Palpation de la thyroïde : technique, normale, douleur
La palpation de la thyroïde est un examen simple et indolore qui permet de diagnostiquer une anomalie de la thyroïde. Où, quand et comment le faire ? Quels signes évoquent une thyroïde normale ou anormale ? L'éclairage du Dr Olivier Dupuy, Chef de service d'endocrinologie, diabétologie et nutrition de l'hôpital Paris Saint-Joseph.
Quand faire une palpation de la thyroïde ?
La palpation de la thyroïde fait partie de l'examen général, mais elle est particulièrement indiquée en présence de signes de dysthyroïdie, c'est-à-dire de signes faisant suspecter une anomalie du fonctionnement de la thyroïde. Les deux principales affections de la thyroïde sont l'hyperthyroïdie, qui est responsable d'une hyperthermie, de transpiration, de bouffées de chaleur, de fatigabilité anormale, de tachycardie, d'hyperactivité psychique et physique. "Ces symptômes variés peuvent être associés à une exophtalmie, qui se caractérise par la protrusion de l'œil en avant de l'orbite. La palpation de la thyroïde montre souvent un goitre important, parfois visible à l'œil nu. Celui-ci est habituellement vasculaire, c'est-à-dire que l'on peut percevoir un petit frémissement (thrill) qui correspond à une accélération de la vitesse sanguine artérielle", précise le Dr Olivier Dupuy. Et l'hypothyroïdie qui se traduit par un ralentissement métabolique général, entraînant fatigue, difficultés de concentration, troubles de la mémoire, frilosité ou encore bradycardie. À la palpation, la thyroïde peut être augmentée de volume ou au contraire, difficilement détectable. La suspicion de dysthyroïdie doit obligatoirement être confirmée par le dosage des hormones thyroïdiennes et de leur régulateur, la TSH.
Où faire une palpation de la thyroïde ?
La palpation de la thyroïde est un examen de débrouillage qui fait partie de l'examen clinique général. Il est réalisé par le médecin traitant.
"L'autopalpation n'est pas recommandée car compliquée"
Quelle est la technique ?
"Le médecin se place derrière le patient qui est assis. Puis, il pose ses mains à la base du cou, à hauteur du manubrium sternal (partie supérieure du sternum), et l'on demande au patient de déglutir car la déglutition va entraîner une ascension de la thyroïde. En revanche, l'autopalpation n'est pas recommandée car compliquée", indique le Chef de service d'endocrinologie, diabétologie et nutrition de l'hôpital Paris Saint-Joseph.
Thyroïde normale : quels signes à la palpation ?
On considère que la palpation de la thyroïde est normale lorsqu'elle ne présente ni nodules ni augmentation de volume.
Thyroïde anormale : quels signes à la palpation ?
La palpation de la thyroïde est qualifiée d'anormale en présence de nodules ou d'une hypertrophie globale de la thyroïde. On parle alors de goitre.
Que veut dire une thyroïde douloureuse à la palpation ?
"La douleur à la palpation est très peu fréquente car la thyroïde est un organe qui, en général, ne s'exprime pas par la douleur. Elle se voit spécifiquement dans la thyroïdite de Quervain, une inflammation de la thyroïde très localisée qui se manifeste par une douleur élective faisant évoquer une angine", informe le spécialiste. Cette douleur très précise au niveau cervical antérieur s'accompagne généralement d'une altération de l'état général. La douleur peut aussi provenir d'un kyste d'évolution très rapide qui entraine une compression mais le diagnostic est cette fois évident.
Que faire en cas de palpation anormale de la thyroïde ?
En présence d'une anomalie de la thyroïde (nodules ou goitre homogène), la palpation sera complétée par une échographie thyroïdienne. Cette dernière offre des critères pour classer les nodules selon la classification internationale appelée TIRADS. Les nodules de stade 2 et 3 n'ont pas de critères de malignité ; les nodules de stade 4 sont associés à une suspicion de malignité et les nodules de stade 5 à une très forte suspicion. "Les nodules TIRADS 4 et 5 constituent une indication à réaliser une cytoponction, qui consiste à aspirer des cellules au niveau d'un nodule suspect, puis à déposer le prélèvement sur une lame pour déterminer si le nodule est bénin ou s'il présente des signes de malignité, signature d'un cancer", développe le Dr Olivier Dupuy.
Merci au Dr Olivier Dupuy, Chef de service d'endocrinologie, diabétologie et nutrition de l'hôpital Paris Saint-Joseph.