"Mon corps a brutalement changé, j'ai grossi des hanches, des cuisses, ça a été très violent" (Marie, 27 ans)

L'adolescence sépare l'enfance de la vie d'adulte. D'un point de vue médical, elle se traduit par une phase de transformation physique, sous l'impulsion des hormones, appelée la "puberté". Cette phase de la vie varie d'un individu à un autre, mais chez les filles, elle se manifeste la plupart du temps entre 10 et 15 ans. Seulement depuis plusieurs années, la période de la vingtaine peut aussi être celle d'une "seconde puberté". D'après une étude australienne publiée en 2018, la transition entre l'enfance et l'âge adulte serait de plus en plus longue et durerait de 10 à 24 ans. De nombreuses femmes se reconnaissent dans ce phénomène, c'est le cas de Marie, 27 ans.

On considère que la puberté débute lorsque la partie du cerveau connue sous le nom d'hypothalamus commence à libérer une hormone activant les glandes pituitaires et génitales du corps. Vers l'âge de 10-11 ans, les jeunes filles peuvent voir apparaitre une pilosité pubienne, un développement des glandes mammaires et une accélération de la croissance. "De mon côté, ma première puberté fut assez tardive", nous explique Marie. "A l'arrivée en classe de 6e, je faisais une taille normale, ni grande ni petite, et je n'avais aucune forme. Mon corps était encore celui d'une enfant." De légères transformations apparaissent ensuite chez la jeune femme. "Vers la 5e, j'ai eu une poussée de croissance. J'ai dépassé la plupart de mes autres camarades féminines, sans gagner aucune forme. j'avais l'impression d'être un coton-tige."

"Ma peau a changé, ça été le plus violent"

Cette première puberté a continué à évoluer discrètement tout le reste de la scolarité de Marie. "Une petite poitrine s'est développée, mais même à la fin du lycée, j'avais toujours l'impression d'avoir une poitrine de "jeune fille" ", nous explique-t-elle. "Mon cycle menstruel était aussi une énigme pour moi. J'ai eu des pertes une seule fois en 5e, puis plus rien jusqu'en classe de 3e. Arrivée à la fac, je n'avais toujours pas de cycle régulier et pouvais avoir mes règles seulement 2 à 3 fois par an." S'étant vu dire que le cycle menstruel pouvait mettre plusieurs années avant de se réguler, la jeune femme ne s'est pas inquiétée. Puis, vers l'âge de 23 ans, de nouveaux changements sont apparus.

A la seconde puberté, les hanches peuvent s'élargir, une poussée d'acné apparaitre et les changements d'humeur mener la vie dure. "Je ne l'ai pas tout de suite remarqué. Mais à la fin de ma dernière année de licence, je sentais que mon cycle menstruel me provoquait beaucoup plus de symptômes. Des douleurs jusqu'ici inconnues pour moi ont commencé à me faire souffrir." C'est aussi la période où Marie a connu un bouleversement au niveau de sa peau. "C'est le changement qui a été le plus violent pour moi. J'avais eu des boutons d'adolescente, mais jamais de cette ampleur. J'avais l'impression d'être méconnaissable, et mon visage était très douloureux. J'étais complètement désemparée. Aujourd'hui encore à 27 ans, je soigne les restes de cette acné." 

Alors qu'elle pense devoir cette acné à une mauvaise hygiène de vie durant sa vie étudiante, les changements sont devenus évidents lorsque les vêtements de Marie sont devenus trop serrés. "A 23 ans je pouvais toujours m'habiller aux rayons adolescents, j'étais même toujours capable d'enfiler certains habits datant du collègue ! Puis j'ai vu mes hanches et mes cuisses se développer au fil des mois. Mes premières vergetures sont apparues et mes seins ont gagné un bonnet."

"Qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai l'impression d'être une adolescente !"

Bouleversée par ces changements, la jeune femme fait des recherches sur internet et découvre le terme de "seconde puberté". "C'est très drôle parce que je me disais justement "Qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai l'impression d'être une adolescente !" Lorsque j'ai découvert ce terme, je me suis juste dit que j'allais accueillir ces changements, et rester bienveillante envers mon corps." 

Aujourd'hui, la seconde puberté de Marie semble être stabilisée. La jeune femme s'acclimate à ce nouveau corps, et dit l'aimer de plus en plus chaque jour. "C'est étrange, même si ce changement a été violent, quand on me disait adolescente : "Tu as de la chance d'être aussi mince", je répondais à chaque fois "Je n'aurai pas toujours ce corps-là", comme si j'avais toujours su." Cette expérience a aussi permis à Marie de remettre en question son rapport à la féminité et aux critères de beauté. "De mes deux corps, le plus valorisé et complimenté était un corps de femme bloqué à l'adolescence. Ce constat me dérange beaucoup. Aujourd'hui je me sens enfin femme."