Une association dénonce une "fraude" à l'aspartame
Sucrettes et sodas light seraient inoffensifs selon l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui vient de rendre un rapport de réévaluation sur l'aspartame. Le Réseau environnement et santé réclame une commission d'enquête parlementaire.
Fin de la polémique sur l'aspartame ? Pas si sûr. D'après l'autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui a remis mercredi un rapport d'évaluation, "l'aspartame est sûr pour la santé"."Cet avis représente l'une des évaluations les plus exhaustives des risques associés à l'aspartame jamais entreprise", a déclaré hier le docteur Alicja Mortensen, présidente du groupe scientifique de l'EFSA sur les additifs alimentaires. Un avis qui ne semble pas convaincre tout le monde. En effet, selon le Réseau environnement santé (RES), qui regroupe scientifiques, associations de malades et ONG, "l'EFSA continue de produire des avis au mépris des règles de base de la déontologie de l'expertise et de couvrir ainsi une fraude manifeste." Et alors que la dose de 40 mg par kg de poids corporel semble ne présenter aucun risque pour la santé d'après les autorités de santé européennes, le RES souligne que cette dose journalière admissible (DJA) repose sur des rapports issus de l'industrie, datant des années 70, mais pas d'études scientifiques. "Les rapports qui ont servi à établir cette DJA n'ont jamais fait l'objet d'une évaluation indépendante, ce qui est pourtant la première étape d'une évaluation des risques", s'étonne le réseau, qui demande la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire en France et en Europe sur ces manquements graves, tant de l'Efsa que de l'Anses concernant l'aspartame.
Depuis sa mise sur le marché en 1982, l'aspartame n'en finit pas de susciter l'inquiétude. Rappelons que l'aspartame est un édulcorant artificiel découvert par hasard par un chimiste alors qu'il essayait de mettre au point un nouveau médicament. Il est composé à 50 % de phénylalanine, à 40 % d'acide aspartique et à 10 % de méthanol. Des composants que certains scientifiques soupçonnent d'être cancérigènes. Estampillé E951 sur les étiquettes alimentaires ou mentionné "contient une source de phénylalanine", l'aspartame entre dans la composition de nombreux produits de consommation courante : sucrettes, boissons light, chewing-gums, yaourts aromatisés, chocolat light... mais aussi dans de nombreux médicaments "sans sucres" destinés entre autres aux enfants. Les effets secondaires qu'on lui impute ne datent pas d'hier. Au total, plus de 90 symptômes répertoriés (crampes, maux de tête, nausées, troubles de la mémoire...) avaient été rendus publics par la Food and Drug Administration (FDA) en 1995. Parmi toutes les études qui ont cherché à prouver ou invalider son innocuité, une étude italienne de 2006 avait mis en évidence le développement de tumeurs chez le rat, dès la dose de 20 mg / kg d'aspartame par jour. Une étude danoise menée sur des femmes enceintes et publiée fin 2010 avait conclu que la consommation d'au moins une boisson gazeuse édulcorée par jour augmentait le risque d'accouchement prématuré de 29 %. L'Efsa et l'Anses qui avaient dans un premier temps considéré que ces deux études n'étaient pas suffisamment probantes, étaient finalement revenus sur leur position en annonçant la mise en place d'un groupe de travail "chargé d'évaluer les bénéfices et les risques nutritionnels des édulcorants intenses et la nécessité éventuelle d'élaborer des recommandations pour les populations sensibles, parmi lesquelles les femmes enceintes".
Sources : communiqué de presse Réseau environnement santé, 10 décembre 2013.
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