Quand vos dents influent sur votre santé Cœur, poumons, reins : quand les bactéries s'exportent sur les organes vitaux
Pour soigner ses dents, on va chez le dentiste, pas chez le médecin, non ? Les dents n'ont donc pas grand-chose à avoir avec le reste de l'organisme, pensez-vous. Logique. Mais faux : les problèmes dentaires peuvent endommager le cœur, mais aussi les poumons, les reins, les yeux et même le cerveau.
A quoi sont dues la plaque dentaire et les caries ? Aux bactéries. Or, vous le savez, les bactéries, quand elles se développent et ne sont plus canalisées par nos défenses immunitaires, provoquent des infections. Si elles ne sont pas traitées, elles peuvent se propager à tout l'organisme.
Lorsqu'une carie se développe et n'est pas soignée, elle creuse dans la dent, jusqu'à atteindre le nerf et la pulpe dentaire, composée de minuscules vaisseaux sanguins : il est alors facile pour les bactéries de passer dans la circulation sanguine générale et d'aller se greffer sur les différents organes, pour s'y développer. Le procédé est plus ou moins le même lors d'un détartrage : les bactéries de la plaque dentaire qui se détachent peuvent passer dans la circulation sanguine facilement.
Le cœur peut être touché. "Les bactéries vont alors provoquer une endocardite, c'est-à-dire une inflammation autour du muscle cardiaque, précise le Dr Lequart. C'est toujours dangereux, a fortiori si l'on a déjà des soucis cardiaques. Cette inflammation se surajoute au problème et peut avoir des conséquences gravissimes." Le problème se pose de façon accrue pour les patients qui sont porteurs de valves cardiaques artificielles : les bactéries ont tendance à s'y greffer, provoquant une infection potentiellement grave.
Le cœur n'est pas le seul à écoper de bactéries en provenance de la cavité buccale. Les poumons peuvent être touchés, ce qui va provoquer une pneumonie. Les reins ou même le foie peuvent eux aussi être infectés. On a même parfois constaté des abcès au cerveau dont on pense qu'ils ont été provoqués par des bactéries "dentaires".
Heureusement, ce genre de complications est rare. "Le problème, c'est que nous sommes très inégaux en termes d'immunité (en dehors de toute pathologie immuno-déprimante, ndlr), constate Franck Amoyel. Certaines personnes vont réussir à éradiquer ces bactéries alors que d'autres vont développer des infections." Que l'on découvrira plus ou moins tard et qui seront plus ou moins faciles à soigner.