Saviez-vous que votre famille pouvait mettre en péril votre foie ?
Des chercheurs suédois ont mis en évidence un risque familial évident dans la survenue des maladies du foie, comme la cirrhose ou le cancer du foie.
Les maladies du foie héréditaires ? La question se pose au vue des résultats d'une étude de l'Institut Karolinska de Suède publiée le 8 septembre 2023 dans The Journal of Hepatology. D'après les auteurs, il existe un risque familial évident dans la survenue des maladies du foie. Les chercheurs se sont basés sur une cohorte regroupant les données des biopsies du foie réalisées en Suède entre 1965 et 2023. Ils ont identifié près de 12 000 personnes atteintes de MAFLD (stéatose hépatique d'origine métabolique) et ont analysé leurs parents au premier degré (parents, frères, sœurs et enfants) ainsi que leurs partenaires de vie. Ils les ont suivis pendant 18 ans en moyenne (jusqu'à 50 ans pour certaines personnes) et ont remarqué, au terme de leur suivi, que les parents au premier degré des patients malades du foie étaient 80% plus à risque de développer un cancer du foie et de mourir de maladies hépatiques. Une nuance quand même : le cancer du foie étant une maladie relativement peu fréquente, le risque concret pour ces personnes d'avoir ce cancer au cours des 20 prochaines années serait de 0.11% selon les chercheurs. "En d'autres termes, un parent au premier degré sur 900 patients atteints de MAFLD développera un cancer du foie sur une période de 20 ans" explique l'auteur principal de l'étude Jonas F. Ludvigsson, professeur au Département d'épidémiologie médicale et de biostatistique du Karolinska Institute.
Les partenaires doivent aussi surveiller leur foie
Le risque absolu de cancer du foie est donc très faible, mais reste pertinent à mettre en évidence dans la population générale. Les chercheurs ont également découvert que les partenaires des patients atteints de MAFLD étaient plus susceptibles de développer une maladie hépatique grave (telle que la cirrhose) et de mourir de maladies hépatiques. Dans ce contexte, des recommandations sur les changements de mode de vie ainsi qu'un dépistage précoce des maladies du foie devraient être davantage proposés aux proches et aux partenaires d'un patient malade du foie, selon les scientifiques. La MAFLD (aussi connue sous le nom de stéatose hépatique non alcoolique ou NAFLD) est l'acronyme de "Metabolic Associated Fatty Liver Disease" qui désigne en français une stéatose hépatique associée à un trouble métabolique comme le surpoids, l'obésité, le diabète ou le syndrome métabolique (tour de taille élevée, hypertension artérielle, mauvais cholestérol...).
Elle se caractérise par une accumulation de graisse dans les cellules du foie. Maladie largement sous-diagnostiquée (seulement 1/4 des personnes seraient diagnostiquées), elle représente un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, de cirrhose et donc de cancer du foie. Aujourd'hui, il n'existe pas de traitements médicamenteux reconnus, bien que différentes études soient en cours sur l'élaboration de potentiels médicaments. Seule la modification de l'hygiène de vie avec une perte de poids et une augmentation de l'activité physique permet d'améliorer la maladie, voire dans les stades précoces, d'en guérir. En France, aucune donnée épidémiologique globale n'est disponible, en dehors d'études de modélisation qui estiment à 18% le nombre d'adultes atteints d'une MAFLD en France, indique l'INSERM. La MAFLD ne doit pas être confondue avec la NASH, qui est aussi une stéatose hépatique non alcoolique, mais qui, elle, s'accompagne d'une inflammation des cellules du foie.