Maladie à prion : symptômes, transmission, diagnostic
Les maladies à prion sont des maladies neurodégénératives rares incurables et mortelles. Quels sont les symptômes ? Comment se fait la transmission ? Comment est posé le diagnostic ? Le point avec le Dr Emmanuel Cognat, neurologue.
Définition : qu'est-ce que la maladie à prion ?
Les maladies à prion, également appelées encéphalopathies spongiformes subaiguës, sont des maladies neurodégénératives rares, mais mortelles, qui progressent très rapidement. "Elles sont dues à l'accumulation de la protéine prion dans le cerveau. Celle-ci est naturellement présente dans l'organisme, mais prend ici une conformation anormale, elle va changer de forme, ce qui va induire un enchaînement d'anomalies pathologiques, débouchant sur la mort des neurones", indique le Dr Emmanuel Cognat.
Il existe trois principales maladies à prions chez l'homme :
- la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) qui peut être d'origine infectieuse, génétique ou survenir spontanément, sans avoir été en contact avec la protéine.
- l'insomnie fatale familiale (IFF) qui est due à la mutation génétique d'une protéine.
- le syndrome de Gerstmann-Straüssler-Scheinker (GSS) est une maladie héréditaire liée à une mutation sur le gène PNRP.
"Citons également la maladie de kuru, une maladie à prions acquise, qui se développait en Nouvelle-Guinée chez des tribus aborigènes qui avaient pour coutume de manger le cerveau de certains de leurs morts. Mais aussi la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, version humaine de la maladie de la vache folle, causée par la consommation de bœuf dont le cerveau est infecté par la protéine prion. Il existe des encéphalopathies spongiformes chez de nombreuses autres espèces (la tremblante du mouton et de la chèvre, les élans, les cerfs ou encore les chats)", commente le neurologue.
Quels sont les symptômes ?
Si les maladies à prion ont une très grande variété de présentation clinique, on observe des symptômes communs tels que :
- des manifestations psychiatriques avec l'apparition d'une anxiété, des délires
- des symptômes neurologiques avec en particulier des crises d'épilepsie et des myoclonies (contractions musculaires brèves sur l'ensemble du corps)
- une dégénérescence globale du système nerveux entraînant des déficits neurologiques, des difficultés d'élocution, ainsi que des troubles cognitifs importants.
L'insomnie fatale familiale se caractérise essentiellement par des insomnies à répétition, puis la survenue de démence. Le syndrome de Gerstmann-Straüssler-Scheinker se manifeste quant à lui par des troubles de l'équilibre et de la coordination des mouvements.
Comment se fait la transmission ?
L'origine de cette maladie peut être triple : sporadique (sans cause spécifique identifiable) le plus souvent, rarement génétique, mais aussi transmissible (infectieuse) de manière exceptionnelle : consommation de bœuf infecté (environ 200 cas rapportés dans le monde), intervention chirurgicale réalisée avec des instruments contaminés (historiquement, l'utilisation de matériel à usage unique depuis de nombreuses années permet d'éviter cette transmission), transfusion effectuée avec du sang contaminé (3 cas dans le monde).
"Citons également le scandale de l'hormone de croissance, survenu entre 1983 et 1985. À l'époque, on prélevait l'hypophyse (la glande cérébrale qui fabrique l'hormone de croissance) sur des cadavres pour en extraire l'hormone de croissance et on l'administrait aux enfants pour les traiter. Malheureusement on s'est aperçu qu'on avait transmis avec l'hormone de croissance la protéine prion pathologique à certains patients qui ont développé quelques années plus tard la maladie de Creutzfeldt-Jakob", ajoute le spécialiste.
Comment est posé le diagnostic ?
"Le diagnostic de certitude ne peut être obtenu qu'en post-mortem, par l'analyse du tissu cérébral", explique notre interlocuteur. Du vivant du patient, le diagnostic repose d'abord sur l'IRM cérébrale, à la recherche d'un signal anormal dans la substance grise (régions riches en neurones) qui témoignerait de la mort rapide et sévère des neurones. "Une ponction lombaire va également être réalisée : une élévation de la protéine 14.3.3 témoigne de la mort des neurones cérébraux et constitue un signe très évocateur de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, sans en être spécifique", continue-t-il. Enfin, l'électroencéphalogramme permet de vérifier l'activité cérébrale et peut détecter des anomalies évocatrices. Dans certains cas, il se peut que ces examens soient normaux, auquel cas le diagnostic se révèle difficile à poser. En cas d'origine génétique, un test génétique est réalisé pour rechercher les mutations du gène concerné.
Quel est le traitement ?
Ce sont des maladies très graves pour lesquelles il n'existe aucun traitement et qui évoluent très rapidement.
Peut-on en guérir ?
Les maladies à prion sont incurables et mortelles. Dès lors que les personnes développent les symptômes, elles meurent en l'espace de quelques mois.
Merci au Dr Emmanuel Cognat, neurologue au centre de neurologie cognitive au groupe hospitalier Lariboisière – Fernand Widal et maître de conférence