Invagination intestinale : qu'est-ce que c'est ? Symptômes ?
Parfois appelée "intussusception intestinale", l'invagination intestinale désigne l'introduction d'une partie de l'intestin dans l'autre. Elle touche plutôt les enfants jeunes et peut aboutir à une occlusion intestinale. Explications.
Qu'est-ce qu'une invagination intestinale ?
Une invagination intestinale est une pathologie touchant davantage l'enfant. "Elle se produit lorsqu'une portion de l'intestin se retourne et pénètre à l'intérieur d'une autre partie de l'intestin, situé plus bas (un peu comme le doigt d'un gant retourné). Dans la majorité des cas, l'invagination se produit au niveau de la jonction entre l'intestin grêle et le côlon", explique le Dr Monique Quillard, médecin généraliste et pédiatre. Lorsqu'une invagination intestinale aiguë se produit, elle peut aboutir à une occlusion intestinale. Ce type de manifestations intervient statistiquement le plus souvent chez les bébés entre 3 mois et 3 ans, en bonne santé en dehors d'autres problèmes de santé, et plus souvent chez les garçons. Elle apparaît plus souvent sur la période automno-hivernale et dans un contexte d'infection récente.
Invagination intestinale aiguë ou chronique ?
L'invagination intestinale aiguë touche majoritairement les enfants en bas âge. "Chez l'enfant plus grand et chez l'adulte, elle peut devenir chronique : elle régresse naturellement avant de se produire à nouveau, par épisodes", précise le Dr. Quillard.
Quels sont les symptômes d'une invagination ?
Cette maladie se caractérise par de violentes douleurs abdominales, des vomissements et un arrêt du transit. C'est une urgence médicale car elle peut entrainer une occlusion intestinale. "Chez le bébé, des pleurs, des cris, une pâleur, un malaise et une agitation peuvent durer quelques minutes, disparaître puis réapparaître quelques minutes plus tard alors que jusque-là tout allait bien, signale notre expert. Les intervalles séparant chaque crise se font de plus en plus courts. Dans le même temps, le bébé refuse de s'alimenter, il vomit, présente progressivement des signes d'anorexie et il n'est pas rare de retrouver du sang dans ses selles". Cette inflammation est une urgence chez le bébé, elle est grave voire mortelle. Chez l'enfant plus grand et chez l'adulte, ce sont principalement les symptômes de l'occlusion intestinale (constipation, douleurs abdominales violentes et vomissements).
Quelles sont les causes ?
L'invagination intestinale aiguë est idiopathique, ce qui signifie qu'il n'existe pas de causes avérées. Elle survient souvent chez un enfant en bonne santé. Parfois, une infection virale ou ORL est retrouvée en amont et aurait provoqué le développement de ganglions lymphoïdes sur le mésentère, provoquant cette invagination. En avril 2015, 7 cas d'invagination intestinale aiguë avaient été retrouvés après la vaccination au Rotarix et au Rotateq, contre les gastro-entérites dues à rotavirus selon la Haute Autorité de Santé. Lorsqu'elle est chronique, elle est souvent secondaire à une autre pathologie : polype, tumeur maligne, lymphome, purpura, mucoviscidose…
Qui consulter ?
C'est une urgence qui nécessite une prise en charge hospitalière.
Quel est le diagnostic ?
"L'invagination doit être évoquée chez tout enfant entre 3 mois et 3 ans avec douleurs abdominales aiguës", remarque le Dr Quillard. Le diagnostic d'une invagination intestinale aiguë repose essentiellement sur l'imagerie médicale. "L''échographie abdominale est l'examen de première intention, d'autant qu'elle permet d'exclure d'autres pathologies comme l'appendicite aiguë", remarque la pédiatre. Parfois, un lavement (injection d'une solution) ou pneumatiques (insufflation d'air) par voie anale sous contrôle radiologique permet de confirmer le diagnostic. Ces examens présentent l'avantage de pouvoir traiter également l'invagination en permettant la remise en place du segment de l'intestin.
Quels sont les traitements ?
Il est essentiel de réduire l'invagination le plus rapidement possible. Le lavement opaque ou pneumatique se révèle un traitement efficace dans 90% des cas. En effet, la partie invaginée va progressivement être remise en place par la pression d'injection du liquide. Il faut néanmoins continuer à surveiller le patient durant les 24 heures qui suivent au cas où ce traitement resterait insuffisant. Dans ce cas, une intervention chirurgicale est nécessaire, avec parfois l'ablation d'une partie de l'intestin.
Guérit-on d'une invagination ?
Oui, le pronostic est excellent lorsque l'invagination est traitée rapidement. En l'absence de prise en charge rapide, le risque est la nécrose de la partie invaginée, puis perforation et choc septique.
Prévention pour éviter les récidives
L'invagination intestinale aiguë est une pathologie qui n'est pas prévisible et qu'il est donc impossible de prévenir.
Source : Épidémiologie de l'invagination intestinale aiguë chez l'enfant de moins de 1 an. Résultats préliminaires de l'étude Epistudy. Santé Publique France. 2012
Merci au Dr Monique Quillard, médecin généraliste et pédiatre.