Traitements du cancer de l'utérus (col, endomètre) : hormonal, chimio, lequel ?

"Avant toute chose, il faut distinguer le cancer du col de l'utérus, qui concerne essentiellement la femme jeune, et qui est lié la plupart du temps à une infection virale par HPV. Et le cancer de l'endomètre qui concerne exclusivement la femme ménopausée. Ce ne sont pas du tout les mêmes cancers", nuance le Dr Éric Sebban, chirurgien cancérologue à l'hôpital Américain de Paris et à la clinique Hartmann.. 

Traitement du cancer de l'utérus par chimiothérapie : quelles indications ?

"La chimiothérapie dans le cancer de l'endomètre ne se donne que dans les cancers de mauvais pronostics, lorsque les tumeurs sont très agressives ou qu'il y a une atteinte ganglionnaire", indique notre expert. Dans le cancer du col de l'utérus la chimiothérapie n'est jamais administrée seule, elle est associée à la radiothérapie. On appelle cela la radio-chimiothérapie concomitante. Le protocole consiste généralement à réaliser, en ambulatoire, 5 séances de radiothérapie externe et une séance de chimiothérapie, par semaine, pendant une durée de 5 semaines. "Ce traitement est indiqué dans les cancers du col de l'utérus de stade 3, quand la tumeur du col utérin est trop grosse pour être opérée ou qu'il y a des facteurs de mauvais pronostics tels qu'une atteinte ganglionnaire ou une atteinte des organes voisins", commente le chirurgien cancérologue. L'objectif d'une radiochimiothérapie concomitante est d'éliminer la totalité de la tumeur ou d'en diminuer la taille, ainsi que les cellules cancéreuses qui se sont étendues aux organes voisins (paramètres). La chimiothérapie administrée lors de la radiochimiothérapie repose généralement sur des médicaments à base de sels de platine comme le cisplatine, qui peuvent être associés au fluoro-uracile (5FU). Elle peut entraîner plusieurs effets secondaires : comme des nausées et vomissements, des diarrhées et des lésions de la bouche. La chute des cheveux (alopécie) est rare lors de ce traitement. 

Une curiethérapie est réalisée huit à dix jours après la fin des séances de radiothérapie externe. Elle requiert fréquemment une hospitalisation de 2 à 4 jours. Le principe de la curiethérapie (radiothérapie interne) est détaillée dans notre fiche "Traitements du cancer du col de l'utérus de stade 2". Plusieurs techniques de curithérapie sont possibles: la curiethérapie à bas débit de dose (hospitalisation d'une durée de 2 à 6 jours en général), la curiethérapie à débit pulsé et la curiethérapie à haut débit de dose (plus rarement). Avant un traitement par radiochimiothérapie concomitante, il est nécessaire de déterminer si les ganglions de la région lombo-aortique sont envahis ou non par des cellules cancéreuses. Un examen par imagerie est pratiqué afin de définir précisément la région à irradier lors de la radiothérapie externe : soit le pelvis seul, soit le pelvis ainsi que la région lombo-aortique. Une radiothérapie seule peut être proposée si la radiochimiothérapie concomitante n'est pas réalisable, afin de traiter les tumeurs supérieures à 4 centimètres propagées au-delà de l'utérus dans la cavité du pelvis. 

Une chimiothérapie peut être proposée pour traiter les cancers présentant des métastases à distance (au-delà de la cavité du pelvis). La chimiothérapie est alors utilisée seule ou associée à une radiothérapie, qui est le plus souvent externe. Elle permet de ralentir, voire dans certains cas d'arrêter, la progression de la maladie. Parmi les agents de chimiothérapie employés (seuls et parfois en association) :

• la cisplatine (Platinol AQ et le 5-fluorouracile (5-FU),
• paclitaxel,
• ifosfamide (Ifex),
• irinotécane (Camptosar).

Au stade 4, la durée d'une chimiothérapie est variable et dépend de plusieurs facteurs : comme la tolérance au traitement, et l'efficacité de ce dernier. 

Traitement du cancer de l'utérus par radiothérapie : quelles indications ?

"Dans le cancer de l'endomètre, une forme de radiothérapie particulière, qui s'appelle la curiethérapie vaginale, est pratiquée. Elle est localisée au fond du vagin et se fait généralement au décours de l'intervention, détaille le Dr Éric Sebban. Elle permet de compléter l'ablation de la tumeur et ainsi de diminuer le risque de récidive sur la cicatrice vaginale. Parfois, dans certains cas, une radiothérapie pelvienne est associée, notamment quand la tumeur a beaucoup évolué dans l'utérus. Concernant le cancer du col de l'utérus, la radiothérapie est indiquée en association avec la chimiothérapie comme on l'a évoqué précédemment."

Traitement du cancer de l'utérus hormonal : quelles indications ?

"Dans le cancer du col de l'utérus, le traitement hormonal n'est jamais administré. Dans le cancer de l'endomètre, un traitement hormonal par progestérone est proposé quand il y a des métastases chez les sujets âgés qui ne supporteraient pas la chimiothérapie", rapporte le chirurgien cancérologue.

Quand envisager la chirurgie ?

→ "Dans le cancer de l'endomètre, la plupart du temps, la chirurgie est faite en première intention", observe le spécialiste. L'opération repose sur l'ablation de l'utérus et des ovaires et parfois des ganglions pelviens. Idéalement, il faut faire cette opération par voie cœlioscopique ou robotique pour éviter les ouvertures abdominales.

→ Quant au cancer du col de l'utérus, si la tumeur est opérable d'emblée, une intervention chirurgicale dite hystérectomie élargie, avec prélèvement ganglionnaire, sera effectuée dans un premier temps. "En revanche, si les tumeurs sont trop avancées, un traitement médical, puis par radio-chimiothérapie est d'abord préconisé, puis l'opération dans un deuxième temps", continue-t-il. 

Curiethérapie : quand l'envisager ?

La curiethérapie s'effectue le plus souvent après l'opération, afin d'éradiquer complètement la tumeur. Cette technique de radiothérapie consiste à envoyer des rayons de manière ciblée, directement sur la zone atteinte, en l'occurrence au niveau du col de l'utérus. 

Quels sont les traitements naturels contre le cancer de l'utérus ?

Il n'existe aucun traitement naturel contre le cancer du col de l'utérus. En revanche, une surveillance gynécologique régulière, notamment grâce aux frottis, permet de prévenir l'apparition de ce cancer. Quant au cancer de l'endomètre, la prévention passe essentiellement par le contrôle de son poids, l'obésité étant un facteur de risque reconnu. 

Quel traitement choisir en fonction du stade du cancer ?

"Le cancer du col de l'utérus et le cancer de l'endomètre sont de bons pronostics lorsqu'ils sont détectés précocement. Le traitement sera déterminé par l'oncologue en fonction du type de tumeur, de sa localisation et du stade d'avancée de la maladie", indique le spécialiste.

Merci au Dr Éric Sebban, chirurgien cancérologue à l'hôpital Américain de Paris et à la clinique Hartmann (www.docteur-eric-sebban.fr, www.chirurgiefemmeparis.fr).