Vaincre la faim émotionnelle : signes, quand s'inquiéter ?

Le stress, l'anxiété, la tristesse, la solitude... Certaines personnes gèrent leurs émotions en s'alimentant de manière compulsive. C'est ce que l'on appelle la faim émotionnelle. Quelles sont les causes ? Comment la reconnaitre ? Quand s'inquiéter et comment la vaincre ? Réponses avec le Dr Béatrice Millêtre, psychologue.

Vaincre la faim émotionnelle : signes, quand s'inquiéter ?
© Goffkein

Les émotions provoquent chez certaines personnes une alimentation compulsive, sans avoir vraiment faim. La faim dite émotionnelle se distingue de la faim physiologique puisqu'elle ne provient pas d'un besoin de l'organisme mais d'une pulsion du cerveau liée à un état émotionnel. Quelles sont les causes de la faim émotionnelle ? Quels en sont les signes ? Quand s'inquiéter ? Et comment vaincre la faim émotionnelle ?

Définition : c'est quoi la faim émotionnelle ?

"Lorsque vous mangez sans avoir faim et que cette action est dictée par une émotion (consciente ou non), on parle de faim émotionnelle. Ce type de comportement alimentaire peut concerner autant une émotion positive qu'une émotion négative" indique le Dr Béatrice Millêtre, docteure en psychologie. Chaque personne développe sa façon de gérer les émotions et l'une d'entre elle est l'alimentation. "Le sucre stimule les centres du plaisir et de la satisfaction du cerveau. Dès lors, il y a un aspect hédonique dans l'alimentation qui peut provoquer une addiction et une faim émotionnelle" ajoute la psychologue.

Causes : pourquoi dit-on "manger ses émotions" ?

La faim est sous le contrôle du cerveau. On distingue le fait d'être rassasié (l'intestin est plein) de la satiété (le cerveau enregistre que j'ai assez mangé pour ce repas). Des neurones du cerveau changent de forme pour vous indiquer que vous n'avez plus faim. "Manger ses émotions" est une expression qui traduit l'idée de s'alimenter pour atténuer des émotions positives ou négatives (le stress, la peur, la colère, l'ennui, la solitude...). Manger un morceau de chocolat parce que je m'ennuie ou que j'ai un coup de fatigue occasionnellement ne constitue pas un problème. Mais dès lors que cela est trop fréquent, la faim émotionnelle peut se transformer en pathologie alimentaire (anorexie, boulimie).

Quels sont les signes d'une faim dite émotionnelle ? 

La faim réelle au sens de physiologique se manifeste par des gargouillis dans l'estomac ou la capacité de manger des choses que l'on aime moins (pas seulement du sucre ou des aliments plaisirs) par exemples. L'organisme n'a besoin que de 3 ou 4 repas par jour, si vous mangez en dehors de ces moments, vous êtes dans la faim émotionnelle. Par ailleurs, si vous mangez parce que vous êtes stressé, anxieux, triste ou joyeux, c'est-à-dire si votre alimentation permet de gérer une émotion, c'est un signe de faim émotionnelle. Enfin, culpabiliser après un repas est également un marqueur de faim émotionnelle.

Si l'alimentation engendre une culpabilité, il faut consulter

Quand s'inquiéter quand on mange compulsivement ?

S'alimenter de manière compulsive, sans faim et de manière récurrente doit amener le patient à consulter un psychologue, un psychiatre ou un nutritionniste. Dès lors que l'alimentation engendre des émotions secondaires négatives telles que la culpabilité (plus je m'en veux, plus je craque à nouveau), on doit se faire aider. "Par exemple, une de mes patientes avait cadenassé son frigo et l'avait transporté au fond de son jardin. Et pourtant la nuit elle ne pouvait s'empêcher de se lever et de manger. Elle est venue consulter et s'en est sortie en quelques séances, en rééquilibrant son alimentation" illustre le Dr Millêtre.

Le repas doit durer au moins 20 minutes

Comment vaincre la faim émotionnelle ?

Il est important de consulter dès lors que l'on ne se sent pas capable de résister à des pulsions alimentaires, que l'on entretient un rapport conflictuel avec l'alimentation. Une thérapie, des séances d'hypnose... plusieurs solutions existent ! Il faut prendre en charge le problème le plus tôt possible afin d'éviter de basculer dans la pathologie alimentaire (anorexie, boulimie, etc) qui met en danger la santé. Par ailleurs, quelques astuces peuvent aider à rééquilibrer son alimentation :

  • Manger de tout sans se priver en quantité raisonnable.
  • Le repas doit durer au moins 20 minutes pour que le cerveau reçoive l'information que vous êtes rassasié (en posant plusieurs fois sa fourchette au cours du repas par exemple)
  • Tenir un carnet alimentaire et noter les aliments, les quantités et l'émotion que l'on a ressenti au moment de les manger
  • Commencer le repas par des crudités
  • S'autoriser un morceau de chocolat, une part de gâteau etc sans culpabiliser 

Merci au Dr Béatrice Millêtre, docteure en psychologie.

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