Protection pour incontinence : des risques de lésions et d'infections !
Il y aurait trop de substances chimiques dans les couches et protections contre l'incontinence urinaire ou fécale, pointe du doigt un rapport de l'Anses. Portées pendant plus d'un an, ces protections entraîneraient des lésions de la peau, voire des infections...
Serviettes anatomiques, couches, slips absorbants... Les protections pour incontinence sont des dispositifs médicaux qui permettent d'absorber et de retenir efficacement les urines ou les selles. Problème : certains de ces produits contiennent une quantité trop importante de substances chimiques, particulièrement dangereuses en cas de lésion de la peau, pointe du doigt l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans son rapport d'expertise* publié le 23 juin. Des essais ont été menés sur quatre références de protections pour incontinence lourde commercialisées en 2017-2018. Plusieurs substances chimiques dangereuses ont été retrouvées : dioxines, furanes et PCB‑DL et le formaldéhyde. Ces substances qui proviendraient de la contamination des matières premières ou des procédés de fabrication utilisés pourraient migrer dans l'urine et entrer en contact prolongé avec la peau.
Attention au risque d'infection !
Porter ces protections sur le long terme, en continu et plus d'un an, peut entraîner l'apparition de lésions cutanées au niveau "du siège" chez la personne "âgée" ou "jeune" souffrant d'une incontinence lourde, alerte l'Anses. Ces lésions sont généralement des dermatites qui seraient favorisées lors d'une prise en charge inappropriée (changes peu fréquents ou protections insuffisamment absorbantes, nettoyage limité ou au contraire agressif pour la peau, séchage insuffisant de la peau...).
- Si la peau au niveau "du siège" reste saine, la présence de ces substances chimiques n'est pas préoccupante.
- Si la peau au niveau "du siège" devient abîmée et présente des lésions, la présence des ces substances chimiques augmente le risque d'infection par contact cutané ou avec les muqueuses.
La composition et les procédés de fabrication des protections pour incontinence sont similaires à ceux des couches pour bébé et des protections intimes. |
---|
Comment limiter les risques ?
L'Anses recommande :
→ Aux professionnels de santé, accompagnants ou utilisateurs de ces protections pour incontinence de :
- Veiller au respect des bonnes pratiques d'utilisation des protections : changer fréquemment la protection (au moins trois fois par jour : une protection pour le matin, une pour le milieu de journée et une avant le coucher), nettoyer la peau régulièrement et bien la sécher pour limiter au maximum les risques d'altération cutanée au niveau du siège.
- Notifier les effets indésirables liés au port de protection pour incontinence auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament dans le Portail dédié au signalement des événements sanitaires indésirables.
→ Aux fabricants des protections pour incontinence de :
- Supprimer l'utilisation de toutes substances contenant du parfum dans la composition des protections pour incontinence, en priorité celles présentant des effets irritants et sensibilisants cutanés ;
- Mieux maîtriser l'origine des matières premières naturelles qui peuvent être contaminées, avant même la fabrication
- Améliorer les procédés de fabrication afin de réduire autant que possible la présence de substances chimiques indésirables dans les matériaux constituant les changes complets.
- Mieux documenter la nature des matières premières composant ces produits et de les afficher sur les emballages afin d'en informer les utilisateurs.
→ Aux pouvoirs publics de :
- Suivre la présence des substances dangereuses dans les protections pour incontinence à travers des campagnes de mesures sur l'ensemble des produits du marché ;
- Faciliter l'accès à la composition exacte et détaillée des produits pour les professionnels de santé, dans le cadre de la matériovigilance.
*Protections pour incontinence : l'Anses publie les résultats de son évaluation des risques sanitaires, actualité du 23 juin 2020. L'Anses avait été saisie en 2018 par la Direction générale de la santé et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes afin d'évaluer la sécurité de ces protections en matière de risques d'allergie, d'infections ou d'intolérance, et de risques chimiques, par contact cutané ou par contact avec les muqueuses.