Vitiligo : causes, symptômes, traitements des taches blanches
Le vitiligo est une maladie responsable de taches blanches sur la peau. L'ex-animatrice de télévision et sportive Nathalie Simon en souffre depuis 24 ans et a décidé de ne plus le cacher.
Le vitiligo est une maladie qui cause une dépigmentation de la peau entraînant la formation de taches blanches sur les zones atteintes. L'ex-animatrice de télévision et sportive Nathalie Simon en est atteinte depuis 24 ans, comme elle le révélait sur France 3 en janvier 2023 : "J'ai développé mon vitiligo après la naissance de ma fille. J'ai la chance qu'il ne touche que mes mains. (...) Cette maladie, est très méconnue, alors les gens vous regardent, vous demandent si c'est contagieux... Dans mes émissions, (...) ça devenait de plus en plus difficile à cacher. J'ai décidé de changer d'approche par rapport à mon vitiligo : je vais le montrer !". Invitée dans l'émission "Chez Jordan" (C8) le 26 septembre, Nathalie Simon a expliqué suivre un traitement pour repigmenter la peau de ses mains : "Il y a deux ans, j'avais les mains totalement blanches" a-t-elle lancé en montrant ses mains face caméra. Autres personnalités publiques atteintes de vitiligo : l'ex-Premier ministre Edouard Philippe et le chanteur Michael Jackson.
"C'est grâce à ma fille que j'en parle..." Nathalie Simon se confie sur son vitiligo #ChezJordanDeLuxe pic.twitter.com/zyPELcaasb
— C8 (@C8TV) September 26, 2023
Définition : qu'est-ce que le vitiligo ?
Le vitiligo est une maladie de la peau qui se caractérise par une dépigmentation se traduisant par l'apparition de taches blanches sur le tégument (tissu vivant qui recouvre le corps). En général, la maladie commence à apparaître avant l'âge de 20 ans. Cette dépigmentation est due à la disparition des mélanocytes, cellules responsables de la pigmentation de la peau. Toutes les zones de la peau (cou, visage, mains) et des phanères (cheveux, ongles et poils) peuvent être atteintes. Il existe différentes formes de vitiligo :
► Vitiligo localisé : le vitiligo localisé ne concerne qu'une petite surface de la peau.
► Vitiligo segmentaire : le vitiligo segmentaire est localisé sur un seul côté du corps, sur une zone du visage, des membres ou du tronc correspondant plus ou moins à une zone d'innervation ou à un métamère. Il apparaît plus souvent chez les enfants et les adolescents. Cette forme est généralement peu évolutive et est très rarement associée à un vitiligo généralisé. Le vitiligo segmentaire répond très bien et d'une manière durable à la transplantation mélanocytaire.
► Vitiligo muqueux : le vitiligo muqueux concerne les muqueuses : lèvres, organes génitaux.
► Vitiligo généralisé : le vitiligo généralisé est caractérisé par des tâches plus ou moins symétriques atteignant les deux côtés du corps (bilatérales). L'évolution est capricieuse : les taches peuvent rester localisées ou s'étendre. Dans certains cas la dépigmentation peut au final être totale, il s'agit alors d'un vitiligo universalis.
► Vitiligo universalis : il se caractérise par une dépigmentation touchant la quasi-totalité du tégument et des phanères
Quels sont les symptômes du vitiligo ?
Le vitiligo entraîne une dépigmentation de la peau localisée, limitée à une petite zone ou diffuse et/ou une dépigmentation prématurée des cheveux, des sourcils, de la barbe et des autres poils du corps.
Quelles sont les causes du vitiligo ?
"L'origine du vitiligo demeure encore mystérieuse, confie le Docteur Yvon Gauthier, spécialiste des troubles pigmentaires. Malgré tout dans le cadre de "théories convergentes" on admet qu'un déficit de l'adhésion mélanocytaire (mélanocytorrhagie) et un stress oxydatif favorisent le développement d'une auto-immunité chez des sujets génétiquement prédisposés et souvent soumis à des stress psychologiques". Une quinzaine de gènes de susceptibilité ont été associés au vitiligo : HLA, CTLA4, NLRP1, TYR… Certains sont impliqués dans la pigmentation de la peau, d'autres sont liés au fonctionnement du système immunitaire ou à l'apparition de maladies auto-immunes.
Ue personne ayant un parent de premier degré atteint a 5 à 8% de risque de développer la maladie.
Ceci expliquerait pourquoi 15 à 20% des personnes atteintes de vitiligo généralisé souffrent parallèlement d'une hypo ou d'une hyperthyroïdie auto-immune (thyroïdite de Hashimoto, maladie de Basedow). De plus, des prédispositions familiales existent : une personne ayant un parent de premier degré atteint a 5 à 8% de risque de développer également la maladie.
Des taches blanches à cause de la perte de mélanine
Les taches blanches associées au vitiligo sont liées à la perte de la mélanine (pigment qui colore la peau) à cause de la destruction des mélanocytes, cellules qui assurent la pigmentation. Dans le cas du vitiligo, ces taches sont permanentes. Cette maladie ne doit pas être confondue avec les dépigmentations transitoires observées par exemple en cas de pityriasis verticolor.
Photo du vitiligo sur la barbe
Comment poser le diagnostic de vitiligo ?
Le diagnostic du vitiligo est un diagnostic clinique devant la présence de de dépigmentation cutanée. "Une lampe de Wood utilisée dans une pièce sombre permet une étude plus précise de la peau dans les cas où la peau est claire et aussi pour dépister des taches encore invisibles à l'œil nu. Dans le cas d'un vitiligo la tache apparaît d'une couleur blanc crayeux", détaille le chercheur.
Le stress peut-il causer le vitiligo ?
Le stress peut favoriser l'apparition ou l'aggravation du vitiligo : stress psychologique, mais aussi stress physiologique lié à une grossesse, à un acte chirurgical, à une maladie aiguë… En avril 2021, au micro de RTL Soir, Edouard Philippe expliquait que le blanchissement de sa barbe "était dû au stress et au boulot". Nathalie Simon dont le vitiligo s'est déclenché après la grossesse de sa fille Nina rappelait en septembre 2023 qu'une "maladie se déclenche souvent à cause d'un choc émotionnel ou d'un choc hormonal comme une grossesse".
Quels sont les traitements du vitiligo ?
"Les traitements du vitiligo ont pour objectif d'enrayer le processus inflammatoire responsable de la destruction auto-immune des mélanocytes et d'autre part de stimuler la repigmentation des taches à partir des mélanocytes résiduels qui persistent au niveau des follicules pileux", explique le Dr Gauthier. "On peut obtenir dans un premier temps une repigmentation en confetti péripilaire puis par la suite une repigmentation totale de certaines taches qui n'est malheureusement pas définitive".
► Des crèmes pour cacher les taches : il est possible d'utiliser des cosmétiques tels que fonds de teint ou crème auto-bronzantes sur les zones dépigmentées, ce qui camoufle la décoloration mais n'agit pas sur la maladie. On utilise les cosmétiques pour le contour des yeux, là où la peau est sensible et ne supporte pas forcément des traitements lourds.
► Photothérapie : La photothérapie a une vertu anti-inflammatoire et stimule la migration des mélanocytes par action des UVB : 2 à 3 séances sont programmées par semaine, jusqu'à un total de 300 séances de traitements. La repigmentation peut être partielle et transitoire. Il existe aussi la photothérapie par "PUVA thérapie". Cette technique combine l'exposition de la peau aux rayons UVA et la prise (par voie orale, topique ou sous forme de bain) de psoralène, une substance qui augmente la sensibilité de la peau aux rayons. En cas de vitiligo localisé, le traitement peut se faire par lampe EXCIMER. Il permet une photothérapie très localisée.
► Corticoïdes, vitamine D. L'association d'une corticothérapie locale et de vitamine D ou du tacrolimus topique peuvent être prescrites pour repigmenter les petites tâches de vitiligo : à appliquer une fois par jour pendant plusieurs mois. Leur efficacité n'est pas systématique. La corticothérapie par voie générale peut être discutée mais les effets secondaires sont importants et expliquent qu'elle n'est pas souvent prescrite dans cette pathologie. Par contre le traitement séquentiel par minipulse 2 jours par semaine ne présente pas ces désavantages.
► Le zinc donné à dose anti-inflammatoire peut avoir un effet.
► Dépigmentation. "La dépigmentation s'adresse à des patients volontaires ayant perdu tout espoir de repigmentation et présentant sur le visage ou le dos des mains des petits îlots pigmentés très inesthétiques", souligne le spécialiste. "La dépigmentation utilise soit la cryothérapie, le laser, le monobenzyl ether d'hydroquinone (de moins en moins utilisé). Les dérives chimiques de l'hydroquinone sont contre-indiquées sur des grandes surfaces car ils sont toxiques pour les reins".
► Greffes. L'intervention chirurgicale consiste à greffer des mélanocytes provenant d'une zone donneuse sur les zones dépigmentées. Elle est largement utilisée dans les vitiligos segmentaires atteignant le visage chez des patients de plus de 15 ans. Elle est rarement utilisée et uniquement dans le cas d'un vitiligo généralisé stable et peu étendu.
Merci au Dr Yvon Gauthier, chercheur, ancien responsable de la consultation des troubles pigmentaires, Service de Dermatologie Hôpital Saint André Bordeaux et à l'Association française du vitiligo.