Hémiparésie : définition, causes, comment la soigner ?
Paralysie d'un hémicorps, c'est-à-dire de la moitié droite ou gauche du corps, l'hémiparésie est liée à un dysfonctionnement du système nerveux central. Quels sont les symptômes ? Les traitements ? Quand faire de la rééducation ? Réponses avec le Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse.
Définition : qu'est-ce qu'une hémiparésie ?
L'hémiparésie correspond à la diminution de la motricité de la moitié du corps (bras/jambe) ; en cas de paralysie complète, on parle d'hémiplégie. Elle peut atteindre le côté droit ou le côté gauche, toucher l'ensemble de l'hémicorps de façon identique (on parlera d'hémiparésie proportionnelle) ou seulement une partie de l'hémicorps. Elle peut être associée à une paralysie faciale.
Quelles sont les causes d'une hémiparésie ?
L'hémiparésie est due le plus souvent à un dysfonctionnement neurologique du système nerveux central, le cerveau le plus souvent, notamment en cas d'accident vasculaire cérébral, de tumeur cérébrale, et plus rarement au niveau de la moëlle épinière (après un traumatisme par exemple).
Quels sont les symptômes d'une hémiparésie ?
L'hémiparésie se traduit par la paralysie incomplète du côté droit ou gauche du corps (partie du visage, bras, jambe, pied, main). Les symptômes d'une telle atteinte varient en fonction de la zone du cerveau qui a été touchée. "Une lésion au niveau du cerveau gauche paralyse le côté droit du corps, tandis qu'une lésion du cerveau droit paralyse le côté gauche du corps. Par exemple, si la lésion se situe dans le cerveau gauche, l'hémiparésie droite peut s'associer à une paralysie faciale droite et une aphasie, c'est-à-dire une difficulté à trouver ses mots", développe le Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre.
Quelles différences avec une hémiplégie ?
"L'hémiparésie correspond au déficit moteur d'un hémicorps, c'est-à-dire de la moitié du corps, tandis que dans l'hémiplégie, le déficit moteur est complet. Le déficit musculaire est côté de 0 à 5 (0 étant le plus grave car le sujet ne peut plus bouger du tout (plégie) et 5 il peut se mouvoir normalement)", indique la neurogériatre.
Comment est posé le diagnostic d'une hémiparésie ?
Le diagnostic de l'hémiparésie repose sur l'examen clinique. Le neurologue procède à un testing musculaire, puis à un examen neurologique qui consiste en une observation du patient (posture, démarche, comportement, troubles du langage, paralysie faciale (lèvre qui pend), réflexes, coordination…). Selon la sémiologie, le médecin va prescrire des examens complémentaires puis, dans la mesure où le plus fréquemment c'est le cerveau qui est atteint, un scanner ou une IRM cérébrale sera effectué pour déterminer ce qui créé ce déficit.
Comment soigner une hémiparésie ?
En cas d'hémiparésie surtout si elle est brutale, une consultation en urgence est nécessaire. Le traitement dépend ensuite de la cause. "Face à une personne qui se met à avoir un bras ou une jambe qui pend et/ou qui a des difficultés à s'exprimer, il est nécessaire d'appeler le SAMU pour faire une alerte de suspicion d'accident vasculaire cérébral (AVC) car s'il s'agit d'un AVC provoqué par l'obstruction d'une artère, le temps est compté", prévient la spécialiste. Le SAMU emmène le patient dans un stroke center, une unité de soins où l'on va pouvoir déboucher l'artère par thrombolyse ou thrombectomie. En cas de tumeur, une intervention chirurgicale est nécessaire. Si c'est une lésion de sclérose en plaques, il faut traiter la sclérose en plaques. "Dans ce cas d'AVC, il est primordial de lutter contre les facteurs de risque cardiovasculaires qui ont pu contribuer à la survenue de l'hémiparésie : une arythmie ou la sténose d'une artère carotidienne, une hypertension, un diabète ou une hypercholestérolémie", continue-t-elle.
Quand faire de la rééducation ?
La rééducation est nécessaire lorsque, malgré la prise en charge de l'AVC, il existe des séquelles. Celle-ci doit être progressive, et plus le déficit est important, plus la rééducation sera longue. Elle s'effectue généralement en hospitalisation au début, puis dans un centre de rééducation spécialisé.
Quand peut-on reprendre le sport ?
La reprise du sport dépend de la rééducation musculaire, de l'âge et de la condition physique. "Généralement, l'hémiparésie qui fait suite à un AVC atteint plutôt les personnes âgées donc la reprise du sport ne va pas être leur première préoccupation", nuance notre interlocutrice.
Merci au Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse et chercheuse à l'INSERM au sein de l'unité MOODS.