Le médicament Mycophénolate responsable de malformations chez le bébé

En raison d'un risque de fausse couche et de malformations congénitales, le mycophénolate, médicament indiqué contre le rejet de greffe d'organe, ne doit pas être utilisé pendant la grossesse, l'allaitement ou chez la femme en âge de procréer sans contraception efficace, rappelle l'ANSM.

Le médicament Mycophénolate responsable de malformations chez le bébé
© Diego Vito Cervo - 123RF

Le mycophénolate (Cellcept®) est un médicament immunosuppresseur utilisé pour prévenir le risque de rejet après une greffe d'organe, comme lors d'une transplantation rénale par exemple. Il est également prescrit pour traiter certaines maladies auto-immunes (lupus, sclérose en plaques...). Problème : il expose à des risques de fausse couche et de malformations congénitales chez l'enfant à naître lorsqu'il est utilisé pendant la grossesse, l'allaitement ou chez la femme en âge de procréer, rappelle l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans un communiqué* du 10 février 2020. Les patientes traitées par mycophénolate doivent être pleinement informées par leur médecin des risques sur la grossesse ainsi que des mesures à respecter pour limiter ces risques.

Risques et effets secondaires du mycophénolate

Selon une étude épidémiologique menée pendant 8 ans par Epi-Phare (la structure d'expertise conçue par l'ANSM et la CNAM), 17 726 femmes en âge de procréer (13-49 ans) ont eu au moins une prescription de mycophénolate entre 2010 et 2017. Pendant cette période, l'utilisation du mycophénolate par ces femmes a augmenté de 44% et environ 400 grossesses ont été exposées à ce produit. Chez les nouveau-nés exposés, 12% ont reçu un diagnostic de malformation à la naissance.

Pour 70% des femmes traitées par mycophénolate, un relais de traitement a pu être mis en place par l'azathioprine, un médicament immunosuppresseur indiqué dans la prévention du rejet de la greffe suite à une transplantation d'organe et dans le traitement des maladies dues à une anomalie du fonctionnement du système immunitaire (formes graves de la polyarthrite rhumatoïde, de la maladie de Crohn ou d'autres maladies auto-immunes...).

Contre-indications du mycophénolate

Dans ce contexte, l'ANSM rappelle que le mycophénolate est contre-indiqué :

Recommandations d'utilisation du mycophénolate

Pour débuter le traitement, la patiente doit :

  • consulter un médecin spécialiste à l'hôpital,
  • lui fournir un test de grossesse négatif (rappelons qu'un second test est recommandé pour confirmer un résultat négatif),
  • mettre en place, lors d'une discussion avec le médecin, une contraception efficace et adaptée,
  • compléter et signer un formulaire d'accord de soins lors de la consultation hospitalière.

Pendant le traitement, la patiente doit :

  • poursuivre sa contraception efficace et adaptée,
  • réaliser des tests de grossesse lorsque nécessaire (oubli de prise de contraceptif, cycle irrégulier, suspicion d'interaction médicamenteuse...)
  • consulter une fois par an son spécialiste hospitalier pour renouveler son ordonnance et son accord de soins,
  • présenter une copie du formulaire d'accord de soins signé pour toute dispensation ,
  • planifier tout projet de grossesse  et en discuter avec son spécialiste afin d'envisager un autre traitement,
  • consulter en urgence son médecin en cas de suspicion ou de découverte de grossesse, mais ne pas arrêter de prendre son traitement dans l'intervalle.

A la fin de son traitement, la patiente doit poursuivre une contraception efficace et adaptée pendant au moins 6 semaines

Quelle que soit leur situation, les patientes traitées par mycophénolate, ou par tout autre immunosuppresseur, ne doivent jamais arrêter leur traitement sans un avis médical.

Liste des médicaments concernés 

Voir la liste des médicaments contenant du mycophénolate (acide mycophénolique) mofétil ou sodique disponibles en France : Cellcept® et ses génériques (Mycophénolate Mofetil Biogaran®, Mycophénolate Mofetil EG®, Mycophénolate Mofetil Mylan®, Mycophénolate Mofetil Sandoz®...), Myfortic®. 

Hommes traités par mycophénolate : des risques ?

"Les données cliniques limitées ne montrent pas de risque accru de malformations pour les enfants nés d'un père traité par mycophénolate", rassure l'ANSM. Néanmoins, ce médicament étant une substance génotoxique (c'est-à-dire, pouvant provoquer des altérations de la structure ou du nombre de chromosomes d'une cellule et ainsi endommager les gènes), le risque de malformation génétique chez l'enfant à naître ne peut être totalement exclu. Pour écarter tout risque, il est conseillé d'utiliser une contraception efficace et adaptée pendant la durée du traitement et au moins 90 jours après l'arrêt du traitement. Lors d'un projet de grossesse, l'homme traité par mycophénolate doit en discuter avec son médecin spécialiste et envisager un traitement plus approprié. En cas de découverte ou de suspicion de grossesse chez sa partenaire, l'homme doit également en informer son spécialiste.

*Source : Point d'information : Mycophénolate : l'ANSM rappelle les conditions de sa prescription et de sa délivrance car son utilisation pendant la grossesse persiste, ANSM, 10 février 2020.