Les anti-inflammatoires peuvent être dangereux

La prise d'anti-inflammatoires non stéroidiens comme l'ibuprofène ou le kétoprofène peut entraîner des complications infectieuses graves, révèle une enquête de l'Agence du Médicament. Conseils et précautions d'usage.

Les anti-inflammatoires peuvent être dangereux
© Artinun Prekmoung - 123RF

Vous avez certainement déjà pris de l'ibuprofène ou du kétoprofène, deux anti-inflammatoires non stéroidiens (AINS) indiqués dans le traitement des maux de tête, de la fièvre ou encore, de certains rhumatismes. Attention : la prise de ces médicaments favoriserait les complications infectieuses graves, prévient l'Agence du médicament (ANSM) dans un communiqué du 18 avril 2019. Faites preuve de vigilance si vous devez les utiliser.

Près de 400 complications infectieuses graves à cause d'AINS

Suite à plusieurs signalements de complications infectieuses graves après la prise d'AINS, une enquête nationale de pharmacovigilance a été commandée en juin 2018 par l'ANSM aux centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et de Marseille. Cette enquête porte sur l'ibuprofène et le kétoprofène, les deux AINS les plus utilisés en France en cas de fièvre et de douleurs légères à modérée.

Résultats :

  • "Sur l'ensemble des cas rapportés depuis l'année 2000, 337 cas de complications infectieuses avec l'ibuprofène et 49 cas avec le kétoprofène ont été retenus après avoir pris en compte uniquement les cas les plus graves chez des enfants ou des adultes - souvent jeunes - sans facteur de risque ni comorbidité", indique l'ANSM.
  • Parmi ces complications infectieuses, il y avait des infections sévères de le peau et des tissus mous (dermohypodermites, fasciites nécrosantes), des sepsis, des pneumonies avec abcès, des pleurésies, des abcès cérébraux ou encore des infections ORL compliquées. Ces infections ont abouti à des hospitalisations, des séquelles graves, voire des décès
  • Ces complications infectieuses sont survenues alors que l'ibuprofène ou le kétoprofène étaient prescrits ou pris en automédication pour traiter la fièvre, mais également dans de nombreuses autres circonstances comme des atteintes cutanées bénignes d'aspect inflammatoire (réaction locale, piqure d'insecte,…), des manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire,…) ou ORL (dysphagie, angine, otite...)
  • Ces complications infectieuses ont été constatées après de très courtes durées de traitement- soit 2 à 3 jours - même lorsque la prise d'AINS était associé à des antibiotiques. 
Les anti-inflammatoires "non stéroidiens" sont des médicaments qui sont capables de bloquer la formation de prostaglandines, des substances lipidiques responsables de l'inflammation. Ces médicaments ont un effet anti-inflammatoire, antalgique, antipyrétique (pour lutter contre les états fiévreux) et antiagrégant plaquettaire. Les plus utilisés sont l'ibuprofène (Nurofen©, Advil©, Upfen©, Antarene©...) et le kétoprofène (Profenid©, Toprec©, Ketum©...) 

Précautions : les prendre à dose minimale et sur la durée la plus courte

L'Agence du médicament appelle à la vigilance et souhaite mettre en garde professionnels de santé et patients quant à l'utilisation des ces AINS :

  • Privilégier l'utilisation du paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, notamment dans un contexte d'infection courante comme une angine, une rhinopharyngite, une otite, une toux, une infection pulmonaire, une lésion cutanée ou la varicelle, particulièrement en automédication.
  • Prescrire et utiliser les AINS à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte.
  • Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes.
  • Eviter les AINS en cas de varicelle (les AINS pouvant être à l'origine de complications cutanées bactériennes graves (fasciite nécrosante) lorsqu'ils sont utilisés au cours de la varicelle)
  • Ne pas prolonger le traitement au-delà de 3 jours en cas de fièvre.
  • Ne pas prolonger le traitement au-delà de 5 jours en cas de douleur.
  • Ne pas prendre deux médicaments AINS (vendus sous divers noms) en même temps.

Liste des anti-inflammatoires non stéroidiens disponibles en France par voie orale : Acéclofénac, Acide méfénamique, Acide Niflumique, Acide tiaprofénique, Alminoprofène, Célécoxib, Dexkétroprofène, Diclofénac, Etodolac, Etoricoxib, Fénoprofène, Flurbiprofène, Ibuprofène, Indométacine, Kétoprofène, Méloxicam, Nabumétone, Naproxène, Piroxicam, Sulindac, Ténoxicam.