5 idées reçues sur la pilule et le stérilet : un gynécologue remet les points sur les "i"
Peur de devenir infertile, de grossir, d'avoir mal ou des règles plus abondantes... Nombreux sont les freins à la prise de la pilule ou à la pose d'un stérilet. Démêlons le vrai du faux avec notre gynécologue.
39% des femmes non ménopausées n'utilisent pas de moyen de contraception, selon les résultats de l'étude* "Les Françaises et la contraception" menée par le laboratoire CCD. Parmi les freins à utiliser une contraception, 19% d'entre elles confient avoir peur des effets secondaires sur leur santé. "Les femmes ont une vision de la contraception encore influencée par certaines d'idées préconçues qui perturbent leur capacité à prendre les bonnes décisions pour elles-mêmes. Cette méconnaissance relative est le résultat d'une combinaison de facteurs mêlant à la fois, les discussions sur les réseaux sociaux et des certitudes fondées sur des croyances persistantes mais souvent biaisées", précise le Dr Thierry Harvey, gynécologue obstétricien.
1. La pilule rend stérile
"On rame contre les légendes urbaines et les fake-news, regrette le Dr Thierry Harvey. Après 10, 15 ou 20 ans de prise de pilule, les ovaires continuent de fonctionner et l'effet contraceptif de la pilule est complètement réversible ! Aucune étude n'a d'ailleurs prouvé que la pilule pouvait baisser la fertilité. En revanche, on sait que la fertilité baisse avec l'âge, ce qui explique que certaines femmes ont parfois des difficultés à concevoir." Après l'arrêt de la pilule, la reprise d'un cycle normal est variable selon les femmes. Il peut y avoir des retards à l'ovulation de quelques semaines à quelques mois, mais cela reste rare et irréversible.
2. La pilule fait grossir
"Ce n'est pas systématique et cela dépend des pilules. Certaines pilules fortement dosées en œstrogènes peuvent favoriser la rétention d'eau, le stockage des graisses et entraîner une légère prise de poids de 1 à 2 kg", explique le gynécologue. Là encore, ça dépend des femmes car elles métabolisent différemment les hormones de la pilule. Au bout d'un moment, l'organisme s'habitue à ce changement hormonal et le poids se stabilise.
3. On a moins de chances de tomber enceinte si on a porté un stérilet
Plus de 8 femmes sur 10 ont déjà eu recours à la pilule contraceptive. En revanche, seulement 30% ont déjà utilisé un dispositif intra-utérin au cuivre et 19% un dispositif intra-utérin hormonal. Mais pourquoi ces méthodes contraceptives sont-elles si peu utilisées par rapport à la pilule et pourquoi les femmes sont-elles réticentes ? Certaines idées reçues persistent au sujet du DIU. "On a longtemps pensé qu'une pose de DIU mal effectué favorisait les infections génitales et les inflammations des trompes qui, si elles n'étaient pas soignées, pouvaient entraîner une stérilité. De nombreux professionnels refusent de poser un DIU aux femmes nullipares, or, rien n'empêche la pose d'un DIU chez ces femmes", explique le spécialiste. Par ailleurs, "il faut à tout prix bannir le terme "stérilet" de notre vocabulaire car le DIU ne rend absolument pas stérile : le retour à la fertilité est identique après le retrait d'un DIU. Enfin, le DIU n'augmente pas le risque d'infection par rapport à un autre contraceptif".
4. La pose d'un stérilet fait mal
"Oui, la pose d'un DIU peut faire un peu mal, mais la douleur -qui s'apparente à une petite crampe dans le ventre- est brève et peu intense. Si la douleur persiste, n'hésitez pas à consulter un médecin", recommande notre interlocuteur. Généralement, la pose d'un DIU est effectuée pendant les règles car le col de l'utérus est plus perméable. Sachez qu'il est aussi possible de se faire prescrire un anti-douleur pour détendre son col avant l'intervention.
5. Les règles sont plus abondantes avec un stérilet
"Si la femme a déjà des règles abondantes sans contraception, la pose d'un DIU au cuivre peut augmenter légèrement son flux. En revanche, la pose d'un DIU hormonal a souvent l'effet inverse et a tendance à supprimer les règles", explique le gynécologue.
Autres freins à la contraception
Parmi les femmes non ménopausées qui ne souhaitent pas utiliser de contraception, il y a celles qui n'ont pas de relations sexuelles avec un homme (43%), celles qui veulent tomber enceinte (12%), celles qui ont eu recours à la contraception définitive comme la ligature des trompes (8%), celles qui ne peuvent pas avoir d'enfant ou dont le conjoint est stérile (5%) et celles qui n'utilisent pas de contraception pour des raisons religieuses (3%).
*Source : Etude "Les Françaises et la contraception : Sondage OpinionWay pour le Laboratoire CCD", sur un échantillon de 1 003 femmes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus et constitué selon la méthode des quotas (critères d'âge, de catégorie socio-professionnelle, d'agglomération et de région de résidence). Les interviews ont été réalisées du 19 au 23 août 2019.