Dyslipidémie : c'est quoi, trop de lipides, que faire ?
La dyslipidémie, concentration trop importante de lipides dans le sang, est un des principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Définition, causes, différence entre une dyslipidémie mixte et athérogène, traitements et recommandations.
Définition : qu'est-ce que la dyslipidémie ?
"La dyslipidémie est une concentration très élevée de lipides dans le sang, définit le Dr Pierre Nys, endocrinologue- nutritionniste, ex-attaché des Hôpitaux de Paris. Il existe plusieurs dyslipidémies, celles qui portent sur le cholestérol (hypercholestérolémie), celles qui portent sur les triglycérides (hypertriglycéridémie pure) et celles qui sont une concentration trop forte de cholestérol et de triglycérides". Dans la grande majorité des cas les dyslipidémies n'entraînent pas de symptôme.
Dyslipidémie mixte
"Les dyslipidémies mixtes représentent environ 30% des cas de dyslipidémies. Elles désignent une concentration trop élevée de triglycérides et de LDL cholestérol dans le sang. La dyslipidémie liée au cholestérol représente 60 à 70 % des cas de dyslipidémies. Les hypertriglycéridémies pures sont plus rares", précise le Dr Nys.
Dyslipidémie athérogène
"Les dyslipidémies athérogènes sont celles qui bouchent les vaisseaux artériels (coronaires, artères des jambes …)", indique le Dr Pierre Nys. La dyslipidémie athérogène correspond à une ou plusieurs des anomalies suivantes : hypercholestérolémie, diminution du HDL-cholestérol, augmentation du LDL-cholestérol.
Dyslipidémie et HTA
"Quand une personne présente une dyslipidémie se pose la question de savoir si elle est isolée ou si elle est associée à d'autres facteurs de risque cardiovasculaire : âge (plus on vieillit et plus le risque cardiovasculaire augmente) hypertension artérielle, diabète, tabagisme, obésité, sédentarité, antécédents familiaux... . Des tableaux nous permettent d'évaluer le risque cardiovasculaire" informe-t-il.
Dosages
Le dépistage d'une dyslipidémie repose sur l'EAL (exploration d'une anomalie lipidique) grâce à une simple prise de sang réalisée à jeun, le plus souvent au pli du coude. "Sont dosés le cholestérol total, le HDL cholestérol ou bon cholestérol (celui qui permet de ramener le cholestérol dans le foie pour l'épurer.et les triglycérides. Ce dosage est complété par le calcul du LDL cholestérol ou mauvais cholestérol avec la formule de Friedewald" indique le Dr Pierre Nys. Le bilan lipidique est normal si les valeurs suivantes sont présentes simultanément :
- LDL-C < 1,6 g/L ;
- HDL-C > 0,4 g/L ;
- TG < 1,5 g/L.
Le dépistage d'une anomalie lipidique est recommandé :
- dans le cadre d'une évaluation du risque cardiovasculaire chez les hommes âgés de plus de 40 ans,
- chez les femmes de plus de 50 ans,
- lors de la prescription d'une contraception hormonale oestro-progestative (pilule, patch...),
- en cas de facteurs de risque cardiovasculaires associés (diabète, hypertension artérielle, tabagisme...).
Si le bilan lipidique réalisé est normal, il est recommandé de le refaire tous les 5 ans, en l'absence d'événements cardiovasculaires ou d'apparition de nouveaux facteurs de risque cardiovasculaires ou d'instauration de traitement susceptible de modifier le bilan lipidique ou les facteurs de risque.
Traitement
Le traitement de la dyslipidémie lié au cholestérol passe par des règles hygiéno-diététiques :
- avoir une activité physique régulière qui permet d'augmenter le bon cholestérol
- de faire un régime alimentaire (restriction des matières grasses d'origine animale surtout).
"L'alimentation restrictive ne suffit pas à normaliser une hypercholestérolémie surtout si celle-ci est importante. En effet, il faut rappeler que le cholestérol provient pour 30% de l'alimentation et de 70% par le métabolisme hépatique" prévient le Dr Pierre Nys.
Le traitement de la dyslipidémie mixte repose également sur des règles hygiéno-diététiques :
- perte de poids en cas de surpoids,
- réduire l'apport en graisses saturées, en glucides à index glycérique (IG) bas et en alcool.
"En cas d'hypercholestérolémie, facteur de risque cardiovasculaire, se pose la question d'un traitement par les statines. Ce traitement de première intention a prouvé qu'il permettait de diminuer les lipides, de diminuer le risque cardiovasculaire et les accidents cardiovasculaires" informe le Dr Pierre Nys. Si les statines ne suffisent pas, d'autres médicaments peuvent être prescrits en association avec les statines. "De façon exceptionnelle, un traitement récent est prescrit : les anti-PCSK9"
Recommandations : conseils
"Il ne faut pas oublier que toutes les dyslipidémies ne font pas liées à un déséquilibre lipidique. Dans une dyslipidémie secondaire, c'est une autre pathologie qui entraîne un dérèglement des lipides (hypothyroïdie, syndrome néphrotique et insuffisance rénale, diabète ...) ou une prise de médicaments (pilules contraceptives, corticoïdes pris par voie orale). C'est plus rare que la dyslipidémie causée par un déséquilibre lipidique mais cela existe suffisamment pour penser à rechercher cela" conseille le Dr Pierre Nys.
Merci au Dr Pierre Nys, endocrinologue- nutritionniste, ex-attaché des Hôpitaux de Paris.