Érysipèle : les causes à écarter
L'érysipèle est une inflammation de la peau causée par une bactérie, le plus souvent un streptocoque. D'autres causes doivent être recherchées ; d'autres encore sont à écarter.
L'érysipèle est une maladie de peau. Elle existe sous deux formes, une forme classique au niveau du visage et une forme au niveau d'un membre inférieur. L'érysipèle de la face se traduit par une rougeur en forme de cercle, associée à une fièvre de survenue brutale. L'érysipèle du membre inférieur est ce que l'on appelle le syndrome de la grosse jambe, qui est rouge, chaude et qui présente un œdème. C'est une urgence médicale et nécessite de se rendre aux urgences hospitalières.
Un infection à streptocoque
L'érysipèle est une infection bactérienne de la peau, le plus souvent causée par un streptocoque. Cette maladie n'est pas superficielle, puisqu'elle touche la seconde couche de peau qui est le derme. "C'est une infection profonde, dont l'incidence est en baisse en France. explique le Docteur Roland Viraben, dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues et des vénérologues (SNDV). L'érysipèle est davantage lié à une hypersensibilité à la bactérie qu'à la bactérie elle-même. Par ailleurs, les infections à streptocoques, en général, sont beaucoup moins fréquentes qu'avant, notamment grâce aux antibiothérapies et, entre autres, aux meilleurs traitements dentaires et ORL."
Une insuffisance veineuse
L'insuffisance veineuse est un facteur de risque dans la survenue de l'érysipèle. "La principale cause de l'érysipèle est le mauvais retour veineux, qui est bien souvent héréditaire. Cette mauvaise circulation veineuse sensibilise le patient aux infections, surtout quand son réseau veineux est très altéré. Cet état favorise l'apparition de stase veineuse ; le sang stagne dans la veine, créant ainsi un œdème local de la jambe.
Une mycose des pieds
"Le deuxième élément favorisant est la présence d'une porte d'entrée cutanée." En effet, la bactérie pénètre dans la peau via une plaie, une brèche ou une micro-fissure cutanée. "Souvent, la bactérie entre dans la peau via de petites fissures entre les orteils, qui sont dues à des champignons. La mycose du pied est, la plupart du temps, causée par une mauvaise hygiène des pieds ou à un excès d'humidité et de chaleur."
Une plaie sur la peau
Pour qu'un érysipèle apparaisse, il faut une porte d'entrée cutanée. C'est l'un des modes d'action d'une bactérie : une plaie minime, une perlèche, un ulcère… La bactérie en profite pour passer la barrière cutanée altérée, qui perd de son rôle protecteur. D'ailleurs, la recherche de cette porte d'entrée bactérienne doit systématiquement être recherchée dans le cadre de la prise en charge d'un érysipèle. Si elle n'est pas retrouvée et traitée par antibiotiques, le risque de récidives et de complications est accru.
Un cancer ?
Non, l'érysipèle n'est pas une conséquence du cancer. "Nous ne cherchons jamais un cancer devant un érysipèle. Nous recherchons en revanche l'éventuelle présence d'un trouble de la circulation veineuse ainsi que des fissures entre les orteils. Derrière un érysipèle au niveau du membre inférieur, nous devons absolument savoir si le patient souffre d'une phlébite", rapporte notre interlocuteur. Toutefois, d'autres facteurs généraux peuvent influencer l'apparition de l'érysipèle, comme le diabète, l'obésité, l'alcoolisme, le tabagisme, un déficit immunitaire ou encore l'antibiothérapie multiple.
Un eczéma ou un psoriasis ?
L'eczéma et le psoriasis ne sont pas les causes réelles d'un érysipèle. Mais en pratique, ces dermatites chroniques peuvent occasionner des brèches cutanées. C'est par ces brèches que la bactérie parvient à pénétrer jusqu'au derme. "L'une des seules maladies de peau pouvant éventuellement favoriser l'érysipèle est l'eczéma variqueux, mais ce sont des cas isolés et atypiques", indique le Dr Viraben. Et comme cité précédemment, la mycose des pieds est susceptible d'entraîner des micro-fissures, qui sont finalement la porte d'entrée de la bactérie.
Le traitement de l'érysipèle consiste à administrer des antibiotiques, sous perfusion en cas de fièvre. Ensuite, un traitement antibiotique sous forme de comprimés, à prendre par voie orale, est prescrit pour une durée de 3 semaines. Une contention veineuse de la jambe est proposée quand cela est possible afin d'éviter l'insuffisance veineuse périphérique. Les anti-inflammatoires sont à éviter, car ils favorisent l'infection. Des anticoagulants peuvent aussi faire partie du traitement, uniquement dans des cas précis. "Ceux-ci ne sont prescrits que s'il existe une phlébite associée. L'échographie Doppler pléthysmographie permet le diagnostic de cette complication éventuelle", conclut le dermatologue.
Merci au Docteur Roland Viraben, dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues et des vénérologues (SNDV).