Hypotrophie : définition, cause, comment la traiter ?
L'hypotrophie désigne le développement inférieur à la normale d'un organe quelconque du corps. L'hypotrophie peut être testiculaire, foetale, thyroïdienne, rénale... Causes, diagnostic, traitements... Explications et conseils dédiés avec nos médecins.
Définition : c'est quoi une hypotrophie ?
Au sens large, l'hypotrophie désigne le développement inférieur à la normale d'un organe quelconque du corps, le plus souvent en raison d'une dénutrition ou d'un problème génétique. Dans le cas inverse (développement d'un organe supérieur à la normale) on parle d'hypertrophie. Le terme "hypotrophie" est très utilisé en pédiatrie : un bébé est ainsi dit "hypotrophique" si son poids est en dessous du 10e percentile des courbes de référence. C'est souvent le cas des bébés prématurés. L'hypotrophie peut aussi être diagnostiquée avant terme, par échographie : on parle alors d'hypotrophie fœtale. "Le terme "hypotrophie fœtale" est désuet. Aujourd'hui, on distingue deux notions : les enfants qui présentent un retard de croissance intra-utérin (RCIU), et ceux qui ont un petit poids pour l'âge gestationnel (PAG)", rectifie le Dr Pierre-Yves Wachter. Une fille est considérée comme PAG lorsque son poids est inférieur à 3kg à 41 semaines d'aménorrhée. La limite pour un garçon est fixée à 3,3kg. Cela signifie que 90% des bébés qui naissent à terme font plus que ce poids-là. Ce concept est purement statistique : on considère qu'un enfant est PAG si ses mensurations sont inférieures au 10e percentile, ce qui signifie qu'il fait partie des 10% des bébés les plus petits pour cet âge gestationnel. "Le RCIU désigne quant à lui un défaut de croissance. À l'échographie, l'obstétricien mesure le périmètre crânien, l'abdomen, et la longueur du fémur pour estimer le poids fœtal. Ces données sont placées sur une courbe, et lorsque l'enfant arrête de grandir, on parle de retard de croissance in-utéro", continue-t-il.
C'est quoi un frottis hypotrophique ?
"Un frottis vaginal et cervical témoigne de l'état de la muqueuse vaginale et du col de l'utérus, on dit qu'il traduit sa trophicité. Il est qualifié d'hypotrophique lorsque les cellules et le tissu examinés sont plus minces et rétrécis. Cela est généralement bénin et signifie que le niveau de certaines hormones a diminué dans l'organisme. Le frottis hypotrophique concerne généralement les femmes après un accouchement, les femmes ménopausées ou encore celles qui prennent un contraceptif hormonal depuis plusieurs années", explique le Dr Patrick Aubé, médecin généraliste.
Quelles sont les causes d'une hypotrophie ?
Les causes de l'hypotrophie dépendent de l'organe qui est touché :
► L'hypotrophie testiculaire peut être liée à l'âge, à un déséquilibre hormonal, à une varicocèle (dilatation des veines au niveau du cordon spermatique), à la prise d'anabolisants, à une infection sexuellement transmissible, à une torsion testiculaire, à une augmentation de la température testiculaire ou encore à un cancer des testicules.
► L'hypotrophie musculaire, qui se caractérise par une diminution du volume du muscle, fait généralement suite à une immobilisation physique prolongée, une malnutrition ou une blessure. Elle peut également être due à une myopathie héréditaire (myopathie de Duchenne) ou à une myopathie acquise (maladie du muscle liée à une inflammation par exemple).
► L'hypotrophie thyroïdienne, qui correspond à une diminution progressive du volume de la thyroïde, est généralement due à une maladie auto-immune. Elle peut également être provoquée par une radiothérapie anticancéreuse effectuée dans la région du cou ou de la poitrine.
► L'hypotrophie rénale, qui se traduit par la taille anormalement petite d'un rein, résulte généralement d'une insuffisance rénale.
Les causes de l'hypotrophie fœtale sont quant à elles nombreuses :
► Une cause constitutionnelle : 1/3 des enfants petits pour l'âge gestationnel le sont naturellement, sans que cela soit lié à une maladie.
► Une pathologie maternelle pendant la grossesse : mauvais fonctionnement du placenta, pré-éclampsie, hypertension artérielle. "Quand un enfant ne grossit pas dans le ventre de sa maman, on recherche une hypertension et la présence de protéines dans les urines. Une exploration des échanges entre la mère et le fœtus grâce au doppler à l'échographie permet de déceler d'éventuelles anomalies", indique le néonatologue et pédiatre réanimateur.
► Une infection materno-fœtale pendant la grossesse : toxplasmose, CMV, rubéole. "La maman contracte un virus durant la première partie de sa grossesse, cela n'a pas de conséquence particulière pour elle, mais cela peut se révéler dangereux pour le fœtus. Une amniocentèse sera effectuée pour rechercher des traces d'infection dans le liquide amniotique", détaille le spécialiste.
► Une exposition aux toxiques : tabac, alcool, drogues. Plus la consommation est importante, moins le potentiel de croissance du fœtus va s'exprimer.
► Un problème de santé maternel : malformation utérine, insuffisance cardiaque, rénale, malnutrition…
► Une maladie génétique du fœtus : "en cas de suspicion d'anomalie chromosomique, une amniocentèse sera indiquée et on proposera aux parents la recherche de maladies génétiques pouvant être associées à des petites tailles", informe notre interlocuteur.
► Une grossesse multiple : on sait que plus il y a de fœtus, plus ils seront petits.
Comment est posé le diagnostic d'une hypotrophie ?
Le diagnostic est confirmé à la pesée du nouveau-né
Le diagnostic d'une hypotrophie est posé à l'examen clinique, notamment par la palpation de l'organe en question quand cela est possible. Des examens complémentaires (prise de sang, imagerie) peuvent être demandés. "Par exemple, dans le cadre d'une hypotrophie testiculaire, une prise de sang va être effectuée pour rechercher une éventuelle infection sexuellement transmissible et dresser un bilan hormonal. Une échographie des testicules sera également réalisée. Une hypotrophie rénale sera confirmée grâce à l'imagerie médicale (scanner, IRM)", indique le médecin généraliste. Le diagnostic d'une hypotrophie fœtale peut quant à lui être posé pendant la grossesse grâce à la mesure du périmètre crânien, du périmètre abdominal et de la longueur du fémur. "Mais il faut savoir qu'il existe toujours une marge d'erreur comprise entre 10 et 15%. Le diagnostic final est confirmé à la naissance, au moment de la pesée du nouveau-né", nuance le Dr Pierre-Yves Wachter.
Que faire en cas d'hypotrophie testiculaire ?
En cas d'hypotrophie testiculaire, il est recommandé de consulter son médecin traitant ou un urologue. Celui-ci demandera une échographie des testicules et un bilan sanguin.
Que faire en cas d'hypotrophie musculaire ?
Il est recommandé de consulter son médecin traitant. Celui-ci prescrira des examens d'imagerie, un bilan sanguin voire un électromyogramme pour évaluer la force du muscle. Le traitement de l'hypotrophie musculaire dépendra de sa cause. La rééducation en kinésithérapie et la pratique d'une activité physique sont indispensables pour mobiliser le muscle hypotrophié et favoriser la récupération.
Que faire en cas d'hypotrophie thyroïdienne ?
Consulter son médecin traitant face à des signes faisant évoquer un dysfonctionnement de la thyroïde : fatigue, sautes d'humeur, cheveux et ongles cassants, prise de poids inexpliquée…Autant de symptômes traduisant un ralentissement du métabolisme. Celui-ci prescrira un dosage de la TSH (hormone thyréostimuline) afin de détecter une anomalie de la glande thyroïde, ainsi qu'une échographie de la thyroïde.
Que faire en cas d'hypotrophie rénale ?
L'hypotrophie rénale ne peut être diagnostiquée que par l'imagerie (scanner, IRM). Il est conseillé de consulter en présence de symptômes faisant suspecter un dysfonctionnement des reins (difficultés à ruiner, douleurs à la miction, besoins fréquents d'uriner, fatigue, perte d'appétit, crampes musculaires). Le traitement sera déterminé selon la cause de l'hypotrophie rénale.
Quel est le traitement d'une hypotrophie fœtale ?
L'hypotrophie peut aussi être diagnostiquée avant terme, par échographie : on parle alors d'hypotrophie fœtale. Avant la naissance, il n'existe pas de traitement à proprement parler, si ce n'est d'agir sur les causes associées. Par exemple, traiter l'hypertension, aider la future maman à se sevrer du tabac si elle fume, l'aider à mieux manger si elle souffre de malnutrition, etc. "En cas de cause génétique identifiée chez le fœtus, la prise en charge se fera à la naissance. Un RCIU très sévère peut constituer une indication à faire naître l'enfant prématurément, c'est ce que l'on appelle la prématurité induite. Cette décision est prise de manière collégiale par les pédiatres et les obstétriciens après évaluation de la balance bénéfice-risques", précise le spécialiste. À la naissance, le nouveau-né est exposé au risque d'hypoglycémie car compte tenu de sa petite taille, il a moins de réserves disponibles. Il va éprouver des difficultés pour maintenir de manière efficace son taux de sucre dans le sang, une surveillance glycémique va donc être mise en place durant ses trois premiers jours de vie. "On va également faire attention à ce qu'il ait chaud car il va puiser dans ses réserves énergétiques pour produire de la chaleur, ce qui peut induire une chute de la glycémie. Dans les cas les plus sévères, on pourra être amené à proposer une nutrition à l'aide d'une sonde gastrique voire à perfuser l'enfant pour lui apporter du sucre par voie intraveineuse", tient à préciser le Dr Pierre-Yves Wachter. "Les enfants nés petits pour l'âge gestationnel présentent plus de risques de développer un diabète de type 2, de devenir obèse, d'avoir un taux de cholestérol élevé, une hypertension artérielle, de faire un AVC ou un infarctus du myocarde", note le pédiatre réanimateur.
Merci au Dr Pierre-Yves Wachter, néonatologue et pédiatre réanimateur au CHI de Poissy, ainsi qu'au Dr Patrick Aubé, médecin généraliste.