Pneumothorax : définition, séquelle, peut-on mourir ?
Douleurs, difficultés à respirer... Un pneumothorax entraîne un décollement de la plèvre, qui recouvre le poumon. Causes, complications, traitement, récidive : le point avec notre pneumologue.
Qu'est-ce qu'un pneumothorax ?
Le pneumothorax désigne un échappement d'air du poumon qui va entre le poumon et la paroi thoracique dans la plèvre (organe qui recouvre le poumon et l'intérieur de la cavité thoracique). Il se traduit par un décollement de la plèvre et une compression du poumon entraînant des douleurs et des difficultés à respirer. Il peut survenir de manière spontanée, surtout chez le jeune homme, mais aussi après un traumatisme ou être secondaire à une maladie pulmonaire.
Quels sont les types de pneumothorax ?
Il existe différents types de pneumothorax :
► le pneumothorax traumatique lorsque l'air provient de l'extérieur via une effraction externe comme une plaie par arme blanche ou une balle, ou un geste invasif comme une ponction (on parle dans ce cas de pneumothorax iatrogène).
► le pneumothorax spontané, il survient brutalement quand l'air provient des voies aériennes du poumon à travers une brèche. Le pneumothorax spontané est généralement bénin. C'est une pathologie du sujet jeune, touchant plus volontiers le sujet longiligne, grand, mince et fumeur.
► le pneumothorax cataménial est une forme récidivante de pneumothorax, touchant certaines femmes lors des cycles menstruels. Il se déclenche généralement dans les 48 heures précédant ou suivant l'apparition des règles.
► le pneumothorax suffocant compressif survient lorsqu'une accumulation anormale d'air entre les deux feuillets de la plèvre entraîne une suffocation par pression sur les poumons et sur le cœur. La pression exercée est telle que d'autres organes avoisinants peuvent être déplacés, occasionnant éventuellement un arrêt de la circulation veineuse et un arrêt de la fonction cardiaque.
Quels symptômes quand on fait un pneumothorax ?
Le pneumothorax se caractérise par une douleur thoracique violente et subite, latéralisée, gênant la respiration, notamment l'inspiration ainsi qu'une fréquente angoisse liée à cette gêne douloureuse et une toux sèche. Des signes de gravité peuvent également être présents comme une cyanose, coloration bleue de la peau ou des muqueuses, une tachycardie et respiration accélérée, une difficulté à parler. "Il faut alors consulter le service d'accueil des urgences le plus proche, voire appeler le 15", recommande Louis Stoffaes, interne en pneumologie et trésorier de l'Association des jeunes pneumologues AJPO2.
"Le vrai problème du pneumothorax est son haut taux de récidive"
Complications : peut-on mourir d'un pneumothorax ?
Oui mais c'est très rare, heureusement. "La complication la plus grave est le décès par désamorçage de la pompe cardiaque, explique le pneumologue. Elle est heureusement très rare, et concerne les pneumothorax traumatiques ou sur poumon très abîmé." Une autre complication, bénigne mais très impressionnante, est l'emphysème sous-cutané. "Cela correspond à de l'air s'étant infiltré sous la peau, donnant un aspect bibendum au patient." En revanche, un pneumothorax ne peut pas provoquer de cancer du poumon. "Mais malheureusement, la poursuite du tabagisme peut évoluer vers un cancer du poumon, le pneumothorax peut alors devenir un symptôme révélateur" explique le pneumologue.
Comment éviter la récidive après un pneumothorax ?
"Le vrai problème du pneumothorax est son haut taux de récidive" prévient Louis Stoffaes. Pour limiter les récidives :
- Il est impératif d'arrêter de fumer.
- La plongée sous-marine est formellement contre-indiquée après un pneumothorax.
- Le voyage en avion est contre-indiqué pendant 3 semaines après un pneumothorax. "Si vous êtes personnel naviguant, il est préférable de vous rapprocher d'un centre expert pour envisager une pleurodèse chirurgicale."
- Chez la femme enceinte, les récidives sont plus fréquentes, et comme le pneumothorax cataménial, il nécessite un suivi gynécologique rapproché.
Comment diagnostiquer un pneumothorax ?
En cas de pneumothorax, le médecin procède dans un premier temps à un examen physique du patient où il ausculte les poumons "et peut retrouver un silence auscultatoire". Une radiographie des poumons permettra de confirmer le diagnostic suspecté par la clinique en mettant en évidence une ligne objectivant un décollement du poumon.
Quels sont les traitements du pneumothorax ?
Il existe autant de traitements que de cas de pneumothorax, mais le but principal est de vider l'air contenu dans la cavité pleurale.
► Quand la maladie est de faible intensité, il suffit au patient de se reposer pour que l'air infiltré dans les plèvres pulmonaires soit évacué. Un traitement médicamenteux à base d'antalgiques sera aussi prescrit.
► Dans les cas les plus graves, un geste d'urgence est pratiqué : on parle d'exsufflation où une aiguille est introduite dans la cavité aérique. Une autre technique est le drainage pleural utilisant un système aspirant le gaz, que l'on place à travers les côtes à l'aide d'un bistouri. "Parmi les techniques médicales, citons le talcage pleural avec insertion de talc entre les deux plèvres, ou encore l'abrasion mécanique de la plèvre, visant à faire une symphyse pleurale -pleurodèse- pour empêcher une récidive", précise Louis Stoffaes.
Quelles sont les causes du pneumothorax ? Le stress ?
Le pneumothorax peut être primitif, c'est-à-dire survenant sur un poumon sain, et spontané, c'est-à-dire sans raison apparente. Il peut être secondaire à l'évolution d'une maladie pulmonaire comme une fibrose pulmonaire, un emphysème, un asthme, une mucoviscidose, une maladie infectieuse pulmonaire et plus rarement un cancer… Les causes d'un pneumothorax suffocant compressif sont souvent inconnues mais il est souvent dû à un grave traumatisme (ex. : blessure par balle, accident de la route). Le pneumothorax cataménial est habituellement le symptôme d'une endométriose thoracique. Cette dernière correspond à la présence anormale d'endomètre (la muqueuse de l'utérus) à l'intérieur du thorax. Le stress ne peut pas provoquer un pneumothorax de même qu'un effort excessif.
Merci à Louis Stoffaes, interne en pneumologie et trésorier de l'Association des jeunes pneumologues – AJPO2.