Quels sont les risques de l'anulingus ? Comment les éviter ?

Quels sont les risques de l'anulingus ? Comment les éviter ?

La zone anale concentre des bactéries, même quand l'anus est propre. L'anulingus est ainsi une pratique sexuelle qui impose quelques règles (d'hygiène notamment) pour éviter la transmission de maladies (HPB, herpès...). Conseils.

L'anulingus est une pratique sexuelle réalisée en préliminaires (par exemple avant la sodomie) ou seule. On ne le sait pas toujours mais elle peut transmettre divers virus (gastro, HPV, VIH...) et parasites (vers intestinaux). Liste des risques de l'anulingus et conseils du Dr Thierry Higuero, proctologue, pour le pratiquer avec plaisir sans mettre sa santé en danger.

C'est quoi l'anulingus ?

L'anulingus est un rapport sexuel bucco-anal c'est-à-dire au niveau de la région anale avec la bouche, principalement la langue. "Comme pour la sodomie, lors de rapports bucco-anaux, on parle de passif et d'actif. Passif c'est celui qui reçoit, actif c'est celui qui fait" précise le Dr Thierry Higuero, proctologue.

Est-ce une pratique sexuelle fréquente ?

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les rapports bucco-anaux sont "assez fréquents" indique notre interlocuteur. Surtout chez les homosexuels (et depuis longtemps) mais aussi de plus en plus chez les hétérosexuels. Dans une enquête Ifop-Elle publiée en 2019, 15% des femmes interrogées ont reconnu avoir déjà léché l'anus de leur partenaire, et 26% à avoir été léchées par lui. Selon le Dr Higuero "c'est l'accès à la pornographie plus fréquent chez la femme et probablement le niveau social" qui influencerait cette démocratisation de l'anulingus. L'enquête Ifop a montré que 21% des femmes qui s'adonnent à l'anulingus sont cadres ou de professions intellectuelles supérieures contre 9% d'ouvrières.

Quels sont les risques de l'anulingus ?

On le sait, les rapports sexuels peuvent donner lieu à des contaminations diverses. C'est encore plus vrai quand ils relèvent de la sphère anale. Concernant l'anulingus, il y a plusieurs risques.

• Le risque de gastro-entérite : Sachez-le, si votre conjoint a une gastro-entérite, mieux vaut éviter l'anulingus. Comme l'explique le Dr Higuero, "la zone anale est une zone où il y a pas mal de bactéries, même quand l'anus est propre. Ces bactéries sont dans la muqueuse et il y a un risque direct d'être contaminé du rectum à la bouche". Parmi celles responsables de symptômes gastriques : les salmonelles, les shigelles, l'escherichia coli ou encore le campylobacter peuvent causer des diarrhées, des douleurs abdominales...

• Le risque d'être contaminé par un parasite (ténia...) : On peut contracter des parasites présents au niveau de la muqueuse anale en pratiquant l'anulingus. En l'occurrence "si un des partenaires est contaminé par le ténia, l'autre peut se contaminer par contact de la bouche avec la marge anale s'il y a des œufs de ténia présents" explique le Dr Higuero. "Si le couple a ce type de pratique, il faut traiter les deux pour éviter l'infestation permanente entre eux."  Il a aussi été montré que l'anulingus pouvait entraîner la transmission d'autres parasites comme les giardia (vers intestinaux responsables de la giardiase, une parasitose qui se traduit par une diarrhée et des vomissements mais peut aussi être asymptomatique).

Le risque d'attraper une hépatite A

"L'hépatite A est un péril fécal. C'est un virus excrété dans les selles" prévient le Dr Higuero. Dès lors "si quelqu'un a une hépatite A et qu'il a un rapport bucco-anal, il va transmettre le virus". L'hépatite A (différente des hépatites B et C dont la transmission nécessite un contact avec du sang et qui peuvent devenir chroniques) est une maladie virale contagieuse qui s'attaque au foie. Une personne peut être porteuse du virus avant de présenter les symptômes (jaunisse, grande fatigue, fièvre, douleurs abdominales) et le transmettre sans le savoir. Son évolution est généralement bénigne.

Le risque de contracter un gonocoque

Le gonocoque est une bactérie très contagieuse (responsable d'une infection sexuelle appelée "gonorrhée" ou "gonococcie") qui vit à la surface des muqueuses infectées, comme celles de l'anus. Lors d'un rapport bucco-anal, "on peut avoir des contaminations de la langue vers l'anus de l'autre personne et de l'anus vers la langue" indique le médecin. La bactérie peut aussi se transmettre par la salive utilisée comme lubrifiant avant un rapport anal (sodomie). Le problème du gonocoque c'est qu'on peut être porteur asymptomatique et du coup contaminer son partenaire sans le savoir. Quand l'infection se déclare, elle entraîne des démangeaisons génitales, des pertes inhabituelles, des douleurs lors des rapports ou des brûlures en urinant chez la femme. Chez l'homme, elle se traduit par une urétrite avec écoulement de pus par la verge et d'intenses brûlures urinaires.

"Si on a des lésions évidentes dans la bouche on va pouvoir être contaminé par le HPV."

Le risque d'être contaminé par le virus HPV

Le virus HPV ou "papillomavirus humain" peut s'attraper lors d'un anulingus. Dans ce cas "c'est l'anus qui va contaminer la bouche" précise notre interlocuteur (ou le pénis qui contamine la bouche en cas de fellation). "Le HPV ne passe pas dans le sang, c'est un contact direct avec la peau et/ou les muqueuses. Si on a des lésions évidentes dans la bouche on va pouvoir être contaminé." Le HPV peut être responsable de verrues contagieuses appelées "condylomes" au niveau génital, anal ou dans la gorge. Il est aussi plus gravement associé à la survenue de cancers : "Une étude en Australie a montré que le risque de cancer du pharynx en rapport avec le virus HPV était très fréquent chez les patients qui avaient plusieurs partenaires sexuels et chez ceux qui avaient des rapports bucco-anaux" fait remarquer le Dr Higuero.

Le risque d'attraper de l'herpès

Si la personne qui prodigue l'anulingus a de l'herpès, elle peut contaminer le récepteur. "Il s'agit de l'herpès classique, le HV1, celui de la bouche non pas l'herpès sexuel, précise le proctologue. La contamination se fait alors via la salive." Le mieux, en cas d'herpès ou de bouton de fièvre est d'éviter tout rapport bucco-anaux et bucco-génitaux (cunnilingus, fellation).

"Pour le Sida, il faut qu'il y ait une brèche."

Des risques d'attraper le Sida ?

"Non, répond le proctologue. Pour le Sida, il faut qu'il y ait une brèche. S'il n'y a pas de contact avec du sang, il n'y a pas de risque." D'ailleurs "aucune contamination par le VIH lors d'un anulingus n'a été constatée depuis le début de l'épidémie lorsqu'un des deux partenaires est séropositif, indique l'association Sida Info Service. Une personne qui reçoit un anulingus ne peut pas être contaminée car le VIH ne se transmet pas par la salive". Par contre, si l'anulingus fait suite à une pénétration anale (sodomie par exemple), il peut y avoir un risque en cas de saignements anaux.

Des risques d'attraper la syphilis

L'anulingus (comme la fellation et le cunnilingus d'ailleurs) est une pratique sexuelle qui peut transmettre la syphilis. Cette maladie est provoquée par la bactérie Treponema pallidum qui se retrouve sur les muqueuses (dont celles de l'anus). Un contact avec les muqueuses et/ou avec des lésions de la peau que l'on appelle "chancre" ou "syphilide" (lésion ronde unique, de couleur rosée, dure, mais non douloureuse que l'on peut voir au niveau du gland chez l'homme, de la vulve et du vagin chez la femme, de l'anus ou de la bouche) participe au passage de la bactérie.

L'anulingus est-il plus dangereux qu'une fellation ou un cunnilingus ?

"Les risques sont similaires sauf pour certaines contaminations" répond notre interlocuteur. L'anulingus est spécifiquement associé à l'hépatite A et aux campylobacter (qui touchent les matières fécales et causent des gastro-entérites). "Le plus souvent, lors d'un rapport bucco-génitaux, en tous cas pour une fellation, c'est la personne qui a le pénis dans la bouche qui prend plus de risques que l'autre. On risque en effet plus de se faire contaminer par un pénis contaminé que par une bouche contaminée."

"Il faut se connaître suffisamment quand on veut avoir des rapports bucco-anaux."

Quelles règles d'hygiène avant un anulingus ?

S'il se démocratise au fil du temps, l'anulingus n'est pas toujours facile à aborder en couple. Avant de se lancer, deux points importants à vérifier : l'hygiène et la confiance que l'on a dans son partenaire. Pour le premier, le Dr Higuero conseille "une douche soigneuse pour être bien propre au niveau de l'anus voire un petit lavement pour ceux qui veulent aller plus loin avec la langue et éviter qu'il reste des matières dans le rectum". Pour le second "il faut se connaître suffisamment quand on veut avoir des rapports bucco-anaux, être complices, avoir envie de faire des jeux pour pouvoir s'amuser en prenant un minimum de risques". Comme souvent dans la sexualité – plus encore quand il s'agit de pratiques anales- c'est une question de lâcher-prise.

Faut-il utiliser une digue dentaire ou préservatif ?

Il y a une seule protection pour pratiquer sans risque un anulingus, c'est la digue dentaire. Il s'agit de morceaux de latex, vendus dans les Sex Shop ou sur Internet. "Une autre façon de faire c'est de prendre un préservatif, de le fendre en deux et de l'appliquer contre l'anus pour faire l'acte" indique le Dr Higuero. Cette solution comme la digue dentaire ne s'utilise qu'une seule fois. "On ne la retourne pas pour l'utiliser sur l'autre face, ça ne protégera pas" prévient le médecin. Un lavage soigneux de la zone anale limite aussi les risques de contaminations. Enfin, les risques de contracter une infection sexuelle lors d'un anulingus augmente avec la multiplicité des partenaires. "Avec son partenaire habituel, au pire des cas et si on n'a pas de chance, on va attraper une gastro-entérite mais ça va rarement plus loin" indique le proctologue.

Merci au Dr Thierry Higuero, proctologue médico chirurgical, Président de  la commission proctologie du Club de Réflexion des Cabinets et Groupes d'Hépato-Gastro-entérologie (CREGG), membre du conseil d'administration de la Société Nationale de Colo-Proctologie (SNFCP) et co-auteur du livre "Ma bible des questions de santé" de Jessyca Falour.

Sources

Oral sex and the transmission of non-viral STIs Sarah Edwards, Chris Carne, Sex Transm Inf 1998;74:95–100.

Sexually Transmitted Parasitic Diseases. Andrew A. Shelton, M.D. Clinics in Colon and Rectal Surgery. 2004.

Où en est la vie sexuelle des Françaises en 2019 ? Elle-Ifop, 15 février 2019.

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