Oxygénothérapie : définition, à domicile, matériel, Covid
L'oxygénothérapie permet de délivrer de l'oxygène à une personne en insuffisance respiratoire. Certains patients atteints du Covid ont besoin de cette assistance pour bien respirer, il s'agit de patients oxygéno-requérants. Guide pratique.
L'oxygénothérapie permet de délivrer de l'oxygène à une personne en insuffisance respiratoire. Certains patients atteints du Covid-19 ont besoin de cette assistance pour bien respirer, il s'agit de patients oxygéno-requérants. L'oxygénothérapie peut être effectuée à l'hôpital ou à domicile selon des critères stricts établis en novembre par la Haute autorité de santé.
Oxygénothérapie : qu'est-ce que c'est ?
L'oxygénothérapie est définie comme un traitement médical ayant pour but de délivrer de l'oxygène à une personne qui en a besoin par les voies respiratoires, via une sonde nasale, un masque ou grâce à un caisson prévu à cet effet. Parmi les malades atteints de la Covid-19, certains nécessitent une assistance en oxygène pour les aider à mieux respirer, on parle alors de patients oxygéno-requérants. "L'objectif de l'oxygénothérapie est de maintenir une saturation sanguine en oxygène (SpO2) chez le patient à plus de 92%" explique la Haute Autorité de Santé (HAS) dans son communiqué du 9 novembre. La saturation en oxygène représente la quantité d'hémoglobine oxygénée dans le sang. Elle sert à évaluer rapidement les fonctions respiratoires d'un patient. Les valeurs "normales" se situent entre 95 et 100%.
Oxygénothérapie à haut débit : qu'est-ce que c'est ?
"L'oxygénation à haut débit c'est utilisée pour amélioré l'oxygénation du patient notamment lorsqu'il présente une insuffisante respiratoire aiguë / post extubation après un bloc opératoire" informe Marion Doré, infirmière.
Oxygénothérapie Hyperbare : qu'est-ce que c'est ?
Dans un communiqué, la HAS définit l'oxygénothérapie hyperbare comme une modalité thérapeutique d'administration de l'oxygène par voie respiratoire à une pression supérieure à la pression atmosphérique standard. Elle est définie comme l'inhalation d'oxygène pur par un sujet placé dans un caisson d'acier ou de polymère, à des pressions supra-atmosphériques pendant au moins 90 minutes. Selon la HAS, elle est recommandée en cas de :
- Intoxication au monoxyde de carbone,
- Accident de décompression,
- Embolie gazeuse,
- Infections bactériennes anaérobies ou mixtes des tissus mous
- Ischémie aiguë des tissus mous,
- Surdité brusque,
- Greffes de peau et lambeaux musculo-cutanés,
- Abcès intracrâniens,
- Hépatiques,
- Ostéomyélite chronique réfractaire,
- lésions radio-induites,
- retards à la cicatrisation,
- neuroblastome de stade IV.
Ce type d'oxygénothérapie est-il efficace contre la Covid-19 ? L'hôpital Saint-Anne teste le traitement depuis avril 2020 sur des patients Covid ayant une pneumonie liée au virus. "Si on restaure l'oxygène, on va tout de suite aller mieux. D'autre part, redonner de l'oxygène a un bon taux dans le corps va inhiber le développement du virus", avait indiqué le Pr Jean-Eric Blatteau chef de l'unité de médecine hyperbare de l'hôpital de Toulon à France Info en décembre 2020. Si les résultats ne sont pas consolidés, l'oxygénothérapie hyperbare aurait un effet positif sur la convalescence des patients Covid testés : alors que les patients traités normalement auraient une durée d'hospitalisation de 7 à 8 jours, ceux pris en charge avec l'oxygénothérapie hyperbare auraient besoin de 3 à 5 jours avait expliqué le professionnel à Var Matin.
Oxygénothérapie à l'hôpital : quel matériel ?
L'oxygénothérapie nécessite un ensemble de matériel tel qu'une bouteille d'oxygène, tubulure avec lunette à 02, les différents masques (haute concentration, normal et aérosol) et une petite bouteille d'eau spécifique O2 pour prise murale dans les chambres des patientes, indique Marion Doré, infirmière.
Quels patients Covid-19 peuvent en bénéficier ?
Si la HAS propose que l'oxygénothérapie soit réalisée à domicile pour certains patients Covid-19, elle rappelle que "l'hospitalisation reste recommandée pour les patients à risque de faire une forme sévère". La décision doit également être prise à la fois par le médecin et par le patient, qui doit être d'accord. Selon la HAS, l'oxygénothérapie à domicile peut être envisagée pour deux types de malades uniquement :
→ Des patients qui ont été hospitalisés et dont l'état de santé permet d'envisager un retour à domicile avec un apport en oxygène nécessaire à leur prise en charge.
→ Des malades dont l'état de santé permet une prise en charge initiale à domicile avec des besoins en oxygène < 4 L /min
Ces malades doivent également :
- être autonomes,
- disposer d'un domicile salubre,
- être en présence permanente d'un tiers,
- être situés à moins de 30 minutes d'un établissement de santé de référence disposant d'une structure d'urgence ou d'un SMUR de proximité.
A l'inverse, certains patients ne peuvent d'office pas être éligibles à une oxygénothérapie à domicile :
- les patients souffrant d'une pathologie chronique non stabilisée comme le diabète, ou insuffisance rénale
- les patients souffrant d'une obésité morbide
- les femmes enceintes
- les patients de plus de 70 ans ayant une pathologie cardiovasculaire, une cirrhose, un diabète équilibré
Comment ça se passe à domicile, quel matériel ?
Si le patient est éligible à l'oxygénothérapie à domicile et s'il souhaite y avoir recours, un prestataire d'oxygénothérapie à domicile doit mettre en place et suivre les dispositifs médicaux techniques (appareils d'oxygénothérapie). Ce n'est pas parce que le patient n'est pas hospitalisé qu'il n'est pas suivi par une équipe médicale : "Dans le cadre d'un parcours de soins coordonné, cette prise en charge doit être assurée par une équipe pluriprofessionnelle avec un médecin généraliste pour la coordination de la prise en charge, un infirmier pour la surveillance et la dispensation des médicaments et un kinésithérapeute" détaille la HAS.
Pendant toute la durée du traitement et pour que ce dernier se passe au mieux, plusieurs procédés doivent être mises en place :
- La sécurité du malade doit être constamment vérifiée avec l'aide d'une personne de la famille, d'un aidant ou encore d'un professionnel de santé passant à domicile.
- Les solutions de télésurveillance doivent être utilisées lorsqu'elles sont disponibles car elles permettent une surveillance rapprochée du malade et une aide pour son entourage.
- Les professionnels doivent être en lien avec les unités hospitalières de référence pour pouvoir réagir rapidement et hospitaliser le malade si son état de santé s'aggrave.
- Le SAMU-Centre 15 est informé afin de créer une fiche d'alerte spécifique. La HAS a défini des signes d'alerte qui doivent conduire l'équipe intervenant à domicile ou le patient et son entourage à contacter sans délai le SAMU ou l'unité d'hospitalisation de référence.
Des traitements associés : paracétamol, antibiotiques...
En plus de l'oxygénothérapie, les patients suivent un traitement délivré après un entretien avec un professionnel de santé. "En premier lieu, il s'agit d'assurer une bonne hydratation et une alimentation équilibrée du patient. Le paracétamol est prescrit pour lutter contre la fièvre et la douleur. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne sont, eux, pas recommandés" détaille la HAS. "Le traitement médicamenteux repose aussi sur des anticoagulants en prophylaxie pendant 7 à 10 jours et sur les corticoïdes pendant 5 à 10 jours. L'antibiothérapie ne doit pas être systématique." L'HAS va analyser et suivre l'ensemble des patients Covid-19 qui bénéficient d'une oxygénothérapie à domicile afin de pouvoir faire évoluer la prise en charge.
Sources :
- Données hospitalières au 17 novembre, Gouvernement.fr
- Covid-19 : proposer une oxygénothérapie à domicile, une modalité adaptée pour certains patients - HAS - 9 novembre 2020