Entraîner sa mémoire : idée reçue ou réelle efficacité ? Alzheimer ou troubles de la mémoire ?
Avec l'âge, il est normal que de légers troubles de la mémoire apparaissent. Ils ne sont pas pour autant le signe de la maladie d'Alzheimer. Comment savoir ? Alzheimer est-elle une maladie héréditaire ? Les séniors peuvent-ils eux-aussi entraîner leur mémoire ?
L'infidélité de notre mémoire est un phénomène normal. Se souvenir d'un livre qu'on a lu mais ne pas se rappeler de l'auteur, oublier l'endroit où on a posé ses clés... Autant d'oublis fréquents qui ne doivent pas pour autant faire paniquer. Le seul point commun entre l'apparition de troubles de la mémoire et de la maladie d'Alzheimer, c'est que la mémoire épisodique est touchée. C'est-à-dire celle qui fait que l'on se souvient d'évènements vécus avec leur contexte : avoir passé les fêtes de fin d'année en famille au Mexique en l'an 2000, par exemple. L'activité de notre mémoire s'opère en 3 temps : elle encode des informations, les stocke et les rappelle. Dans le cas de la maladie d'Alzheimer, la phase de stockage est défaillante car l'information a mal été encodée à l'origine. Le patient n'a pas conscience de ses oublis et la mémoire se dégrade avec l'évolution de la maladie.
Alzheimer héréditaire ? Sur ce point, le Pr. Eustache met en garde : "Oui, la maladie d'Alzheimer peut être héréditaire mais ces formes génétiques restent très rares ! Elles concernent moins d'1% des personnes touchées par Alzheimer". Et cette faible proportion correspond à des profils bien particuliers : la maladie commence vers 50 ans contre généralement 75-80 ans. Ce risque précoce constitue d'ailleurs un sujet d'étude complet pour la recherche sur la maladie. Lorsqu'Alzheimer est héréditaire, elle touche un sur deux des descendants.
"Trou" de mémoire, faut-il s'en inquiéter ? Le Pr. Francis Eustache tient à rassurer : "les trous de mémoire sont plus dus à des problèmes d'attention qu'à un disfonctionnement du processus de mémorisation au sens strict". Ils surviennent souvent lorsque l'on fait plusieurs choses à la fois, lorsqu'on est surmené... C'est dans ces moments que l'on ne porte pas toujours attention à l'activité que l'on fait (qui n'a jamais perdu ses clés de cette façon ?). "Avec l'âge et le vieillissement, il s'agit plus d'un problème de stratégie de récupération", précise le neuropsychologue. "L'information est quelque part dans le cerveau, mais un sujet ne dispose pas forcément du bonne indice pour la récupérer et la rappeler". Il suffit parfois d'une simple indication pour que les données soient retrouvées. Dans ce cas, il ne s'agit pas de vrais troubles de la mémoire.
Si ce genre d'évènements se reproduisent régulièrement, pensez à en parler à votre médecin traitant. "La différence n'est pas évidente à faire au début de la maladie", conclue le Pr. Francis Eustache.
Pratique : des ateliers pour entraîner la mémoire des séniors
Des ateliers mémoire ont été instaurés pour les séniors. Le projet s'inscrit dans le cadre d'actions d'éducation pour la santé et de prévention. Ils relèvent soit d'une prescription non médicamenteuse non prise en charge par la Sécurité sociale, soit d'un programme de prévention proposé par la caisse des retraites. Organisés chaque semaine lors de séances d'une à deux heures, ils visent à stimuler les différentes mémoires (visuelle, auditive...) au travers d'exercices ludiques et pratiques. Le but ? Lutter contre le vieillissement cérébral et pallier les troubles de la mémoire en prévention. Pour y participer, vous devez répondre à plusieurs critères : être âgé d'au moins 55 ans, être titulaire d'une retraite du régime général de la Sécurité sociale.