Bien se préparer avant une sodomie : préliminaires, positions, lubrifiants...
Vous avez envie de découvrir le plaisir anal avec votre partenaire ? Pour que cette nouvelle expérience soit réussie, elle doit être très bien préparée. Lubrifiant, lavement, positions… Les conseils du Dr Thierry Higuero, proctologue.
Avant de vous lancer dans la découverte du plaisir anal avec votre partenaire, sachez que vous devez en parler avec lui, sans tabou. C'est la première condition sine qua non pour que ça se passe bien : "Il faut être d'accord, confiante, super complice et en avoir vraiment envie parce que si on n'a pas envie d'un rapport par voie anale, le sphincter ne va pas se détendre et ce sera impossible ou douloureux" prévient d'emblée le Dr Thierry Higuero.
Miser sur les sextoys pour sensibiliser la zone anale
Même si la sodomie est de moins en moins taboue, beaucoup de femmes hésitent encore et se raidissent dès qu'elles sentent l'approche de leur zone anale. Pour le Dr Higuero, c'est une question d'entraînement. "Il ne faut pas hésiter à utiliser des sextoys qui sont faits pour ça (godemichet, plug anal de qualité), de petites tailles au début pour s'habituer cette pénétration. La femme peut commencer par découvrir ce plaisir toute seule ou lors du rapport vaginal, utiliser un sextoy ou le doigt pour habituer l'anus à recevoir un corps étranger et y prendre du plaisir."
Ne surtout pas faire l'impasse sur les préliminaires !
Préliminaire ou pas ? Quand il s'agit de la sodomie, notre interlocuteur est catégorique : " Il en faut toujours." Ces préliminaires participent à la détente et préviennent d'éventuelles douleurs (on parle d'anodyspareunie) au moment de la pénétration. Ils peuvent être digitaux (caresses…) et/ou buccaux (baisers...). Attention cependant avec cette dernière possibilité : "Il y a de plus en plus d'infections sexuellement transmissibles par les rapports bucco-anaux, prévient le médecin. On peut avoir des foyers de germes transmis à ce moment là. La plupart des herpès anaux, par exemple, sont provoqués par des rapports buccaux-anaux."
Comment éviter une contamination ? Il existe des carrés de latex (ou "digue dentaire") qui peuvent être placés entre la bouche et la zone anale. Et sinon, en cas de bouton de fièvre, il faut tout simplement remettre à plus tard la pratique. Enfin, le plus sûr est de connaître son partenaire.
Du lubrifiant dès le début !
Que vous en soyez au stade de la découverte ou à une pratique quotidienne de la sodomie, ayez toujours en tête qu'il faut utiliser du lubrifiant. Toujours. Parce que même si votre désir est au plus haut, il n'y a pas de lubrification naturelle de la zone anale (à l'inverse de la zone vaginale). Une lubrification suffisante prévient aussi le risque de douleurs voire de fissures.
Le meilleur lubrifiant : un lubrifiant à l'eau, sans odeur et sans goût. "Je conseille à mes patients celui que j'utilise au travail avec mes endoscopes, il s'appelle KY et se trouve en pharmacie. Il n'est pas parfumé mais a le mérite de durer longtemps lors des rapports" renseigne le Dr Higuero. Le problème des lubrifiants parfumés c'est qu'ils peuvent être allergisants et du coup agresser la muqueuse anale.
Quid de la vaseline ? C'est vraiment à proscrire, c'est comme le beurre ou la margarine, c'est gras, ça chauffe, ça brûle et en plus ce n'est pas du tout agréable" répond le proctologue. Même chose pour les huiles (de coco…), oubliez ! Une huile c'est trop gras et pas du tout adaptée. De plus, ces matières grasses rendent le préservatif poreux avec un risque de déchirure pendant le rapport.
Et la salive ? "La salive, ça ne marche pas très bien" indique le Dr Higuero. Donc oubliez aussi !
Connaître les positions propices à la pénétration anale
Plus que n'importe quelle autre pratique sexuelle, celle de la sodomie demande de la douceur, surtout les premières fois. Il faut donc bien choisir ses positions. Sur ce point "mes patients me disent que ce n'est pas le diamètre mais la longueur du pénis qui pose problème parce qu'il cogne dans le fond, ce qui fait mal" , rapporte le Dr Higuero. Les positions les plus faciles : la levrette avec la tête penchée vers le bas ou allongé sur le côté gauche. "Le rectum ressemble à une ampoule avec en haut un virage qui continue vers le sigmoïde du côlon. Certaines positions comme celles-ci ouvrent un peu l'angle", argue le proctologue. Ce qui facilite la pénétration. Au fur et à mesure de la pratique, d'autres positions pourront être testées.
Faire un lavement pour être sûre de son hygiène
La réalisation de la sodomie peut faire craindre la présence de matières fécales dans le rectum… et in fine sur le pénis de l'homme. S'il est recommandé de manière générale d'aller à la selle avant cette pratique et de laver la région anale, un lavement du rectum peut aussi être envisagé. "Certains sont pour, d'autres ne le font jamais" note le Dr Higuero. "Il y a en fait des personnes qui ont un tube digestif qui fonctionne d'une telle façon qu'elles vident extrêmement bien leur rectum quand elles vont à la selle et après il n'y a rien du tout. Dans ce cas, le lavement est inutile" poursuit-il. Dans le doute, faire un lavement permet d'être rassuré.
Deux types de lavements :
- le lavement en préambule d'un rapport sexuel avec son partenaire habituel : " Un petit lavement suffit, juste pour évacuer le rectum. On met de l'eau du robinet à température ambiante dans une poire à lavement, on le fait deux, trois fois et quand c'est clair, c'est bon." Il existe des produits proposés avec les lavements mais ils peuvent être irritants donc mieux vaut éviter.
- le lavement en préambule de rapports sexuels s'étalant sur plusieurs heures, avec plusieurs partenaires… "Là, il s'agira de faire un grand lavement. Il existe des adaptateurs que l'on met sur la pomme de douche, vendus sur Internet. Ils permettent de laver le rectum et le côlon avec de l'eau, sans pression (et en vérifiant la témpérature de l'eau avant)" détaille le médecin. A noter qu'ils peuvent donner un peu mal au ventre et ne doivent pas être faits trop souvent par précaution.
Avoir des préservatifs en cas de partenaires multiples
"La sodomie est un grand pourvoyeur d'infections sexuellement transmissibles, insiste le Dr Higuero. Il peut y avoir de petites érosions, des lésions de la muqueuse qui peuvent faire saigner." Les plus concernées aujourd'hui sont les femmes jeunes, célibataires qui ont envie de s'amuser et n'ont pas de partenaire régulier. "C'est une vraie épidémie chez les jeunes, poursuit le médecin. Il y a beaucoup de co-infections avec deux infections en même temps, que ce soit la syphilis qui augmente beaucoup chez la femme de moins de 40 ans, le gonocoque, le chlamydia..." Sans oublier bien sûr la transmission du VIH. Seul le port du préservatif peut protéger des infections sexuelles. Ne l'oubliez pas la prochaine fois !
Merci au Dr Thierry Higueiro, proctologue médico chirurgical, Président de la commission proctologie du Club de Réflexion des Cabinets et Groupes d'Hépato-Gastro-entérologie (CREGG), membre du conseil d'administration de la Société Nationale de Colo-Proctologie (SNFCP) et co-auteur du livre "Ma bible des questions de santé" de Jessyca Falour.