccin n'est en cours de développement Point intéressant : il y aurait peut-être une protection croisée avec le vaccin contre la tuberculose. "Ces agents infectieux sont assez proches. Dans des pays dans lesquels il y a des campagnes de vaccination de la tuberculose l'incidence de la lèpre a diminué" explique le Pr Desoubeaux. Cette hypothèse de protection croisée n'est pas prouvée.
Merci au Pr Guillaume Desoubeaux, Chef de service de Parasitologie - Mycologie - Médecine tropicale du CHU de Tours