ARN messager : inventeur, vaccin, qu'est-ce que c'est ?
Le principe de l'ARN Messager (acide ribonucléique messager) a été "popularisé" auprès du grand public grâce aux vaccins de Pfizer et de Moderna contre le Covid-19.
L'ARN messager est un terme diffusé par les médias pendant la pandémie de Covid-19 puisqu'il a servi de bases aux premiers vaccins commercialisés par Pfizer-BioNTech et Moderna. Cet ARN messager est tiré de l'acide ribonucléique, ou ARN, une molécule proche de la molécule d'ADN. L'ARN est présent dans toutes les cellules de l'organisme, qui en ont besoin pour produire des protéines. Certains ARN sont des enzymes, qui permettent d'assurer le fonctionnement continu de l'organisme. Certains virus, comme la grippe, le SIDA ou l'hépatite C sont constitués uniquement d'ARN. La recherche sur les ARN a mis en lumière qu'ils permettraient de lutter contre certaines infections ou cancers.
Définition : qu'est ce que l'ARN Messager ?
Notre génome contient "la recette" des protéines dont nos cellules ont besoin pour exister. Celle-ci est conservée à l'intérieur du noyau cellulaire. Seulement, les ribosomes, chargées de synthétiser ces protéines, sont, quant à eux, situés à l'extérieur de ce même noyau. "Pour cette fabrication, ils ne peuvent donc s'appuyer que sur des "copies" de la recette : les ARN Messagers, acronyme d'acide ribonucléique messager. Autrement dit, l'ARNm est une traduction de l'ADN qui permet la synthèse de protéines au sein de cellules", explique le Pr. Elisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations à la Haute Autorité de Santé.
Découverte : qui a inventé l'ARN messager ?
L'ARNm a été découvert en 1961, par trois chercheurs français de l'institut Pasteur : François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod. "Cherchant à comprendre comment se faisait la lecture du message génétique, ils mettent en évidence qu'il existe une molécule servant de lien entre l'ADN du noyau et les ribosomes pour fabriquer les protéines qui lui sont nécessaires pour exister : ils la nomment ARN Messager", explique le Pr Bouvet.
Qui a eu le prix Nobel pour l'ARN messager ?
Grâce à cette avancée scientifique, les trois chercheurs François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod ont reçu le prix Nobel de médecine en 1965. Dès lors, l'ARN Messager ou ARNm a été au cœur de nombreuses recherches. La biochimiste Hongroise Katalin Kariko est, à son tour, parvenue à perfectionner la technologie et à résoudre la réponse inflammatoire induite par l'injection qui posait jusque-là problème. Dès lors, la technologie de l'ARNm a pu être utilisée pour mettre au point des vaccins. Le 4 septembre 2021, Katalin Kariko et Drew Weissman, pionniers des vaccins à ARNm, étaient pressentis pour le prix Nobel de médecine/physiologie remis à Stockholm en Suède. Toutefois, le prix 2021 a été décerné aux américains David Julius et Ardem Patapoutian pour leurs découvertes des récepteurs de la température et du toucher, au début des années 2000.
Principe : comment fonctionne l'ARN Messager ?
"Classiquement, la vaccination repose sur l'administration d'un agent infectieux (virus ou bactérie) modifié et inactivé, ou d'un de ses composant, afin de déclencher la réponse immunitaire spécifique, précise le Pr Bouvet. Mais avec cette technologie, il s'agit d'administrer un ARNm qui code pour la synthèse d'une protéine du virus SARS Cov 2 (la protéine Spike, voir le schéma à droite) dans des cellules du tissu musculaire : cette information a pour but de permettre à ces cellules de produire seul cette protéine pour protéger de la maladie. L'ARN m pénètre dans le cytoplasme des cellules musculaires mais pas dans le noyau".
Quelle est la durée de vie de l'ARN Messager ?
Les ARNm sont très fragiles et leur durée de vie n'est que de quelques heures.
Quels sont les vaccins à ARN Messager ?
Cette technologie est déjà utilisée en médecine vétérinaire chez le cheval contre la maladie de West-Nile, chez le chien contre le mélanome buccal… En santé humaine, il n'existe que les vaccins contre la Covid-10 des laboratoires Moderna et Pfizer. Mais d'autres sont actuellement en essais cliniques, notamment contre certains cancers, contre la grippe, contre le VIH et contre la rage.
Merci au Pr Elisabeth Bouvet, Présidente de la Commission technique des vaccinations à la Haute Autorité de Santé (HAS)