Effets secondaires de la cortisone : sommeil, peau, crème, lesquels ?
En infiltration, crème... On vous a prescrit de la cortisone et vous redoutez ses effets secondaires ? Risquez-vous de grossir ? De faire des insomnies ? A quels autres signes s'attendre ? Le vrai du faux sur ce médicament anti-inflammatoire incontournable avec le pharmacien Martial Fraysse.
La cortisone est produite naturellement par le corps sous forme de cortisol. Cette hormone est sécrétée par les glandes surrénales qui sont situées au-dessus du rein. La cortisone entre dans la composition de nombreux médicaments anti-inflammatoires à visée dermatologiques, rhumatismales ou parfois dans le cas de cancers. Elle peut être prise sous différentes formes : en comprimés (toujours sur prescription médicale), en injections (les plus connues sont les infiltrations contre les douleurs articulaires), en crèmes ou pommades (le plus souvent dans le traitement de l'eczéma) et en inhalation (en cas de pulvérisation nasale, par exemple dans le cas d'un traitement de fond de l'asthme). Médicament dont les bienfaits thérapeutiques ne sont plus à démontrer, la cortisone reste malgré tout associée à de nombreux effets secondaires. Certains justifiés, d'autres pas vraiment...
La cortisone perturbe-t-elle le sommeil ?
Prise le soir, la cortisone peut effectivement être responsable d'insomnie. Elle est produite naturellement dans notre corps sous forme de cortisol. "Il y a un pic de libération du cortisol dans le sang et l'organisme le matin, entre 6 et 8 heures, explique Martial Fraysse, docteur en pharmacie. Le corps y est habitué. En prenant un médicament contenant de la cortisone le soir, vous indiquez au cerveau que c'est le matin ce qui va vous empêcher de dormir." La libération naturelle du cortisol le matin conditionne ainsi la prise de cortisone sous forme médicamenteuse également le matin, au petit-déjeuner.
La cortisone fait-elle grossir ?
"La cortisone peut faire grossir car elle entraîne de la rétention d'eau", explique le pharmacien. Or "le sel attire l'eau, l'eau reste dans l'organisme et on prend du poids". Voilà pourquoi il est conseillé d'éviter ou au moins de réduire la consommation de sel quand on prend de la cortisone, particulièrement "pour les traitements de longue durée supérieurs à une semaine". Pour les traitements inférieurs à une semaine, peu de risques de gonfler !
Quand on utilise de la cortisone en crèmes, les effets secondaires (réversibles) sont d'abord locaux.
Peut-on avoir des effets secondaires après des infiltrations ?
"La cortisone peut, même en infiltration, avoir des effets secondaires similaires à ceux rencontrés quand elle est prise par voie orale" prévient Martial Fraysse. Troubles du sommeil, rétention d'eau… soyez donc vigilant(e)s surtout si les injections se répètent sur le long terme.
Quels sont les effets secondaires sur la peau ?
Quand on utilise de la cortisone en crèmes, les effets secondaires (réversibles) sont d'abord locaux. "On peut avoir une dépigmentation (la cortisone diminue le nombre de mélanocytes, cellules qui pigmentent la peau, ndlr), un amincissement de la peau, une remontée en surface des vaisseaux et la peau qui est plus fragile" , indique le pharmacien Martial Fraysse. Surtout quand elle est appliquée de façon chronique, pendant plusieurs semaines sans interruption. Mais attention, il ne faut pas pour autant interrompre son traitement : "La cortisone répond à une indication, celle-ci doit être respectée et sa posologie aussi" insiste le spécialiste.
Attention : La cortisone ne s'utilise pas en automédication sans avis médical. "C'est un cas très fréquent, témoigne Martial Fraysse. Une personne a une rougeur, elle retrouve une crème à la cortisone dans sa pharmacie, elle l'applique, mais son problème est viral, du coup la cortisone va faire flamber le virus."
Est-ce que la prise de cortisone fatigue ?
L'arrêt d'une prise de cortisone ne doit pas être brutal. "Quand on en a pris pendant 15 jours, quelle que soit la voie, il y a un phénomène de sevrage" prévient notre interlocuteur pharmacien. La cortisone est fabriquée naturellement par les glandes surrénales. Quand on en prend sous forme de médicament, elles se mettent au repos, elles n'en fabriquent plus. Quand on arrête la prise, on se retrouve en insuffisance surrénalienne. Il faut diminuer le traitement progressivement pour que les surrénales redémarrent petit à petit. "Si on le fait brutalement, on est fatigué, on n'arrive plus à avancer, on a tout le temps envie de dormir". Demandez conseil à votre médecin lors de la prescription.
Augmente-t-elle la glycémie ?
Cela fait partie de son mode d'action normal : la cortisone augmente la glycémie soit le taux de sucre dans le sang. "C'est un glucocorticoïde, un dopant qui augmente le carburant disponible pour les cellules. C'est pour cela que sa prise est interdite lors de compétitions" indique Martial Fraysse. Avant d'ajouter que cet effet de la cortisone peut aussi contribuer à la prise de poids.
En cas de diabète : le médecin doit modifier les apports d'insuline pour ne pas causer de déséquilibre.
Quels effets secondaires sur les os ?
Prise en comprimés, en crèmes ou en infiltrations, la cortisone peut rendre les os plus fragiles. Et même entraîner "une destruction osseuse quand la prise se fait sur des années" note Martial Fraysse. "La cortisone augmente la dégradation de l'os, cela correspond à une ostéoporose plus précoce aussi bien chez l'homme que chez la femme, il faut faire attention et surveiller la densité osseuse."
Merci à Martial Fraysse, docteur en pharmacie (propos recueillis en avril 2019).