Appendicite : symptômes, gauche, droite, quel côté ?

Appendicite : symptômes, gauche, droite, quel côté ?

L'appendicite est une inflammation de l'appendice, au niveau de l'intestin. Plus fréquente chez les enfants et les jeunes adultes, ses symptômes peuvent être sournois.

L'appendicite fait peur à tous les parents. Une douleur qui persiste au niveau du ventre chez l'enfant et on cherche à savoir de quel côté se trouve l'appendicite ? Gauche ou droite ? Quels sont les symptômes d'alerte d'une appendicite ? Que faire ? Explications du Pr Philippe Wind, Chirurgien viscéral et digestif à l'hôpital Avicenne de Bobigny.

Définition : qu'est-ce que l'appendicite ?

Le terme "appendicite" désigne l'inflammation brutale et aiguë de l'appendice. "L'appendice est une partie atrophiée du début du gros intestin, explique le professeur Wind. Il s'agit d'un organe lymphoïde ce qui veut dire que, comme les ganglions, l'appendice fait partie des défenses immunitaires de l'organisme. Il y a beaucoup d'organes lymphoïdes situés autour de l'appareil digestif." L'appendice ressemble à une sorte de "cul-de-sac" entre le petit et le gros intestin, de 6 à 12 cm de longueur pour 5 mm de diamètre en moyenne et est creux. L'appendicite survient à la suite d'une obstruction de l'appendice par des matières fécales. Elle touche une personne sur quinze, principalement entre 10 et 30 ans. Elle est rare avant l'âge de 5 ans, et exceptionnel avant 3 ans. On distingue l'appendicite aiguë de l'appendicite chronique.

► Appendicite aiguë

Elle peut concerner les personnes de tous les âges, mais survient particulièrement avant 30 ans, avec un pic de prévalence généralement entre 10 et 14 ans et un autre entre 25 et 34 ans. L'appendicite aiguë est une inflammation brutale de l'appendice. Cette inflammation est soudaine et s'accompagne de fortes douleurs abdominales. 

►Appendicite chronique

L'appendicite chronique est une inflammation ou fibrose de longue date de l'appendice. Elle se manifeste par une douleur abdominale prolongée et intermittente. Contrairement à l'appendicite aiguë, l'appendicite chronique est relativement rare : son diagnostic est plus difficile à poser car les signes cliniques sont beaucoup moins visibles et la progression de l'infection, plus lente.

 Ne prenez surtout pas de laxatifs qui pourraient augmenter les risques d'éclatement de l'appendice.

De quel côté est l'appendicite ? Gauche ou droit ? 

Une crise typique d'appendicite commence pas des douleurs abdominales, le plus souvent situées dans la fosse iliaque droite, c'est-à-dire juste au-dessus du pli de l'aine. C'est en effet à cet endroit que se loge l'appendice chez la plupart des gens. A noter que dans un tiers des cas environ, l'appendice n'est pas situé dans la fosse iliaque droite. Elle peut par exemple s'être logée sous le foie, on parle alors d'appendice sous-hépatique (mais c'est toujours à droite). D'autres fois, elle se trouve au milieu de l'abdomen, sous le gros intestin, et c'est alors une appendicite rétro-cæcale.

Localisation de l'appendice
Schéma de l'appendice © Designua - 123RF

Quels sont les symptômes de l'appendicite ?

  • Des douleurs abdominales vives et persistantes au bas de l'abdomen, près du nombril ou un peu plus à droite au-dessus de l'aine,
  • Une fièvre modérée, vers 38.5°C
  • Des nausées
  • Des vomissements
  • Des maux de tête
  • Une constipation

Sur la radiographie, l'appendice enflammé est plus gonflé et plus opaque. En cas d'apparition de ces symptômes, il est conseillé de ne pas donner à manger ni à boire et de téléphoner en urgence au médecin ou appeler le 15. Ne prenez surtout pas de laxatifs qui pourraient augmenter les risques d'éclatement de l'appendice.

Quelles sont les causes de l'appendicite ?

Cette inflammation peut survenir pour des raisons diverses et, le plus souvent, indéterminées. "On ne connaît pas bien le mécanisme initial. On sait seulement que parfois des germes ou des parasites sont à l'origine du déclenchement de la crise", poursuit le médecin. Impossible, donc, de prédire si et quand la crise va survenir, ou même d'essayer d'y échapper. En revanche, seul fait certain, elle concerne beaucoup plus souvent les enfants et les jeunes adultes. "Là encore, on n'a pas d'explication définitive, mais il se peut que cela ait un rapport avec le fait que le système immunitaire des enfants est souvent plus actif que celui des adultes".

Comment confirmer le diagnostic d'une appendicite ?

► Le numération formule sanguine (NFS) : c'est la quantité de leucocytes (une catégorie de globules blancs) que l'on va mesurer. Les leucocytes sont fabriqués par les organes lymphoïdes (dont l'appendice fait partie) pour lutter contre les infections. Généralement, en cas de crise d'appendicite, le taux de leucocytes est beaucoup plus élevé que la normale. Ceci dit, la NFS n'est pas suffisant pour poser un diagnostic d'appendicite, puisque les leucocytes peuvent être élevés pour d'innombrables raisons.

► Les CRP, ou protéines C-réactives sont des autres marqueurs de l'inflammation. Un peu comme les globules blancs, elles ont surtout une valeur prédictive négative : si les CRP sont élevées, c'est concordant avec une crise d'appendicite. Si elles sont basses lors de deux mesures à plus de 24h d'intervalle : ce n'est pas l'appendicite.

► Le scanner est "sans aucun doute le meilleur examen, commente le Pr Wind. Il permet de repérer beaucoup plus facilement un épaississement de l'appendice et une infiltration graisseuse tout autour, signe typique de la crise d'appendicite." Si le résultat n'est pas garanti à 100 %, il s'agit tout de même, et de très loin, de l'outil de diagnostic le plus fiable.

► L'échographie a les même propriétés que le scanner, mais elle est moins fiable : selon l'endroit où l'appendice est placée, la quantité de graisse abdominale, etc. elle peut être difficile à repérer. il s'agit tout de même l'examen recommandé pour les femmes enceintes et les enfants, qui ne peuvent être trop exposés aux rayons du scanner.

Traitement de l'appendicite : quand opérer ?

Dans quelques rares cas, la crise se résorbe d'elle-même. Mais la plupart du temps, pour traiter une crise d'appendicite, il faut procéder à une appendicectomie, autrement dit un retrait de l'appendice par chirurgie. Pour autant, l'intervention chirurgicale n'est plus systématique et on privilégie aujourd'hui le retrait par coelioscopie. La coelioscope consiste à pratiquer trois petits trous dans l'abdomen sous anesthésie générale, à introduire une mini-caméra pour aller inciser et retirer l'appendice avec le moins de dégâts possibles. Du gaz carbonique est introduit dans l'abdomen pour soulever l'abdomen, afin que les viscères soient facilement accessibles. Grâce à de grosses aiguilles (trocarts), le chirurgien peut introduire les instruments chirurgicaux dans l'abdomen et procéder à l'ablation. Après l'opération, dans le cas d'une crise d'appendicite "simple", le patient reçoit une antibiothérapie pendant environ deux jours, afin de s'assurer que l'infection est bien enrayée. 

Cicatrice d'une appendicite : combien de temps ?

Dans le cas d'une opération par cœlioscopie, les trois petits trous deviennent quasiment invisibles quelques semaines après. Pour une opération classique, l'incision de quelques centimètres, très fine, devient à peine perceptible au fil du temps. 

Complications d'une appendicite : quels risques de péritonite ?

Si l'appendicite n'est pas soignée, il y a de forts risques qu'elle dégénère en péritonite

Si l'appendicite, traitée à temps, est bénigne, la péritonite en revanche peut laisser des séquelles. "On parle de péritonite dès qu'il y a inflammation du péritoine, explique le Pr Wind. La péritonite n'est pas forcément consécutive à une crise d'appendicite. En revanche, si l'appendicite n'est pas soignée, il y a de forts risques qu'elle dégénère en péritonite." Le péritoine, c'est la membrane qui recouvre les parois intérieures de l'abdomen. Dans 10 % à 15 % des cas, l'infection de l'appendice va venir le contaminer. "C'est le scénario redouté par les médecins, c'est la raison pour laquelle ils ont plutôt tendance à être trop prudents avec les douleurs abdominales. Les signes sont beaucoup plus parlants. Ils sont à peu près les mêmes que pour l'appendicite mais s'expriment avec beaucoup plus d'intensité. Cette fois, médecin comme patient ont généralement beaucoup moins d'hésitationDans les pays industrialisés, pour des personnes en bonne santé, les cas d'appendicite avec péritonite se soignent parfaitement bien", rassure souligne Philippe Wind. Les suites opératoires peuvent être un peu plus douloureuses.

La péritonite peut être fatale. En effet, si elle n'est pas repérée à temps, elle induit une septicémie, c'est-à-dire une infection généralisée, dont il est quasiment impossible de sortir vivant. A part le facteur temps entre le début de la crise d'appendicite et le moment du diagnostic, on ne sait pas bien expliquer pourquoi environ 1 personne sur 10 va faire une péritonite et pas les autres. 

Sur le forum santé : les discussions au sujet de l'appendicite
A retenir

► L'appendice mesure 6 à 12 cm de longueur pour 5 mm de diamètre en moyenne.

► L'appendicite aiguë survient surtout avant 30 ans avec 2 pics : entre 10 et 14 ans et entre 25 et 34 ans. 

► Des douleurs abdominales vives et persistantes au bas de l'abdomen, près du nombril ou un peu plus à droite peuvent évoquer une appendicite,

► En cas d'opération, la technique de la cœlioscopie est privilégiée dans 90% des cas.

► On parle de péritonite dès qu'il y a une inflammation du péritoine.

Merci au Pr Philippe Wind, spécialiste chirurgie viscérale et digestive à l'Hôpital Avicenne (AP-HP) de Bobigny.