L’Europe de demain sera-t-elle obèse ?
D’après l’OMS, le nombre d'obèses dans les pays européens risque d'augmenter fortement d’ici 2030. Des prospectives inquiétantes si aucune mesure n’est prise rapidement.
"L'Europe va être confrontée à une crise immense", a mis en garde l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ce mercredi 6 mai 2015 au cours d’un congrès sur l’obésité se tenant à Prague. La crise en question : une épidémie d’obésité en Europe d’ici 2030.
Pour affirmer cela, l’OMS s’appuie sur une étude réalisée pour le compte de son bureau régional européen situé à Copenhague. Certains résultats se montrent alarmants : ainsi, en Irlande, 89 % des hommes devraient être en surpoids - dont 48 % d’obèses – d’ici 2030. Même prévision pour les femmes : 87 % d’entre elles devraient être en surpoids, dont 57 % d’obèses.
Différents pays, inquiétudes comparables. En Grande-Bretagne, aussi, l'obésité risque de progresser : 33% des femmes et 36% des hommes pourraient ainsi être obèses d'ici 2030, alors qu'ils étaient 26% en 2010. La Grèce, quant à elle, devrait voir sa population d’obèses doubler et passer ainsi de 20 % à 40 % d’obèses entre 2010 et 2030. Les projections de cette étude vont dans ce même sens pour une majorité des 53 pays étudiés, qui devraient donc voir leur population d’adultes obèses augmenter dans les 15 prochaines années. Quelques exceptions se distinguent cependant : c’est le cas notamment des Pays-Bas, où la proportion d’hommes obèses devrait diminuer de 10% (en 2010) à 8% en 2030.
Et la France, dans tout ça ? Notre pays suivrait la tendance générale : en 2010, 43 % des femmes françaises étaient en surpoids et 16 % d'entre elles étaient obèses. Elles seraient respectivement 58 % et 29 % en 2030. Même prévision pour les hommes qui passeraient de 54 % en surpoids et 14 % d'obèses à respectivement 66 et 25 %.
Agir rapidement pour inverser la tendance. Néanmoins, le docteur Joao Barda, directeur du programme Nutrition, Obésité et Activité Physique au bureau régional européen de l’OMS, avertit que ces résultats doivent être interprétés "avec une très grande prudence". Il ajoute en effet dans un note explicative publiée sur le site de l’OMS que "ces projections présentent une vision peu réjouissante pour le futur en terme d'obésité dans de nombreux pays d’Europe si aucune action n’est lancée". Il précise ainsi que "des mesures prises aujourd’hui peuvent empêcher ces prédictions de devenir réalité". En effet, la prévention et l’éducation nutritionnelle, notamment auprès des jeunes enfants, semblent être des pistes prometteuses : "dans certains pays européens, la tendance s’aplatit déjà grâce aux mesures préventives notamment dans le domaine de l’obésité infantile", remarque le docteur Barda.
Surpoids et obésité. Une distinction doit être faite entre surpoids et obésité. Pour cela, l’Indice de Masse Corporel (IMC) constitue un bon indicateur. Le calcul est simple : votre poids (en kilogrammes) divisé par votre taille (en mètres) au carré. Un IMC compris entre 25 et 30 correspond à un surpoids, tandis que l’obésité sera déclarée pour un IMC supérieur à 30.
En France, près de 7 millions de personnes seraient actuellement obèses. Un réel problème de santé publique puisque l’obésité augmente les risques de diabète et d'accidents cardio-vasculaires. En outre, selon un récent rapport de l'OMS, l'excès de poids est devenu un risque majeur de cancer.
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