Personne alcoolique : comportement, que faire, comment l'aider ?

L'alcoolisme concerne environ 2 millions de personnes en France et serait responsable de plus de 40 000 décès par an. Comment reconnaître une personne alcoolique ? Que faire si elle est dans le déni et qu'elle ne veut pas se soigner ? Comment l'aider ? Que faut-il éviter de lui dire ? Conseils du Dr Lisa Blecha, addictologue.

Personne alcoolique : comportement, que faire, comment l'aider ?
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Définition : qu'est-ce que l'alcoolisme ?

Une personne alcoolique souffre d'une addiction à l'alcool. Il s'agit donc d'une dépendance à cette substance qui entraîne une perte de contrôle dangereuse. L'alcoolodépendance définit "toute conduite d'alcoolisation caractérisée par la perte de la maîtrise de la consommation". L'alcoolisme se caractérise notamment par :

  • la nécessité progressivement accrue d'augmenter sa consommation, 
  • des symptômes de manque en cas d'arrêt de prise de la substance,
  • toutes les pathologies consécutives à cet excès: l'alcoolodépendance est en effet à l'origine d'une série de troubles à la fois physiques, mentaux et sociaux, car la personne s'isole et s'exclut souvent elle-même de la société.

Quel est le comportement d'une personne alcoolique ?

L'alcool devient prioritaire et prend progressivement une place excessive dans la vie de la personne.

La consommation d'alcool de la personne dépendante est de plus en plus fréquente, les quantités qu'elle absorbe sont de plus en plus importantes et elle peut devenir "agressive" si elle est privée de cette substance. "L'alcool devient prioritaire et prend progressivement une place excessive dans la vie de la personne. Celle-ci peut préférer consommer de l'alcool plutôt que de travailler ou de passer du temps avec ses proches. A un stade avancé, la personne considère que l'alcool est un besoin, nécessaire pour réguler ses émotions ou pour se sentir normale", commente le Dr Lisa Blecha.

Sevrage, associations, médicaments, addictologue : comment l'aider ?

Lui faire des reproches en permanence et trop en faire pour lui est une très mauvaise idée parce que cela le déresponsabilise.

Le traitement de l'alcoolisme nécessite une prise de conscience du problème par le patient et son adhésion à la prise en charge. Autrement dit, on ne pourra aider la personne que si elle est consciente de son addiction et que si elle veut changer. La prise en charge commence par la mise en place d'un sevrage, plus ou moins progressif avec la mise en place d'objectifs de diminution de consommation et un suivi régulier. Le patient peut se faire aider dans cette étape difficile en se rendant dans des groupes de paroles tels que les Alcooliques Anonymes, par exemple. Il s'agit également d'éviter la rechute en mettant en place un soutien psychothérapeutique. Là encore, les associations ont leur rôle à jouer. Enfin, il existe des médicaments qui diminuent l'envie de consommer de l'alcool. Depuis peu, le baclofène (à l'origine, un myorelaxant) semble donner de bons résultats et des études sont en cours pour valider sa pertinence comme aide au sevrage alcoolique. "Ce qui est le plus difficile pour l'entourage, c'est le fait que le patient ne se rende pas compte qu'il est en train de tout sacrifier pour l'alcool. En revanche, lui faire des reproches en permanence et trop en faire pour lui, notamment en prenant ses rendez-vous médicaux à sa place, est une très mauvaise idée parce que cela le déresponsabilise, prévient l'addictologue. J'ai souvent l'impression que les familles veulent mettre le patient à l'abri or souvent, il n'y a pas eu de conséquences négatives suffisamment importantes pour que le patient ait conscience de son problème".

Que faire si elle est dans le déni ?

"Le déni vient du fait que la personne alcoolique n'a pas pris conscience des conséquences négatives à son comportement. Pour l'aider, on peut lui dire "je pense que tu bois trop d'alcool et je suis inquiet pour toi, je suis prêt à t'accompagner dans ta démarche", explique la spécialiste. Généralement, je vois les patients en bout de chaîne, quand l'alcool a provoqué des dégâts comme une cirrhose ou une neuropathie. À partir du moment où le patient a cette prise de conscience et qu'il décide d'agir, on va pouvoir travailler. Il existe de nombreuses portes d'entrée dans les soins. Si le patient se sent à l'aise avec son médecin traitant, il peut lui en parler et si celui-ci ne se sent pas apte à prendre cela en charge, il peut le référer à un addictologue".

Rechute : comment réagir si elle a recommencé à boire ?

La consommation d'alcool est, chez les personnes alcooliques, un rituel 

"Il faut savoir que l'alcoolisme modifie la manière dont le cerveau fonctionne, il y a un vrai conditionnement, indique le Dr Lisa Blecha. Prenons l'exemple d'un patient qui a fait un sevrage. Il est parti pendant trois ou quatre mois en dehors de son milieu et son cerveau s'est habitué à ne pas consommer d'alcool mais dans un environnement donné. Le souci va se poser lorsqu'il va revenir dans le même environnement avec les mêmes personnes et les mêmes habitudes puisque la consommation d'alcool est un rituel ". C'est ce qui fait toute la complexité de travailler avec ces patients parce que bien souvent, ils ne se rendent pas compte de toutes les séries d'éléments qui vont aboutir à ces consommations d'alcool.

Merci au Dr Lisa Blecha, addictologue.

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