Médecin scolaire : rôle, missions, quand et comment le contacter ?
Les missions qui incombent au médecin scolaire sont nombreuses mais clairement définies. Son rôle de prévention et d'éducation à la santé est primordial au sein de l'école et auprès des enfants. Explications avec le Dr Marianne Barré, médecin scolaire et secrétaire générale adjointe du SNMSU-UNSA Éducation.
Définition : qu'est-ce qu'un médecin scolaire ?
La médecine scolaire est un service public, sous l'égide du ministère de l'Éducation nationale. La fonction du médecin scolaire relève à la fois de la santé individuelle et de la santé publique. Son rôle n'est pas de soigner, mais d'intervenir en milieu scolaire dans un but préventif et éducatif. Pour contribuer à leur réussite scolaire, il suit la santé des enfants et leurs aptitudes à pouvoir apprendre. Il préconise soins et adaptations de leur scolarité, si leur état de santé le nécessite. "S'il détecte chez un élève un problème de santé nuisant à sa capacité d'apprentissage, le médecin scolaire pose un diagnostic et l'oriente vers les professionnels de santé adaptés", rappelle le Dr Marianne Barré, médecin scolaire. Il n'établit pas lui-même de prescription, son rôle est de faire le lien entre l'enfant et sa famille, l'établissement scolaire, et les différents professionnels de santé qui prennent en charge l'élève.
Quelles sont ses missions ?
Dépistage et éducation à la santé
Les missions du médecin scolaire regroupent : le dépistage (pathologies, handicaps et troubles de l'apprentissage), l'intégration scolaire des élèves à besoins particuliers (handicapés, maladies chroniques, troubles des apprentissages) et le signalement d'éventuelles situations de maltraitance. Le médecin scolaire sensibilise également les élèves à la santé, à l'hygiène, à la sécurité et à l'ergonomie, en mettant en place des actions permettant d'améliorer leur qualité de vie.
Bilans de santé
Le médecin scolaire réalise des bilans de santé pour les enfants au cours de leur scolarité. Il peut détecter précocement chez l'enfant de 5 à 6 ans d'éventuelles difficultés d'apprentissage et de santé lors de la visite médicale obligatoire de grande section de maternelle. "Il fait également des visites médicales pour les élèves mineurs en formation professionnelle s'ils doivent réaliser des travaux réglementés", poursuit notre interlocutrice.
Suivi spécifique
Le médecin scolaire intervient dans les prises de décisions relatives à la scolarisation d'un enfant nécessitant un suivi particulier pour raison de santé physique ou psychique. "Par exemple, il travaille en collaboration avec l'équipe éducative (chef d'établissement, enseignants, parents, psychologue scolaire et toute personne à qui incombe la responsabilité éducative d'un élève) pour les PAI (Projet
d'Accueil Individualisé) en cas de maladie chronique comme le diabète, pour les PAP (Plan d'Accompagnement Personnalisé) en cas de trouble des apprentissages comme la dyslexie et aussi avec l'équipe de suivi de la scolarisation, dans le cadre d'un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) en cas de handicap", détaille le médecin.
Actions en urgence
Le médecin scolaire est habilité à mettre en place des dispositifs adaptés en cas d'événements graves, comme le décès d'un élève, ou de maladies transmissibles survenus en milieu scolaire, comme les toxi-infections alimentaires collectives ou les méningites en lien avec l'ARS (agence régionale de santé). Il peut également intervenir en urgence auprès d'enfants ou d'adolescents en danger en cas de maltraitance physique, psychologique ou de violences sexuelles en lien avec les services de protection de l'enfance.
Rôle dans le Plan d'Accompagnement Personnalisé
"Dans le cadre d'un PAP (Plan d'Accompagnement Personnalisé), le rôle du médecin scolaire est de détecter des troubles des apprentissages comme la dyslexie et d'orienter les enfants vers des professionnels de santé pour poser un diagnostic", ajoute le Dr Barré. Une fois le diagnostic posé, le médecin scolaire sera à même de donner des indications à l'équipe enseignante pour mettre en place des aménagements pédagogiques.
Où exerce-t-il ?
Le médecin de l'éducation nationale s'occupe des élèves de la grande section de maternelle à la terminale des lycées généraux, technologiques et professionnels de l'enseignement public. "Avant, les médecins scolaires exerçaient aussi dans le privé ; ce n'est plus le cas dans tous les départements, sauf dans certaines régions où l'enseignement privé est très présent, comme en Bretagne ou dans les Pays de La Loire", souligne Marianne Barré. Chaque médecin scolaire a la responsabilité de nombreux établissements scolaires d'un secteur géographique (écoles maternelles, élémentaires, collèges et lycées). En raison de la pénurie de médecins (800 médecins scolaires environ pour 12,5 millions d'élèves), chaque médecin est en charge de 10 000 élèves, voire plus !
Quand et comment le contacter ?
Pour joindre le médecin scolaire en charge de l'établissement scolaire de leur enfant, les parents peuvent demander les coordonnées de sa secrétaire médico-scolaire au chef d'établissement. Les secrétaires médico-scolaires sont joignables pendant toute l'année scolaire et une partie des vacances scolaires.
Devenir médecin scolaire
"Le médecin scolaire, fonctionnaire de l'Éducation nationale, est recruté par voie de concours, explique notre experte. Le lauréat est alors stagiaire pendant un an, au cours duquel il alterne des périodes de formation théorique organisées par l'EHESP (École des Hautes Études en Santé Publique) et des stages". Pour postuler, il faut déjà être docteur en médecine.
Salaire : rémunération du médecin scolaire
"La rémunération des médecins de l'éducation nationale est peu attractive : ce sont les médecins fonctionnaires les plus mal payés ! Un médecin scolaire débutant est rémunéré moins de 2000 € par mois", conclut le médecin scolaire. Cela retentit fortement sur les possibilités de recrutement dans un contexte de pénurie médicale sur tout le territoire national ; cela compromet à court terme l'avenir d'une profession essentielle pour le bien-être et la réussite des élèves, en particulier les élèves à besoins particuliers.
Merci au Dr Marianne Barré, médecin scolaire et secrétaire générale adjointe du SNMSU-UNSA Éducation.