Sodurètre : une pratique sexuelle aux conséquences dangereuses
Des médecins tunisiens ont retrouvé une aiguille de 9 cm dans l'urètre d'un adolescent de 14 ans. Le sodurètre, pratique sexuelle qui consiste à introduire des objets dans le canal de sortie de la vessie pour booster son plaisir, peut provoquer des infections voire des gangrènes.
Des médecins de l'hôpital tunisien La Rabta racontent avoir retrouvé une grosse aiguille à coudre dans le pénis d'un adolescent de 14 ans. Dans un article* paru le 25 juillet 2019 dans la revue Urology Case Reports, les professionnels de santé indiquent qu'il s'agissait d'une tige métallique de 9 cm, que le jeune homme s'était introduite dans l'urètre pour son "auto-stimulation érotique". L'adolescent, qui n'arrivait plus à uriner depuis plusieurs jours, a consulté tardivement et a été admis au service de dysurie (anomalies de l'évacuation de l'urine) pendant trois jours. Lors de l'examen, l'aiguille n'était pas visible, mais palpable dans l'urètre pénien, à 5 cm du méat urétral (ouverture située à la fin de l'urètre qui permet le passage des urines au moment de la miction). L'urétroscopie, effectuée sous anesthésie générale, a révélé une aiguille à coudre tranchante de 9 cm. L'objet a immédiatement été retiré, à l'aide d'une pince d'extraction de corps étranger. L'opération s'est déroulée sans complications et le patient a pu quitter l'hôpital le lendemain. Sans antécédents médicaux ni troubles psychiatriques, l'adolescent a tout de même dû consulter un psychologue qui n'a constaté aucun problème mental particulier.
"Des brosses à dent, des câbles téléphoniques et des stylos dans l'urètre"
Selon les auteurs du papier, le fait de s'introduire des objets dans l'urètre pour satisfaire son plaisir reste "très rare". Toutefois, cela porte un nom : "le sodurètre". Cette pratique sexuelle, longtemps considérée comme de l'automutilation est de plus en plus visible dans les vidéos pornographiques impliquant des actes extrêmes. L'équipe de médecins de l'hôpital tunisien fait état d'autres cas de sodurètre. Ces cas concernent tous les âges, mais davantage les hommes que les femmes. "La grande variété de corps étrangers auto-insérés comprend : des aiguilles, des crayons, des stylos à bille, des fils de jardin, des câbles téléphoniques, des pailles, des brosses à dents, des dispositifs de contraception intra-utérine (stérilet), et même des membres d'animaux (sangsues, queue d'écureuil, serpents, os)", énumère le Dr Selim Zaghbib, auteur principal de l'article.
Une pratique sexuelle rare aux conséquences dangereuses
L'introduction d'objets dans l'urètre est une pratique très dangereuse qui peut provoquer des difficultés à uriner (dysurie), des douleurs, des blessures à l'urètre ou à la vessie, une présence de sang dans les urines (phénomène appelé "hématurie") voire des complications infectieuses extrêmement graves comme la gangrène de Fournier. Et ce, d'autant plus si les objets introduits ne sont pas propres ou stérilisés. A terme, l'insertion d'objets dans l'urètre peut même entraîner une sténose urétrale, c'est-à-dire un rétrécissement de l'urètre, alertent les médecins.
* Source : Article "Urethral self-inserted sewing needle in a 14-year-old boy for autoerotic stimulation", équipe médicale de la Rabta menée par le Dr Selim Zaghbib, parue le 25 juillet 2019 dans la revue Urology Case Reports.