Dépistage cancer de la prostate : âge, organisé, recommandations

A partir de 45-50 ans, l'homme doit surveiller sa prostate et discuter avec son médecin généraliste d'un éventuel dépistage par PSA (pour commencer) en cas de symptômes inquiétants. Lesquels ? En quoi consiste-t-il ? Quand le faire ? Quelles sont les recommandations de la HAS ? Le point avec Antonin Morillon, chercheur à l'Institut Curie.

Dépistage cancer de la prostate : âge, organisé, recommandations
© 123rf-belchonock

A travers l'évènement "Movember", le mois de novembre est l'occasion de rappeler aux hommes de 45 ans et plus qu'il faut penser au dépistage du cancer de la prostate. Du moins, de rester vigilants à certains symptômes d'alerte. Il n'y a pas de dépistage organisé systématiquement comme cela existe pour le cancer du sein chez la femme. Les autorités estiment que chaque homme doit pouvoir se faire dépister s'il le souhaite à condition qu'il soit bien informé. Les recommandations officielles n'invitent pas les personnes asymptomatiques à le faire. Quels symptômes doivent alerter ? Quand en parler à son médecin généraliste ? Quels sont les examens proposés ? Détails.

Quelles sont les recommandations de la HAS ?

En France, la Haute Autorité de santé (HAS) considère que les connaissances actuelles ne permettent pas de recommander un dépistage du cancer de la prostate par dosage de PSA de façon systématique en population générale ou dans des populations d'hommes considérées comme plus à risque. "Les hommes qu'ils présentent ou non des facteurs de risque sont exposés aux mêmes inconvénients et risques du dosage sanguin de l'antigène spécifique de la prostate PSA (possibilité de faux positifs notamment), des biopsies de confirmation diagnostique (pertes de sang dans les urines et le sperme, risque d'infections, de rétention urinaire, possibilités de faux négatifs) et ceux liés aux traitements chirurgicaux, par radiothérapie ou hormonothérapie (troubles sexuels, urinaires, digestifs)" expliquait l'autorité en 2012 (avis le plus récent). "Il a été évoqué le fait de pouvoir réaliser des tests urinaires complémentaires comme cela est fait aux États-Unis, ajoute Antonin Morillon. L'idée est de rechercher des biomarqueurs dans les urines permettant d'effectuer un diagnostic de manière non invasive". Mais, aujourd'hui, ce test n'est pas remboursé en Europe. S'il est globalement efficace, il ne réagit plus quand le cancer est en forme très agressive, ce qui risque un taux de faux négatifs important sur des stades pourtant très avancés.

Un dépistage individuel plutôt qu'organisé ?

Il n'y a pas de dépistage organisé du cancer de la prostate en France comme cela existe pour le cancer du sein chez la femme car "chez un homme asymptomatique, aucun examen de dépistage performant n'est actuellement disponible" rappelle la HAS. "Le dosage du PSA n'ayant pas toutes les qualités nécessaires à un test de dépistage (reproductibilité, validité) : les limites et les difficultés d'interprétation de cet examen se retrouvent de la même façon pour des hommes avec ou sans facteurs de risque." Un homme de 45-50 ans qui présentent un certain nombre de symptômes évocateurs d'un cancer de la prostate doit s'adresser à son médecin généraliste qui peut décider de prescrire un test sanguin de dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) qui constitue la première phase du dépistage.

Quels symptômes doivent alerter ?

Un dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA peut être envisagé si le patient de plus de 45 ans présente les symptômes suivants :

  • Des besoins fréquents et/ou urgents d'uriner.
  • Une difficulté à uriner (besoin de pousser, miction difficile à commencer ou arrêter, jet d'urine faible ou qui s'interrompt).
  • Une sensation de ne pas avoir complètement vidé sa vessie après avoir uriné.
  • Une brûlure ou douleur en urinant.
  • Une présence de sang dans l'urine ou le sperme.
  • Des troubles sexuels (dysfonctions de l'érection, éjaculations douloureuses).
  • Des douleurs au niveau des os (dos, bassin, jambes) ainsi qu'une fatigue et une perte de poids.

A quel âge ?

Le dépistage du cancer de la prostate se fait généralement à partir de 45 ans. Ce cancer est, en effet, lié au vieillissement et les formes précoces sont très rares.

Quels tests ?

Les examens utilisés en France sont :

  • Le dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) sanguin.
  • La biopsie de la prostate.
  • de plus en plus, l'échographie et l'IRM
  •  et de nouvelles technologies telles que la tomographie à émission de positons (TEP ou PET-SCAN) après injection de F-choline qui permet d'améliorer la stadification du cancer de la prostate (ganglionnaire, ganglion sentinelle, métastases).

Si le taux de PSA est anormal, au-dessus de 3.5 ng/ml, le patient est invité à consulter un urologue qui procède à un examen clinique (toucher rectal) et pourra décider d'effectuer une biopsie qui est la seconde étape du dépistage. "Aujourd'hui, 55 000 biopsies de la prostate sont réalisées par an en France, explique Antonin Morillon, chercheur à l'Institut Curie. C'est un examen assez invasif et douloureux, qui, s'il est effectué en ambulatoire peut néanmoins provoquer des saignements et effets secondaires comme des infections locales. Or, 55% des patients qui subissent une biopsie de la prostate n'ont pas de cancer. Dès lors, il y a une nécessité de faire que la biopsie servent à confirmer le diagnostic et qu'elle ne soit plus une étape d'exploration."

Pourquoi utiliser le PSA ?

Le PSA (antigène prostatique spécifique) est une protéine sécrétée par la prostate, présente dans le sang. Lorsque son taux est élevé, on peut craindre un cancer mais d'autres facteurs peuvent élever ce taux. Son dosage est ainsi un bon indicateur d'un dysfonctionnement de la prostate en tant que telle mais pas forcément lié à une tumeur cancéreuse. On peut trouver une hyperplasie de la prostate (qui gonfle qui s'enflamme). "Ce dosage est un premier filtre, un test qui ne coûte pas très cher, simple à faire. Il n'y a
pas de patient cancéreux avec une PSA faible
" résume Antonin Morillon.  Si le taux de PSA est anormal, au-dessus de 3.5 ng/ml, le patient est invité à consulter un urologue qui procède à un examen clinique (toucher rectal) et pourra décider d'effectuer une biopsie qui est la seconde étape du dépistage. Le prix du dosage du PSA est d'une dizaine d'euros. Il n'est pas pris en charge par la Sécurité Sociale mais peut l'être par la complémentaire.

A quoi sert l'IRM de la prostate ?

L'Imagerie par résonance magnétique (IRM) est aujourd'hui utilisée pour aider à poser le diagnostic du cancer de la prostate et plus seulement à connaître son étendue. "L'IRM prostatique permet la détection, la localisation, l'estimation du volume des foyers tumoraux et le bilan d'extension, explique l'Association française d'urologie (AFU). Ces informations couplées aux résultats des biopsies ciblées permettent d'obtenir une cartographie précise du cancer de la prostate et d'adapter au mieux la prise en charge thérapeutique de chaque patient." L'IRM a également un rôle pour la surveillance des traitements focalisés et la détection des récidives.

Merci à Antonin Morillon, chercheur à l'Institut Curie.