Phénotype : définition, rhésus, différence avec le génotype
Qu'il soit visible à l'œil nu ou observable à l'échelle cellulaire, le phénotype est l'expression des gènes d'un individu. À ne pas confondre avec le génotype, auquel il est lié. Éclairage avec David Liotta, docteur en génétique (PhD).
Définition : qu'est-ce qu'un phénotype ?
Le phénotype désigne l'expression visible des gènes. Il est, en d'autres termes, l'ensemble des caractères observables d'une personne, à une échelle macroscopique (ses yeux bruns, ses poils blonds, etc), ou cellulaire (phénotype sanguin). "Le phénotype peut être soumis à des facteurs environnementaux", informe David Liotta. Le soleil, qui induit le bronzage, va modifier le phénotype d'origine "peau claire", par exemple. Il peut aussi être affecté par des facteurs épigénétiques, tel que le tabagisme, qui peut agir sur l'expression des gènes.
Qu'est-ce que le phénotype sanguin ?
L'interrogé explique que ce sont des antigènes à la surface des globules rouges qui vont définir les différents phénotypes sanguins. Trois principaux phénotypes sont habituellement déterminés. Premièrement, le phénotype dit "ABO", qui va définir la lettre du groupe sanguin (A, B, AB ou O). Puis, le phénotype rhésus, déterminé par la présence ou l'absence de l'antigène Rh1, et qui va permettre d'apposer un "plus" ou un "moins" derrière la lettre du groupe sanguin (A+, B-,…). Enfin, le phénotype KEL, qui est défini par la présence d'antigènes K à la surface du globule rouge. On détermine habituellement la présence des antigènes KEL1 et KEL2. Pour chacun des phénotypes, il est possible de déterminer la présence d'anticorps dirigés contre les antigènes "absents". Par exemple, un individu du groupe A va posséder des anticorps anti-B. La détermination des phénotypes sanguins est très importante et permet de définir des règles de transfusion.
Phénotype Bombay
En plus du système ABO, un gène H permet la synthèse d'un antigène H indispensable pour "l'assemblage" des antigènes A et B. Dans le phénotype Bombay, identifié en Inde, les individus n'ont pas cet antigène "H" et ont développé des anticorps "anti-H". "Puisque les antigènes A et B ont besoin de l'antigène H pour être synthétisés, les personnes chez qui cet antigène H n'existe pas sont nécessairement du groupe sanguin O", indique le spécialiste. On dit donc qu'ils ont sont du groupe sanguin Oh, aussi appelé phénotype Bombay. "Les anti-corps anti-H qu'ils ont développés sont très virulents, très puissants, ce qui les rends " receveurs dangereux", poursuit-il. En cas de don d'un autre groupe sanguin, leurs anticorps anti-H attaqueraient et détruiraient les globules rouges transfusés. Ils peuvent donc seulement recevoir du sang du même phénotype que le leur.
Phénotype étendu
Le phénotype étendu, conceptualisé par le biologiste britannique Richard Dawkins, désigne le prolongement de l'expression des gènes dans l'organisme de l'être vivant mais aussi dans son environnement, "comme l'outil qui prolonge la main", illustre David Liotta, qui exemplifie : "Les gènes vont permettre à un animal d'avoir un certain comportement nécessaire à sa survie, comme les abeilles qui construisent des ruches." Le phénomène étendu peut donc être défini comme outil fabriqué par le sujet ou par son organisme, qui prend en compte le message de ses gènes.
Quelles différences avec le génotype ?
Le génotype désigne l'ensemble de gènes d'un individu, il est sa constitution génétique, à la différence du phénotype, qui représente l'expression de ces gènes. Le phénotype est ce que l'on voit du génotype. Le phénotype dépend donc du génotype, mais peut, comme expliqué précédemment, être modifié par des facteurs environnementaux ou épigénétiques.
Qu'est-ce que le phénotype de KEL ?
Le phénotype KEL est l'un des trois phénotypes qui entre dans la détermination du groupe sanguin d'une personne. Il permet de définir la présence d'antigènes K à la surface du globule rouge.
Quel lien avec le rhésus ?
La détermination du rhésus, autre phénotype parmi les trois qui permettent de définir un groupe sanguin, est capitale dans le cadre d'une grossesse. "Car si la femme enceinte est " Rhésus moins" (RH -), ses anti-corps anti-Rhésus peuvent traverser la barrière placentaire et risquent d'attaquer les globules rouges du fœtus s'il est RH+", prévient l'interrogé. C'est pourquoi la prévention est très importante chez la femme enceinte.
Merci à David Liotta, PhD en génétique.