Éthique médicale : c'est quoi, les 4 principes, pour qui ?
L'éthique médicale regroupe l'ensemble des règles de conduite des professionnels de santé par rapport aux patients (déontologie, morale, science). Quels sont les principes ? Qu'est-ce que l'éthique en milieu hospitalier ? Définition et exemple avec le Pr Régis Aubry, Président de la Plateforme nationale de recherche sur la fin de vie et membre du Comité Consultatif National d'Ethique.
Dans certaines situations, les valeurs sociétales et humaines peuvent entrer en conflit avec ce qui est possible de faire médicalement et scientifiquement. Le comité consultatif national d'éthique, les espaces de réflexion éthique régionaux et les comités d'éthiques attachés à des établissements de santé et/ou des établissements médicosociaux sont là pour assurer le respect de la personne malade grâce à quatre grands principes. Quels sont-ils ? Quelle différence avec la déontologie et la bioéthique ? Éclairage avec le Pr Régis Aubry, Président de la Plateforme nationale de recherche sur la fin de vie et membre du Comité Consultatif National d'Ethique.
Définition : c'est quoi l'éthique médicale ?
Les lois permettent de maintenir des limites, des interdits car ce qui est admissible pour un individu ne l'est pas forcément pour la société
"On parle d'éthique médicale lorsque les acteurs de la santé sont confrontés à la question des limites du supportable, de la vie ou encore du savoir", décrit le Pr Régis Aubry, Président la Plateforme national de recherche sur la fin de vie et membre du Comité Consultatif National d'Éthique. Face à une situation d'incertitude, les professionnels de santé peuvent ainsi faire appel à une approche interdisciplinaire afin de croiser les regards autour de cette situation. Les comités nationaux d'éthique présents dans plusieurs pays ont ainsi été créés dans le but d'éviter que la médecine n'aille au-delà du respect de la personne. "Doit-on faire au seul motif que l'on sait faire ? Les lois permettent de maintenir des limites, des interdits car ce qui est admissible pour un individu ne l'est pas forcément pour la société", souligne le Pr Régis Aubry.
Quels sont les principes de l'éthique médicale ?
L'éthique est fondée autour de quatre grands principes :
- L'autonomie : le respect de la personne de son autonomie, sa capacité à être acteur et à décider de sa propre santé.
- La bienfaisance : faciliter et faire le bien, contribuer au bien-être du patient. "Il est nécessaire de bien peser le rapport entre les bénéfices et les risques potentiels."
- La non-malfaisance : l'obligation de ne pas nuire. "Ne pas intervenir sur le corps du patient dans son accord libre et éclaire", ajoute le Pr Aubry.
- La justice : apporter le même traitement de façon juste et/ou équitable à tous les patients. "Tout ce qui est possible d'être fait doit l'être pour tous et pas seulement pour certaines catégories de personnes."
Qui doit respecter une éthique médicale ?
"L'ensemble des partenaires, qu'il s'agisse des professionnels de santé ou toute personne intervenant auprès de la personne malade, y compris le malade lui-même", explique le membre du CCNE.
L'éthique appelle à réfléchir sur les valeurs autour d'un acte médical à l'inverse de la déontologie qui fixe des règles claires.
Quelle différence entre éthique médicale et la bioéthique ?
L'éthique et la bioéthique se rejoignent autour d'enjeux communs. L'éthique s'applique indifféremment à tous les domaines de la médecine et surtout aux comportements à respecter auprès des malades. La bioéthique, elle, concerne davantage les conflits de valeurs autour de l'avancée techno-scientifique dans le domaine du vivant comme la procréation médicalement assistée (PMA), la gestation pour autrui (GPA), le don d'organes…
Quelle différence entre éthique médicale et déontologie ?
La déontologie est l'ensemble des devoirs et obligations imposés aux membres d'une corporation comme l'ordre des médecins ou des infirmiers. Les règles de déontologie s'appliquent de manière identique à tous les membres du groupe. Si ces règles ne sont pas respectées, une autorité se charge alors d'imposer des sanctions. "Il y a bien un lien entre déontologie et éthique" mais l'éthique appelle à réfléchir sur les valeurs autour d'un acte médical à l'inverse de la déontologie qui fixe des règles claires.
Merci au Pr Régis Aubry, membre du Comité Consultatif National d'Éthique.