Emilie Brunette : Une déchirure musculaire qui était en fait un cancer du sein

Emilie Daudin (EmilieBrunette sur Instagram) est diagnostiquée d'un cancer du sein triple négatif à 33 ans, alors qu'elle était jeune maman. La créatrice de contenus revient sur son parcours, du diagnostic à la rémission et encourage au dépistage précoce.

Emilie Brunette : Une déchirure musculaire qui était en fait un cancer du sein
© Emilie The Brunette

A seulement 33 ans, Emilie Daudin, entrepreneure, podcasteuse et créatrice de contenus (@Emiliebrunette sur Instagram), reçoit un diagnostic d'un cancer du sein triple négatif, la forme la plus agressive du cancer du sein. La vie de la jeune maman bascule. Toutefois, elle garde espoir et reste positive pendant toute la durée de son traitement. Une force de caractère qui la mène en rémission et qui l'amène aujourd'hui à sensibiliser le plus de femmes à cette maladie. Très engagée sur le sujet, Emilie a tenu à se confier au Journal des Femmes, à l'occasion de la campagne de prévention de Gilead contre le Cancer du Sein Triple Négatif (CSTN), dont elle est l'ambassadrice. Retour sur l'histoire d'Emilie. 

"La boule fait mal comme des décharges électriques dans le sein".

En septembre 2019, Emilie donne naissance à une petite fille, son deuxième enfant. Trois mois plus tard, elle commence à avoir des douleurs suite à sa montée de lait. "Les douleurs persistent et je sens, lors d'un exercice physique plutôt doux, une boule dans le sein, que j'identifie tout de suite comme quelque chose de rond", se souvient-elle. Pour lever le doute et se rassurer, Emilie consulte une sage-femme, puis une autre. A priori, rien de grave puisqu'on ne cesse de lui répéter, "un cancer du sein ne fait pas mal ("avec le recul, je sais que c'est faux, un cancer du sein peut faire mal"). C'est probablement une déchirure musculaire et ça passera tout seul".

Campagne Gilead contre le Cancer du sein triple négatif © Gilead
Campagne Gilead contre le Cancer du sein triple négatif © Gilead

Elle insiste toutefois pour avoir une ordonnance afin de réaliser une échographie... qu'elle perd "bêtement" dans un déménagement. Les mois passent et "la boule" continue de lui faire mal, "comme des décharges électriques". Mais prise dans un quotidien de jeune maman, "on n'ose plus prendre le temps de s'arrêter et de penser à soi". Pour autant, elle finit par passer une échographie mammaire le 1er octobre 2020. "J'y vais avec insouciance, pensant à rien de grave. A la vue des résultats, l'échographe m'indique qu'il faut que je fasse une mammographie. Dans ma tête, je me dis que j'ai oublié de la prévenir que j'avais une déchirure musculaire, ce à quoi elle me répond que les douleurs ne sont pas du tout dues à une déchirure musculaire. Je commence à me dire "Olala, mais c'est quoi ce délire !".

"Au bout d'une semaine, le diagnostic tombe et j'apprends que j'ai 6 tumeurs dans le sein"

Classée ACR5, la mammographie n'est pas bonne. Cela correspond à une mammographie ayant une anomalie évocatrice de cancer du sein, et pour laquelle la poursuite des investigations reste indispensable. Emilie doit dormir à Paris (elle habite à Rouen) pour faire une biopsie en urgence, puis une IRM mammaire. "Au bout d'une semaine, le diagnostic tombe et j'apprends que j'ai un cancer, 6 tumeurs dans le sein. C'est un tsunami de détresse et de peur. Je perds toute mon innocence et je me dis que mes enfants vont grandir orphelins (ma fille fêtait son premier anniversaire la veille de l'échographie) et ils n'auront aucun souvenir de leur maman". Emilie est sous le choc, d'autant qu'elle ne présente aucun facteur de risques (aucun antécédent familial de cancer du sein, test des gènes BRCA1 et BRCA2 négatif, bonne hygiène de vie, sportive, non fumeuse...). Elle passe ensuite un PET-Scan pour définir le grade du cancer. "Heureusement, mon cancer est de stade II, c'est-à-dire que les tumeurs se sont multipliées dans le sein, mais elles ne se sont pas propagées aux ganglions, ni dans d'autres organes. J'ai vraiment beaucoup de chance."

Photo EmilieBrunette
Photo EmilieBrunette © EmilieBrunette

Vient le moment de la chimiothérapie, mis en place un mois après le diagnostic. Au total, la jeune femme participe à 16 séances de chimiothérapie entre le 3 novembre 2020 au 16 mars 2021. "Au début, j'ai très peur, je pense que ça va me prendre toute mon énergie et que je ne pourrais plus rien faire d'autre. Les premières séances sont terribles et me rendent malade. Finalement, ça se passe plutôt bien et j'ai beaucoup de chance, car on est en hiver et en plein deuxième confinement, donc rester à la maison est la norme pour tout le monde. Plus personne n'a de vie sociale donc je ne suis pas plus frustrée que les autres". La vie de jeune maman reste cependant très chamboulée. "On est très fatiguée, surtout au début. Les 2 jours qui suivent la chimio, je suis alitée, mais ensuite je m'aperçois que je peux m'occuper de mes enfants. Je cuisine, je joue avec eux, je vais les chercher à l'école et à la crèche, je suis présente. Et puis j'ai de la chance car leur papa est là, pour moi, pour eux". Emilie a une mastectomie (ablation des seins), mais pas de curage axillaire (une étape qui consiste à retirer un ensemble de ganglions lymphatiques de l'aisselle lors de la chirurgie des cancers du sein). Tout ce qui est retiré lors de l'intervention chirurgicale (tumeur et/ou ganglions) est ensuite transmis au laboratoire ou au service d'anatomopathologie pour être analysé et voir s'il reste des cellules cancéreuses. "Chez moi malheureusement, il en reste 20%, mais c'est pas alarmant". Emilie a une chimiothérapie orale ainsi qu'une radiothérapie. La date de sa reconstruction mammaire est prévue pour fin octobre. Elle est actuellement en rémission. "Je me sens vraiment chanceuse et reconnaissante dans ce parcours", insiste-elle, bien consciente que son naturel optimiste "l'a considérablement aidée dans cette épreuve". 

Depuis, Emilie reste engagée et active dans la sensibilisation du cancer du sein. Elle est notamment ambassadrice de la campagne de prévention de Gilead (une entreprise biopharmaceutique) contre le Cancer du Sein Triple Négatif, lancée à l'occasion d'Octobre Rose 2022. "L'idée est de sensibiliser les médecins et les femmes à cette pathologie et à l'importance d'adopter les bons réflexes et les bons gestes pour identifier une anomalie ou un changement au niveau des seins. Il faut encourager les femmes à consulter un médecin qui pourra vérifier s'il s'agit d'une anomalie bénigne ou si c'est plus grave. Il ne faut rien lâcher avant d'avoir un résultat concret car il n'y a qu'elles qui connaissent aussi bien leur corps. Quelque chose de différent, d'inhabituel ne doit pas être négligé ! Comme dit la campagne, c'est peut-être 3 fois rien mais... encore faut-il en être sûr à 100%". Elle souhaite adresser un message aux femmes confrontées à la maladie : "Il faut s'accrocher à la date de fin, au fait que la science avance, qu'il y a pleins de nouveaux traitements qui arrivent, aux choses positives de la vie... Et se dire que ce n'est pas incompatible de mener une vie de famille avec un cancer. Cancer ne veut pas dire "fin". Alors oui, c'est la fin de ce qu'on connaissait avant. Mais la vie ne s'arrête pas, bien au contraire". 

Le cancer du sein triple négatif représente 15% de tous les cancers du sein diagnostiqués, soit près de 9 000 chaque année en France. Cette forme, l'une des plus agressives du cancer du sein, touche des femmes plus jeunes en moyenne (moins de 40 ans) et progresse rapidement. 60 % des femmes atteintes de ce cancer et diagnostiquées précocement peuvent en guérir. Parmi les symptômes les plus fréquents : une masse qui ne rétrécit et ne disparaît pas, un changement de taille ou de forme du sein, des douleurs aiguës au sein, un mamelon inversé...

Merci à Emilie Daudin pour son témoignage. Propos recueillis le 4 octobre 2022.