Coagulation du sang : interpréter les taux TP, TCA et TS

Coagulation du sang : interpréter les taux TP, TCA et TS

La coagulation sanguine est un phénomène complexe qui aboutit à la solidification du sang et à la formation d'un caillot empêchant l'hémorragie. Trois examens la mesurent : le taux de prothrombine (TP), le temps de céphaline activée (TCA) et le temps de saignement (TS).

Définition et mécanismes de la coagulation du sang

La coagulation sanguine a une importance capitale dans de nombreuses circonstances. Grâce à elle, dans le cas d'un traumatisme comme une coupure, le sang s'arrête de couler rapidement si la blessure n'est pas trop profonde ou si elle n'a pas endommagé un gros vaisseau artériel ou veineux. Le sang qui coule parce que la paroi d'une petite artère et/ou une petite veine a été sectionnée contient des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes. Ce sont les plaquettes qui s'agglutinent sur les berges du petit vaisseau sectionné pour former un "bouchon mou". Progressivement, plusieurs protéines du sang, comme la prothrombine par exemple, réagissent entre elles pour former un bouchon plus solide : le caillot qui stoppe l'hémorragie.

En l'absence de blessure, le sang circule dans les vaisseaux sanguins sans former de caillots grâce à un système d'enzymes, de protéines, et de facteurs qui empêchent le sang de coaguler. Ce système complexe assure la fluidité du sang grâce à sa fonction anticoagulante. Si une enzyme, une protéine, ou un facteur manque ou fonctionne anormalement, le sang coagule plus facilement et augmente le risque de thrombose, notamment au niveau des veines profondes (phlébite) ou des artères pulmonaires (embolie pulmonaire). Les trois principaux examens qui permettent d'apprécier la coagulation du sang sont le temps de prothrombine (TP ou "temps de Quick"), le temps de céphaline activée (TCA) et le temps de saignement (TS).

La prise de sang

Le médecin peut prescrire un examen de coagulation sanguine chez les personnes qui présentent des saignements inexpliqués ou à celles souffrant de thrombose, c'est-à-dire produisant des caillots dans les veines ou les artères. Il peut être aussi utilisé pour mesurer l'efficacité de médicaments anticoagulants.

"Pour mener a la formation d'un caillot sanguin, le processus de coagulation utilise deux voies, dites "intrinsèque" et "extrinsèque", qui apportent chacune des facteurs de coagulation essentiels" explique le Dr Claire Lewandowski, médecin spécialisée en médecine généraleEn cas de déficit en l'un ou plusieurs de ces facteurs, ou si ces facteurs ont une fonction anormale, la formation d'un caillot n'est pas possible et des saignements et/ou des thromboses peuvent survenir.

Trois examens sont prescrits pour analyser les protéines de différentes voies de coagulation :

• Taux de prothrombine (TP)

La mesure du TP explore la voie extrinsèque de la coagulation, notamment les facteurs VII, V, X, II et le fibrinogène (protéine présente dans le plasma sanguin essentielle à la coagulation du sang). Il s'agit d'un test exprimé en secondes ou en pourcentage avec un taux normalement compris entre 70% et 100%. S'il baisse cela veut dire que le sang est plus fluide et a du mal à coaguler. Dans le cadre de la surveillance des traitements par antivitamines K, les résultats sont donnés sous forme d'INR (international normalized ratio). Sa valeur normale est égale à 1.

• Temps de céphaline activée (TCA)

Cet examen mesure la fonctionnalité de la voie intrinsèque en mesurant le temps qu'il faut au plasma pour coaguler dans un tube à essai après addition de céphaline et d'un activateur. Lorsque l'échantillon met plus de temps que la normale pour coaguler, le TCA est dit "allongé". Cet examen peut évaluer l'insuffisance ou non en facteurs de coagulation du sang (facteur VII, facteur IX et facteur VIII et facteur XII). Sa valeur normale est comprise entre 24 secondes à 41 secondes.

• Temps de saignement (TS)

Il mesure le temps observé entre la création d'une blessure et l'arrêt du saignement. Cette mesure n'est plus utilisée ces dernières années car elle est peu reproductible et peut être modifiée par l'aspirine et laisse souvent de petites cicatrices minces sur les avant-bras. D'autres examens comme la numération des plaquettes et le dosage du fibrinogène peuvent être nécessaires pour interpréter le bilan de coagulation.

Une coagulation sanguine trop rapide ou trop lente

Une anomalie du TP ou de l'INR et/ou du TCA signifie que le sang met plus de temps à coaguler que la normale, et donc qu'un problème de thrombose est possible, ou au contraire qu'il est plus " fluide " et qu'il existe un risque d'hémorragie. En cas de traitement anticoagulant, un ajustement doit alors être fait par le médecin. Sans traitement, des examens supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la cause de ces anomalies : thrombose (formation d'un caillot sanguin) thrombopénie (réduction du nombre des plaquettes dans le sang), thrombopathie (fonctionnement anormal des plaquettes), déficit des facteurs VIII ou IX (hémophilie A et hémophilie B, Maladie de Willebrand, anémie, grossesse, insuffisance hépatique (cirrhose, hépatite) ou prise d'aspirine par exemple.

Coagulation sanguine et alimentation

La vitamine K est une vitamine essentielle de la coagulation. Cette vitamine liposoluble (soluble dans les graisses) existe naturellement dans les légumes verts, les huiles (colza, soja, etc), le foie, le poisson) et dans les fromages fermentés. Les carences de cette vitamine sont rares et concernent surtout les personnes souffrant d'un trouble de l'absorption des graisses comme dans la mucoviscidose, les maladies du pancréas et du foie (hépatite et cirrhose), les parasitoses intestinales, les résections importantes de l'intestin, ou les diarrhées chroniques.

Enfin, les personnes prenant des anticoagulants oraux de type Anti-vitamine K sont également exposés à un risque important de carences. Il leur est donc recommandé de limiter à une portion par jour les aliments riches en vitamines K (en particulier les végétaux tels que la choucroute, les choux, les épinards, les brocolis, les avocats) et de varier au maximum, et chaque jour, leur alimentation. Le thé vert, riche en vitamine K, peut être consommé régulièrement mais à petites doses et une seule fois par jour.

Coagulation sanguine et médicaments

Les médicaments anticoagulants ont pour effet d'éviter la formation de caillots sanguins (thrombose) dans les veines, les artères ou le cœur. Leur action consiste à ralentir la coagulation. Il existe principalement deux sortes de médicaments :

  • Les antivitamines K (AVK) qui se présentent sous forme de comprimé à avaler et qui empêchent la formation de plusieurs facteurs de la coagulation dépendants de la vitamine K.
  • Les héparines qui se présentent sous forme injectable (administrées par piqûres sous cutanées ou par perfusion) qui augmente l'activation naturelle de l'inhibiteur de plusieurs facteurs de la coagulation.
  • L'aspirine peut aussi être prescrite pour modifier la coagulation mais ce n'est pas un médicament anticoagulant, c'est un médicament antiagrégant qui n'agit pas sur la coagulation mais sur les plaquettes.

Les normes diffèrent selon les pratiques des laboratoires. Sachez que les résultats d'analyse sanguine ne constituent pas un diagnostic à eux-seuls. Il est donc particulièrement important de consulter un médecin afin de prévoir des examens complémentaires ou un éventuel traitement.