Sueurs nocturnes : causes, solutions, quand s'inquiéter ?
Draps mouillés, vêtements aussi... Les bouffées de chaleur la nuit sont un symptôme fréquent chez la femme, notamment à la (pré)ménopause ou en cas de contraceptif inadapté. Mais il peut s'agit parfois d'une cause plus grave.
Les sueurs nocturnes, qu'on appelle aussi des bouffées de chaleur nocturnes, se manifestent par une transpiration excessive et soudaine, qui peut réveiller et mouiller les draps et les vêtements pendant la nuit. C'est un symptôme fréquent chez la femme, surtout à la ménopause. Qu'est-ce qui peut provoquer des sueurs nocturnes ? Quand s'inquiéter ? Comment les atténuer ?
Quelles sont les causes d'une sueur nocturne chez la femme ?
"Les sueurs nocturnes sont principalement causées par une variation hormonale, plus précisément par une baisse des œstrogènes", explique le Dr Elisabeth Paganelli, gynécologue médicale et secrétaire générale du Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France (SYNGOF). Ce phénomène peut survenir dans différents contextes :
► Pendant la pré-ménopause ou la ménopause. A cette étape de la vie, le taux d'hormones d'œstrogènes diminue irrégulièrement, puis chute, ce qui perturbe le fonctionnement normal de l'hypothalamus, le principal centre thermorégulateur.
► Chez certaines femmes sous stérilet (DIU hormonal) ou sous pilules progestatives pour lesquelles le taux d'estradiol (un œstrogène) des ovaires peut être diminué.
► Aussi, "quand on veut freiner une endométriose sévère (par exemple avant une opération), on administre à la patiente des analogues qui bloque la fonction de l'ovaire, ce qui fait qu'elle n'a pratiquement plus d'estradiol fabriqué par ses ovaires et ce faible taux peut provoquer des bouffées de chaleur nocturnes", continue notre interlocutrice.
► Dans le cas d'un cancer du sein hormono-dépendant, les cellules cancéreuses ont des récepteurs positifs aux œstrogènes. "Pour limiter le risque de récidive, on peut prescrire à la patiente des médicaments qui visent à bloquer la fabrication d'œstrogènes (anti-aromatases par exemple), ce qui peut engendrer des bouffées de chaleur nocturnes", explique la gynécologue.
► Il y a aussi tout un tas de causes environnementales qui peuvent entraîner une hypersudation nocturne comme :
- Une chambre surchauffée
- Du linge de lit inadapté (couette trop chaude, draps en matière synthétique...)
- Le port de vêtements trop chauds pour dormir
- La pratique d'un sport juste avant le coucher (ce qui augmente la température corporelle)
- Le fait de manger très épicé/pimenté au dîner
- Une consommation excessive d'alcool avant d'aller dormir
- Un fort stress
- La prise de certains médicaments (comme certains antidépresseurs, médicaments du diabète, Viagra...)
Quelles sont les causes des sueurs nocturnes chez l'homme ?
Outre les facteurs environnements cités préalablement, chez l'homme, les sueurs nocturnes sont souvent liées à une baisse du taux de testostérone (la testostérone diminue progressivement avec l'âge, mais particulièrement à l'andropause, entre 45 et 65 ans). L'apnée du sommeil ou une hyperthyroïdie peuvent également favoriser les sueurs nocturnes.
Est-ce un signe d'infection ? De cancer ?
Dans le cas d'une infection comme la tuberculose ou un Covid-19 par exemple, les sueurs apparaissent de manière soudaine et ne sont pas exclusivement nocturnes mais surviennent également la journée. Surtout, elles sont associées à un état général très altéré avec la présence d'autres symptômes comme par exemple une importante fatigue, de la toux, de la fièvre, des courbatures, des douleurs thoraciques ou une perte de poids. Même chose en cas de cancer. "Des cancers comme le lymphome de Hodgkin peuvent entraîner des sueurs nocturnes, mais ce symptôme n'est pas isolé et s'accompagne d'autres signes qui impactent le jour et la nuit (perte d'appétit, amaigrissement, fièvre, fatigue...)", insiste le Dr Paganelli.
Quand s'inquiéter et quand consulter ?
Si elles persistent et deviennent gênantes au quotidien, les sueurs nocturnes ne sont pas à négliger et doivent amener à consulter un médecin. "Le médecin procédera à un interrogatoire du patient pour savoir si ses sueurs sont exclusivement nocturnes ou surviennent également en journée. L'état général de santé du patient (présence d'autres symptômes, d'une fatigue intense, d'une hypertension artérielle, de troubles cardiaques...) doit également être pris en compte", précise notre interlocutrice. Le médecin prescrit généralement une prise de sang et peut, en présence de signes évocateurs d'un trouble de la thyroïde comme une hyperthyroïdie, prescrire un dosage de la TSH (hormone thyroïdienne).
Quelles sont les solutions pour calmer les sueurs nocturnes ?
Le traitement dépend bien entendu de la cause :
► Dans le cas de sueurs nocturnes liées à la ménopause lorsqu'elles sont gênantes au point d'altérer la qualité de vie des femmes, un traitement hormonal substitutif peut être prescrit en l'absence de contre-indication comme un antécédent de cancer du sein, même guéri. Il faut veiller à bien respecter les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé qui insiste "sur la nécessité d'une prescription à dose minimale et pour une durée la plus courte possible", en raison d'un sur-risque de cancer du sein, de cancer de l'endomètre, de cancer de l'ovaire, de risque thromboembolique veineux et d'accident vasculaire cérébral (surtout durant la première année de traitement).
► Dans le cas de sueurs nocturnes liées à la contraception, "le gynécologue peut proposer un autre contraceptif comme une pilule oestro-progestative en l'absence de contre-indication, un DIU au cuivre ou réfléchir à une contraception définitive pour elle ou son conjoint", mentionne le Dr Paganelli.
► Dans le cas de sueurs nocturnes liées au traitement du cancer du sein hormono-dépendant, "la patiente doit poursuivre son traitement, mais on peut lui donner des conseils d'hygiène de vie et de sommeil pour atténuer leurs bouffées de chaleur (baisser la température de leur chambre, adapter leur linge de lit ou leur matelas, aérer régulièrement...)", conclut l'experte.
Merci au Dr Elisabeth Paganelli, gynécologue médicale, secrétaire générale du Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France (SYNGOF)