Cancer de la trachée : symptômes, pronostic, que faire ?
Le cancer primaire de la trachée est une maladie rare associée à un mauvais pronostic. Le carcinome épidermoïde de la trachée est presque toujours associé au tabac. Le Dr Fayette, oncologue, nous détaille les causes, les symptômes et les traitements.
Définition : qu'est-ce qu'un cancer de la trachée ?
La trachée est le conduit aérique qui communique entre le larynx et les bronches, et qui conduit donc l'air des voies aérodigestives supérieures vers les poumons. Elle est située en avant de l'œsophage, et s'étend verticalement sur une dizaine de centimètres de la base du cou jusqu'à ce qu'elle se sépare en deux bronches destinées à chaque poumon. Ce conduit de structure musculaire et cartilagineuse peut être le siège du développement de tumeurs. Les tumeurs trachéales peuvent être aussi bien bénignes que malignes. Il s'agit de cancers relativement rares, qui touchent essentiellement des hommes, généralement après 60 ans. "Il y a toujours un débat pour savoir dans quelle catégorie on classe les cancers de la trachée, remarque le Dr Jérôme Fayette, Oncologue médical : dans les cancers pulmonaires ou dans les cancers des voies aéro-digestives supérieures ? Sur le plan histologique, on est quand même plus proche des cancers des voies digestives supérieures puisqu'il s'agit de carcinomes épidermoïdes."
Quelles sont les causes d'un cancer de la trachée ?
"Le cancer de la trachée est un cancer du fumeur, affirme le spécialiste. Le tabac étant à l'origine de son apparition dans la majorité des cas, le mieux c'est de ne pas commencer à fumer." Un petit nombre de cancers de la trachée peuvent également être liés à l'inhalation de substances cancérigènes, en milieu professionnel. "Aujourd'hui, il y a dans les entreprises concernées des tableaux d'alerte sur les risques qui sont bien mis en évidence. Dans l'écrasante majorité des cas, les entreprises ont pris la mesure du problème."
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes qu'entraînent les cancers de la trachée ne sont pas spécifiques à cette maladie. "Il s'agira essentiellement d'une toux, de troubles de la respiration et parfois de bruit à la respiration qu'on appelle le wheezing, une sorte de sifflement dû au rétrécissement du calibre", détaille le médecin. "En cas de troubles pour avaler ou manger, appelés dysphagie, on est déjà sur des tumeurs qui sont avancées." Par ailleurs, on retrouve classiquement associés des signes d'altération de l'état général avec une perte de poids, une perte d'appétit et une fatigue.
Quel est le diagnostic pour le dépister ?
Il n'y a pas de test de dépistage possible. Le diagnostic est souvent posé sur des maladies évoluées. "Le diagnostic positif est fait suite à une fibroscopie bronchique qui permet la visualisation directe via une mini caméra de l'intérieur des conduits, de la cavité buccale jusqu'aux bronches", explique le médecin. Le scanner est ensuite possible pour une recherche plus précise : il permet de montrer l'extension loco-régionale dans la paroi si l'on peut bien voir et les ganglions. Aujourd'hui, quand on a sur un scanner une maladie scanner qui semble localisée, on réalise en complément un TEP-scan (Tomographie par Emission de Positons couplé à un scanner) qui permet d'explorer des endroits qui sont mal explorés par le scanner, et de voir de toutes petites lésions et en particulier des atteintes osseuses. Le Tep-scan permet de réaliser correctement le bilan d'extension, qui correspond à plusieurs examens dans le but de rechercher l'envahissement de la tumeur à des structures voisines ou la dissémination des cellules cancéreuses à d'autres organes. "On peut éventuellement faire une IRM cérébrale qui permet de faire la stadification de la maladie selon la classification TNM : T pour la taille de la tumeur ; le N indique si des ganglions lymphatiques ont été ou non envahis et le M signale la présence ou l'absence de métastases." A partir de ces deux bilans, on pourra discuter le traitement.
Quels sont les traitements ?
Il existe plusieurs méthodes permettant de prendre en charge un cancer de la trachée, la décision d'utiliser l'une ou l'autre ou d'associer plusieurs d'entre elles dépendant du stade évolutif de la tumeur et des résultats du bilan d'extension.
Le premier point à discuter est l'opérabilité du patient. "Comme il s'agit très souvent de patients fumeurs, il peut y avoir des contre-indications opératoires, comme des problèmes cardio-vasculaires", rappelle l'oncologue. Ensuite se pose la question de l'opérabilité de la tumeur. "Si elle est opérable dans des conditions simples, le mieux c'est de pratiquer une résection anastomose trachéale. Sinon, on optera pour de la radiothérapie, associée en général à la chimiothérapie (du Cisplatine à fortes doses), pour une tumeur localisée." Ce traitement peut être curatif ; une surveillance régulière est ensuite proposée aux patients.
Le risque de récidives existe, comme dans tout cancer, soit en loco-régional, soit à distance. "Cela implique une surveillance régulière par fibroscopie bronchique (après six mois puis une fois par an) et par scanner (tous les trimestres pendant deux ans. Puis tous les six mois, puis une fois par an)."
Pronostic : quelles sont les chances de survie et de guérison ?
C'est un cancer extrêmement rare. Il représente moins de 0,5% des cancers. "Les chances de guérison des cancers de la trachée ne sont pas énormes. Car ils sont souvent diagnostiqués à des stades avancés avec envahissement ganglionnaire", indique notre interlocuteur.
Merci au Dr Jérôme Fayette, Oncologue médical au Centre Léon Bérard de Lyon.